Le 20 mai dernier, le secrétaire général du gouvernement Alexis Kohler annonçait le nouveau gouvernement après la nomination d’Elisabeth Borne au poste de Première Ministre. Olivier Dussopt a donc été choisi pour la remplacer à la tête du ministère du Travail. Retour sur le profil d’un des fidèles d’Emmanuel Macron.
« Le travail, c’est la clé de la dignité », voici ce que l’on pouvait entendre de la bouche de la nouvelle Première Ministre et ancienne ministre du Travail Elisabeth Borne lors de sa passation de pouvoir avec Olivier Dussopt. Âgé de 43 ans, le nouveau ministre du Travail a pris ses fonctions officiellement ce lundi 23 Mai 2022 après avoir lui-même concédé à Gabriel Attal son poste de ministre délégué aux Comptes publics. Olivier Dussopt occupait en effet cette fonction depuis 2 ans après avoir succédé à Gérald Darmanin à Bercy en 2020.
Parcours et carrière politique
Originaire d’Annonay en Ardèche, dont il sera le maire pendant près de 10 ans, Olivier Dussopt a commencé sa carrière politique dans les rangs du Parti Socialiste. Élu député dans la 2e circonscription de l’Ardèche en 2007, il assure deux mandats à l’Assemblée Nationale et ira même jusqu’à devenir vice-président du parti à l’Assemblée Nationale et porte-parole de Martine Aubry pour sa candidature à la présidentielle. Il entre finalement en 2017 au gouvernement d’Édouard Philippe comme Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, puis comme ministre délégué chargé des Comptes publics en 2020 sous le gouvernement Castex. Il convient également de rajouter qu’il est à l’origine, avec Jean-Yves Le Drian et d’autres représentants de la gauche modérée, du parti Territoires de progrès, fondé en janvier 2020 et qualifié comme étant l’aile gauche de LREM. Olivier Dussopt en sera élu président le 9 octobre 2021.
Précision importante, Olivier Dussopt se représente pour un 3e mandat aux législatives de juin. Au même titre que 12 autres ministres du nouveau gouvernement, il sera contraint à la démission s’il n’est pas réélu. Ce qui n’est pas si évident, au passage, lorsque l’on sait que ce sera sa première candidature sous la bannière du parti présidentiel.
Sur une note moins drôle, Olivier Dussopt est la cible d’une enquête ouverte par le Parquet National Financier pour « prise illégale d’intérêt » et « corruption » en 2020. Il avait été perquisitionné la même année. Alors député-maire, Olivier Dussopt avait, selon des révélations de Mediapart, reçu en cadeau deux lithographies par un opérateur d’eau potable sur le point de signer un contrat avec la commune d’Annonay (Ardèche). L’intéressé s’est exprimé à ce sujet, préférant « restituer les lithographies (…) bien qu’il n’y ait rien de répréhensible », selon lui. La procédure n’a à ce jour pas avancé, l’affaire est donc à surveiller de près.
La lourde tâche de la réforme des retraites
À propos de son avenir au sein du ministère du Travail, Olivier Dussopt sera chargé de mettre en place la controversée réforme des retraites censée fixer l’âge légal de départ à 65 ans et supprimer les régimes spéciaux, entre autres. Il est à noter que c’est un sujet vraisemblablement maitrisé par le nouveau ministre du Travail, celui-ci ayant collaboré sur le budget de l’assurance-vieillesse (principale source de financement du régime des retraites) lors de son séjour au ministère des Comptes Publics. Maintes fois relancée par Emmanuel Macron, on ne peut plus questionner la détermination du gouvernement quant à l’application de cette réforme, d’autant qu’Olivier Dussopt pourra compter sur le support indéfectible de la Première Ministre Elisabeth Borne, ancienne ministre du Travail… Au micro de la matinale de RTL mardi 24 mai 2022, Olivier Dussopt annonçait d’ores et déjà l’indexation des retraites sur l’inflation (estimée à 4,8% au mois d’avril), applicable dès le mois de juillet pour les pensions versées le 9 août.
Les aides aux les entreprises pour l’apprentissage maintenues
Autre gros dossier sur le bureau du ministre du Travail, l’apprentissage. Largement mis en avant par le gouvernement pour relancer l’emploi pendant la pandémie, on comptait en 2021 près de 700 000 contrats d’apprentissage signés en France. Brandi fièrement par la majorité, l’objectif d’Olivier Dussopt est d’atteindre la barre du million de contrats signés « le plus tôt possible ». En cela, le ministre a annoncé prolonger les aides aux entreprises pour les contrats d’apprentissage jusqu’à la fin de l’année, date à laquelle est voté le budget annuel par le Parlement. Il est donc tout à fait plausible que ce maintien des aides soit reconduit en janvier prochain, suivant le résultat des élections législatives.
Le plein emploi en ligne de mire
Certains auront également noté la subtilité dans le changement de nom du ministère, devenant le ministère du Travail, du PLEIN Emploi et de l’Insertion. Ambition à peine cachée ou constat promotionnel et valorisant, toujours est-il que le plein emploi « est à portée de main » selon Elisabeth Borne. Il est clair que l’objectif d’Olivier Dussopt est de s’approcher le plus possible de cette perspective, alors que le taux de chômage en France au premier trimestre 2022 pointait à 7,3% selon l’Insee. On ne connait pas dans le détail les mesures que compte prendre Olivier Dussopt pour y arriver, cependant ses récentes prises de parole laisseraient pencher pour une mise en avant de la formation (en continuité avec le précédent gouvernement). Le ministre déclarait vouloir proposer aux bénéficiaires du RSA des « parcours d’insertion et d’emploi » sous forme de formation et d’accompagnements, « pour que le RSA ne soit plus une trappe à pauvreté ». D’ailleurs, à la question d’une potentielle augmentation du RSA, Olivier Dussopt répondait qu’il serait « revalorisé mais pas augmenté ».
Enfin, beaucoup d’autres dossiers reposent sur les épaules du ministre, parmi lesquels le statut des professeurs, la revalorisation du secteur de la santé, les conditions de travail ou encore le pouvoir d’achat des travailleurs. Sans plus de détail pour le moment sur ces sujets, Olivier Dussopt a assuré que son activité en tant que ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion se fera « dans la concertation ». Le train est d’ailleurs déjà sur les rails, le ministre rencontrait mercredi 25 mai 2022 les représentants de la CFDT à l’Hôtel du Châtelet, à Paris.