Carrière

Reconversion : de la restauration au développement informatique

A l’occasion de la cinquième édition de la Semaine des métiers du numérique, organisée par Pôle Emploi du 23 au 27 janvier 2023, découvrez le portrait d’un reconverti épanoui. Ancien directeur de restaurant d’entreprise à Nanterre, près de Paris, Guy Guyon, 51 ans, a troqué sa vie de manager pour celle d’informaticien dans l’Oise, au nord de la capitale. Une reconversion par goût du challenge qui lui apporte une meilleure qualité de vie.

Il n’y a pas d’âge pour se mettre au codage ! Au passage de la quarantaine à la cinquantaine, Guy Guyon s’est donné cette chance. Une envie profonde accélérée par l’irruption de la pandémie. « Depuis les débuts d’Internet, je bidouillais des pages HTML. Je m’intéressais à la conception de sites Web sans imaginer que cela puisse, un jour, devenir mon activité professionnelle. C’est mon filleul, étudiant en informatique, qui m’a conseillé de me lancer. Il m’a dit que j’avais les capacités et que je ne risquais rien, hormis apprendre plein de choses ! » Directeur de restaurant d’entreprise au Crédit Coopératif de Nanterre, à côté de Paris, Guy Guyon, à la tête d’une équipe de quarante personnes, apprécie les responsabilités et la variété des tâches, fort d’une expérience transverse en gestion et management.

Une formation intensive pendant un an

Mais après trente ans de carrière dans la restauration, d’abord dans de grandes brasseries parisiennes puis dix ans en collectivité, il s’ennuie et fonctionne par automatismes : « Les problèmes n’en étaient plus car j’en avais déjà fait le tour et je connaissais les solutions. J’avais besoin de renouveau. » Et puis les trois heures de transports en commun chaque jour entre son domicile de l’Oise et son lieu de travail sont beaucoup trop pesantes et contraignantes. Quand l’établissement qu’il dirige ferme au moment du premier confinement, il comprend que c’est l’occasion de changer de cap. Bénéficiant du chômage partiel puis d’un congé formation et enfin d’une rupture conventionnelle, il opte pour un cursus de développeur au sein de l’école O’clock, entièrement financé par les aides : « Je l’ai intégrée après avoir eu la surprise de réussir les tests que j’avais passés sans trop y croire. J’étais le plus âgé de ma classe, composée de trentenaires en reconversion. »

Un développeur junior senior

Il suit un an de formation intensive : « Mon cerveau était en permanence stimulé. Je suis sorti de ma zone de confort, je me remettais tout le temps en question. J’en ai bavé, c’était beaucoup de travail. Il m’a fallu être vraiment très très motivé. Mes nerfs ont parfois lâché face à la saturation et à la fatigue. Heureusement qu’il y avait une cellule en interne pour remonter le moral en cas de difficultés. L’école est aussi efficace pour apprendre à se vendre sur le marché de l’emploi. » À l’automne 2021, il se met en quête d’un poste et répond à de nombreuses offres sans préciser son âge. « Car ce n’est pas ça qui est important, ce sont les compétences et la motivation qui comptent. » Sa détermination finit par payer : SICAE-Oise, un distributeur d’électricité installé près de Compiègne, le recrute, en février 2022, comme superviseur applicatif, en lien avec la gestion des compteurs.

« Mon employeur m’a avoué que mon âge lui avait d’abord fait peur, mais j’ai été très bien accueilli au sein de l’équipe de développeurs. Je suis le plus vieux, mon n+1 n’a que 27 ans ! Avec moi, l’entreprise a fait le pari d’embaucher un junior senior. Et je l’ai rassurée en affirmant que je m’inscrivais dans le long terme. » Certes Guy Guyon passe sa première année à devenir opérationnel, mais cet investissement consenti par sa société s’avère moins risqué que de former un jeune assez vite tenté de postuler à Paris pour gagner plus. Et puis l’expérience de manager, dont il n’est d’ailleurs pas du tout nostalgique, permet au quinquagénaire de jouer le médiateur parmi ses collègues, apportant sagesse, stabilité et apaisement en cas de tension. « Je suis comme un poisson dans l’eau. Tous les matins, se présentent des problématiques et je dois faire des recherches, demander à mes collègues ou me débrouiller par moi-même pour trouver une solution. »

Un meilleur équilibre vie pro – vie perso

Il se réjouit de n’avoir plus que vingt minutes de trajet pour aller travailler : « A 17h30, je suis à la maison : ça n’a pas de prix ! Je peux ainsi suivre les études de ma fille qui vient d’entrer au collège : c’est un vrai plus pour elle. » La qualité de vie est bien meilleure, même si le niveau de rémunération a tout de même baissé de 1 000 euros par mois par rapport à son précédent métier. Cependant, ce différentiel est atténué par d’autres compensations, dont un tarif de l’électricité très avantageux. Ténacité, courage et sacrifices ont été nécessaires à Guy Guyon pour suivre sa nouvelle vocation professionnelle. Elle s’est accomplie grâce au soutien de sa femme, alors que certains proches émettaient des doutes sur cette reconversion tardive. « J’ai voulu montrer que quand on veut, on peut. » Une démonstration imparable déroulée avec un enthousiasme débordant !

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Cet article est extrait du magazine Courrier Cadres de mai-juin 2022 qui est disponible par ici : www.courriercadres.com/boutique

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