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Pollution plastique : il est urgent de moins produire

Si la recherche progresse dans la lutte contre la pollution plastique, il faudrait avant tout réduire la production de ce matériau omniprésent dans notre quotidien. Tel est le message lancé de concert, le 23 mai dernier, par les experts présents à la troisième conférence organisée par le Cercle des Entreprises Engagées (CDDE).

À quelques jours de la deuxième session de négociation du traité mondial contre la pollution plastique programmée en ce début de mois de juin à l’instigation des Nations Unies, le CDDE a invité des experts scientifiques, politiques industriels et associatifs à apporter leurs éclairages sur les solutions à l’étude pour tenter de résoudre cette question écologique cruciale.

Réduire la production de plastique

Dans le cadre d’un débat animé par François-Michel Lambert, ancien député et fondateur de l’Institut national de l’économie circulaire (Inec), Philippe Bolo, député du Maine-et-Loire et co-auteur du rapport OPESCT « Pollution plastique : une bombe à retardement ? », Emmanuelle Gastaldi, maître de conférences à l’université de Montpellier (Hérault) et membre de la chaire CoPack, Philippe Reutenauer, ingénieur en chimie des plastiques, et Henri Bourgeois-Costa, porte-parole du plaidoyer plastique de la Fondation Tara océan, se sont tour à tour exprimés pour aboutir au même constat : si la science connaît bel et bien des avancées dans la recherche et l’élaboration de solutions pour recycler le plastique, il est urgent de réduire sa production. Selon les chiffres de l’OCDE de juin 2022, si celle-ci se poursuit au même rythme, le volume de déchets plastiques produits dans le monde triplera en effet d’ici 2060, tandis que moins d’un cinquième sera recyclé.

Un plastique omniprésent

Si l’on associe couramment pollution plastique et emballages, en réalité, le plastique est partout. « Essayez donc de faire le compte des objets en plastique que vous avez utilisés tout au long de votre journée », a interpelé Philippe Reutenauer. L’ingénieur est l’un des concepteurs de la « Fresque du plastique », un outil de sensibilisation aux enjeux liés à la production de plastique afin que chacun soit incité à agir à son niveau.

Le plastique est également présent dans les eaux usées que les usines de traitement (STEP) peinent à stopper : « Leurs filtres ne suffisent pas à éliminer les particules de microplastique », a souligné la chercheuse Emmanuelle Gastaldi. Ces microparticules proviennent entre autres du lavage de fibres de textiles synthétiques et d’ustensiles en plastique, mais aussi de microbilles contenues dans des produits cosmétiques tels que les exfoliants… Faute d’être retenues par les stations d’épuration, elles sont rejetées dans les milieux aquatiques et rejoignent finalement les océans. « La Méditerranée est la mer la plus touchée au monde par la pollution plastique, a d’ailleurs rappelé, Henri Bourgeois-Costa, représentant de la Fondation Tara océan.

Des solutions à l’étude

La recherche avance dans le traitement des déchets plastiques, notamment par le biais du recyclage et du compostage. Emmanuelle Gastaldi a ainsi évoqué Le PLA, abréviation du terme anglais « Polylactic Acid », traduit en français par « Acide Polylactique ». Ce bioplastique présente l’intérêt d’être biosourcé et biodégradable. De fait, il est conçu à partir de ressources renouvelables telles que le maïs ou la canne à sucre. Mais il ne suffit pas qu’un objet ou un emballage soit biodégradable, encore faut-il que le milieu récepteur se prête à ce processus : alors qu’une épluchure de fruit se dégrade rapidement dans l’humus d’une forêt, tel ne serait pas le cas dans le désert, par exemple.

S’il est indéniable que la recherche avance, la mise en place de solutions d’élimination et de recyclage nécessite toutefois du temps et des moyens, avec au bout du compte un effet qui demeure marginal. D’où la nécessité impérieuse de s’attacher à réduire la production de plastique. « La pollution plastique induit au fond un choix de société, axé vers une plus grande sobriété », a commenté Philippe Reutenauer.

Reste à mettre d’accord l’ensemble des Etats de la planète, objectif ambitieux poursuivi par les Nations Unies via le traité mondial contre la pollution plastique actuellement négocié.

Par Elisabeth Torres.

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