Management

Quels types de management se cachent derrière les personnalités politiques ?

Dans un contexte politique particulièrement agité depuis le 9 juin dernier, les personnalités des hommes et des femmes politiques se révèlent avec davantage d'acuité. Mais que disent-elles de leur manière de diriger ? Décryptage d'Arnaud Mercier, Professeur en communication politique à l'Université Paris-Panthéon-Assas, de 5 grands modes de gouvernance.

Le leadership politique, comme le management en entreprise, consiste à diriger des équipes, à les fédérer autour d’un projet, et à prendre des décisions dans la perspective d’atteindre un objectif commun. « Dans le contexte actuel, l’incarnation du leadership se complexifie, car les désaccords sont nombreux, les tensions vives, la volatilité forte, et certains comportements, considérés comme toxiques, ne sont plus acceptés par une majorité d’individus. En politique, le rejet de la figure d’autorité s’exprime dans les urnes ; en entreprise, ce rejet se caractérise par les départs de collaborateurs d’une entreprise« , explique Arnaud Mercier, enseignant-chercheur en communication politique à l’Université Paris-Panthéon-Assas. Certains modes de gouvernance suscitent davantage l’adhésion des équipes que d’autres. En voici 5 majeurs.

1. Collaboratif

D’abord, le management collaboratif, aussi appelé « horizontal », favorise l’autonomie et la responsabilité de chacun sans qu’aucune figure d’autorité en particulier ne soit désignée. Autrement dit, il y a peu – voire pas du tout – de hiérarchisation entre les individus. Le pouvoir est partagé, et tourne entre plusieurs personnes en fonction des situations, des périodes, et des enjeux. « Olivier Faure, Marine Tondelier et Manuel Bompard sont un bon exemple de ce type de gouvernance », illustre Arnaud Mercier. Le premier secrétaire du Parti socialiste, la secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, et le coordinateur de la France insoumise « ont tous les trois rejoint le Front Populaire (coalition politique de gauche ndlr), mais appartiennent à des partis politiques différents. Ils ont donc décidé qu’ils devaient tous être représentés dans l’espace politico-médiatique, sans que l’un prédomine sur l’autre« . Cela entraîne de la cohésion au sein d’un groupe, mais les processus de décisions sont plus lents, voire peuvent conduire à une impasse.

2. Bienveillant

Le management bienveillant consiste également à prendre en considération l’avis d’une pluralité d’individus, mais une figure d’autorité, reconnue comme telle, est supposée trancher. L’objectif étant de prendre une décision éclairée et consensuelle afin de fidéliser les équipes. Cette recherche de compromis, incarnée par François Hollande ou Raphaël Glucksmann, selon le spécialiste en communication politique, est source de créativité et de motivation. Mais, « ce qui fait leur popularité d’un côté, les dessert de l’autre. Les reproches, par exemple, qui ont été formulés » à l’encontre de l’ancien président de la République, et du député européen de Place Publique, sont notamment « une difficulté à prendre des décisions, de la procrastination, et donc un manque d’efficacité« , explique-t-il.

3. Directif

A l’inverse, le management directif, très « vertical », a pour objectif d’atteindre des résultats rapides. Pour ce faire, la figure d’autorité est survalorisée. Elle contrôle, décide et donne les directives à suivre, sans prendre en compte l’opinion des principaux intéressés. En conséquence, ces décisions solitaires, parfois brutales, se font aux dépens du reste de l’équipe. « C’est, par exemple, le cas d’Emmanuel Macron lorsqu’il a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale sans consulter son Premier ministre, ou lorsque le président des Républicains, Éric Ciotti, a décidé au nom de son parti de s’allier au Rassemblement national. Son camp l’a vécu comme une trahison« , précise le spécialiste en communication politique. Ce mode de gouvernance peut engendrer de mauvaises décisions, du ressentiment et une perte d’estime de soi.

4. Persuasif

Certaines figures d’autorité, ajoute le professeur de l’Université Paris-Panthéon-Assas, tentent de trouver le juste équilibre entre un mode de gouvernance bienveillant et directif. Cela s’apparente à du management persuasif. L’idée étant de rester ouvert au dialogue, tout en essayant de convaincre les individus quant à la bonne décision à prendre. Cela nécessite d’adopter une approche personnalisée. « Gabriel Attal, par exemple, essaie d’avoir les atouts d’Emmanuel Macron sans ses défauts. Il se montre à l’écoute des uns et des autres, mais sait se montrer plus autoritaire quand il faut prendre des décisions. Sandrine Rousseau sait également écouter, tout en instaurant des rapports de force et décider.« 

5. Inexistant

Enfin, la dernière forme de management serait l’absence de management, d’après Arnaud Mercier. « Il existe des situations où il y a une négation du management. C’est une forme de management archaïque, où il y a un chef, un dogme, et où la dissidence n’est pas acceptée, voire sévèrement condamnée. C’est parfois le cas de Jean-Luc Mélenchon ou de Mathilde Panot« , notamment lorsque le chef de file de La France insoumise « a écarté de manière arbitraire certains membres de son camp politique, comme Alexis Corbière et Raquel Garrido. » Cela entraîne désorganisation et profond mal-être chez les individus.

A noter que la popularité a posteriori d’une personnalité politique ne coïncide pas systématiquement avec des décisions prises à un moment précis de l’Histoire, ni avec une quelconque longévité au plus haut sommet de l’État, selon lui. « Léon Blum ou Michel Rocard ne sont restés que peu de temps au pouvoir« , rappelle le Professeur en communication politique. Pourtant, « de nombreuses personnalités politiques actuelles continuent de s’en inspirer, et de nombreux Français s’en souviennent positivement. »

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