L’enquête annuelle « Pratiques de recrutement des cadres » vient de paraître. L’Apec y pointe un niveau d’embauches et des difficultés records avec, respectivement, 308 300 nouvelles recrues recensées en 2022 et 64 % des employeurs ayant eu du mal à recruter. Ce qui oblige les entreprises à s’adapter.
Nouvel épisode de la guerre des talents et de la bataille du recrutement : dans un contexte de marché de l’emploi très dynamique, l’avantage est toujours pour les candidats, comme le montre la nouvelle étude que l’Apec vient de publier et intitulée « Pratiques de recrutement des cadres 2023 ». L’Association pour l’emploi des cadres recense, en 2022, 308 300 nouvelles recrues, un niveau inédit. Le record est aussi battu concernant les difficultés rencontrées : 64 % des employeurs ont eu du mal à mener à bien le processus d’embauche, soit une hausse de 14 points par rapport à 2021 !
En toute logique, le délai moyen de recrutement s’est allongé de onze semaines en 2021 à douze l’an dernier. Un phénomène qui concerne en particulier les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes, notamment dans la construction et l’ingénierie R&D. Parmi les principales raisons, figure, tout d’abord, le manque de candidat, évoqué par les trois quarts des plus de mille sociétés privées de plus de dix salariés interrogées début 2023. Ensuite le décalage entre les candidatures reçues et les besoins des entreprises, pointé par 62 % du panel. Mais aussi, pour 58 %, la concurrence entre employeurs sur les mêmes profils.
Une hausse des salaires à l’embauche
Dès lors, quelles sont les solutions déployées pour surmonter les difficultés ? Pour 91 % des recruteurs, il a fallu assouplir les critères de sélection, à commencer par le salaire à l’embauche : 62 % des entreprises ont dû augmenter la rémunération qu’elles voulaient consentir au départ, soit une hausse de 7 points par rapport à 2021. Un levier qui est plus souvent activé par les grands groupes, car ils disposent de plus de moyens et donc de marge de manœuvre.
Des profils plus juniors recrutés
Autre possibilité, utilisée par 81 % de l’échantillon interrogé, contre les trois quarts en 2021 : consentir des ajustements portant sur le profil du candidat finalement retenu, privilégiant, dans la moitié des cas, des cadres ayant moins de compétences techniques ou moins d’expérience.
Par contre, accorder plus de jours de télétravail que prévu est moins souvent accepté (dans 30 % des cas). De même que raccourcir voire de supprimer la période d’essai (seulement 18 %).
Des processus de recrutement plus souples
Pour améliorer le sourcing des candidats, les recruteurs font preuve de plus de souplesse dans le process lui-même : la lettre de motivation n’est plus demandée que dans 56 % des cas, soit 11 points de moins qu’en 2021. Les visioconférences sont de plus en plus fréquentes (46 % des cas en 2022), mais cela concerne davantage les grands groupes que les PME. En outre, les réseaux sociaux sont plus sollicités pour diffuser les offres d’emploi, dans plus de deux tiers des cas.
Quant au recours à un intermédiaire de recrutement comme les cabinets de recrutement et les agences d’emploi, il progresse, passant de 42 % des cas en 2019 à 48 % l’an dernier. Mais ce ne sont pas les seuls moyens et le baromètre de l’Apec montre que plus d’un tiers des recruteurs adopte une stratégie plurielle, avec cinq canaux mobilisés pour mener à bien les embauches.