Qu’il touche un salarié personnellement, à travers la perte d’un membre de sa famille, ou l’intégralité de l’entreprise lorsqu’un collaborateur décède, le deuil ne s’arrête pas aux portes de l’entreprise. Et cette dernière peut même avoir un vrai rôle à jouer. À la suite de l’étude du Crédoc commandée par la Chambre syndicale nationale des arts funéraires sur le deuil en entreprise et présentée lors des assises du funéraire, nous avons posé trois questions à Nathalie Vallet-Renart, présidente du cabinet de ressources humaines Aldhafera, cofondatrice et directrice d’ “Entreprise et Cancer”.
Le deuil en entreprise a-t-il un impact économique ?
Forcément ! Cela a un impact organisationnel et relationnel. L’annonce du deuil crée une émotion telle qu’elle va empêcher de se concentrer sur son travail. Ce dernier est donc perturbé. Deux types de deuil sont à distinguer en entreprise. Le premier touche toute l’organisation, il s’agit du décès d’un salarié, tout le monde est concerné. Cela entraîne un arrêt du travail des équipes plus ou moins long selon la violence du décès, sa soudaineté, la jeunesse du défunt… Dans le deuxième cas, on peut avoir un salarié qui perd un membre de sa famille. Lorsqu’il revient après quelques jours, il est souvent un peu décalé, surtout s’il s’agit d’un deuil marquant. De ce fait, il peut y avoir une moindre productivité ou à l’inverse, le travail peut s’avérer un refuge pour essayer d’oublier.
L’entreprise a-t-elle un rôle à jouer lorsqu’un de ses collaborateurs est frappé par le deuil ?
Oui car une entreprise est comme une société, c’est un lieu où l’on vit ensemble. Il faut donc accepter les éléments de la vie. Autrefois, on disait qu’une fois franchie la porte de l’entreprise, il fallait laisser tous ses soucis à la porte. C’est moins le cas aujourd’hui, il y a davantage de regard sur l’autre en tant qu’être humain. L’entreprise est souvent désarmée dans ce genre de situation mais elle a tout intérêt à la prendre en considération.
Les entreprises doivent-elles être davantage flexibles face au deuil ? Aujourd’hui on a le même temps de congé exceptionnel pour le décès d’un parent que pour celui d’un enfant qui paraît plus choquant par exemple.
L’entreprise peut imaginer des accords sur le sujet mais se pose ensuite la question de savoir quel est le temps approprié, et de la hiérarchie du deuil. La perte d’un enfant est très certainement épouvantable toute une vie. Il vaut mieux penser quelque chose autour de la flexibilité, y réfléchir plutôt que d’imaginer que la solution soit d’accorder davantage de jours. S’il y a une concertation collective, cela devient intéressant. Ainsi, chaque entreprise pourrait s’adapter en fonction de sa taille, de sa culture… Et ce serait plus pertinent.