Un record historique. Le nombre de recrutements de cadres français n’a jamais été aussi élevé qu’en 2023, en dépit de la spirale inflationniste. Si les recrutements dans de nombreux métiers sont en berne, 330 700 embauches de cadres (en CDD ou CDI) ont été enregistrées en 2023, contre 308 300 en 2022, soit une augmentation de 7 %, d’après l’étude de l’Apec, publiée ce mardi 2 avril. Et les entreprises ne se sont pas contentées de recruter des cadres pour compenser des départs (démissions ou retraites) ! Elles ont créé 85 400 postes supplémentaires par le biais de recrutements externes et de promotions internes.
Deux secteurs ont fortement recruté : les services (activités informatiques et ingénierie ; activités juridiques et comptables ; ou encore banque et assurance) ; et l’industrie (mécanique et métallurgie ; automobile et aéronautique ; ou encore énergie, eau et gestion des déchets). Tandis que trois fonctions totalisent un recrutement sur deux : l’informatique (avec 67 650 recrutements attendus en 2024) ; le commercial et le marketing ; et encore, les Etudes, la Recherche & le Développement (avec 52 210 recrutements également attendus), notamment dans le secteur des transports, en pleine mutation.
Besoin en nouvelles compétences
La marché des cadres est porté par un fort besoin d’innovation, possible grâce à de nouvelles compétences. Objectif ? Répondre aux enjeux numériques et digitaux (cybersécurité, intelligence artificielle), mais aussi aux défis liés à la transition écologique et énergétique. Dans le même temps, les entreprises font face à des difficultés persistantes de recrutement, ce qui place les cadres en position de force. Les organisation sont, de fait, amenées à ajuster leurs projets initiaux, en assouplissant notamment leurs critères de recrutement, à commencer par la hausse de la rémunération pour 53 % d’entre elles. Elles se retrouvent parfois à recruter un cadre n’ayant pas toutes les compétences techniques (41 %) ; ayant moins d’années d’expérience (33 %) ; ou encore en redéfinissant les missions et responsabilités du poste (26 %). Ce conteste est très favorable aux cadres débutants. Les chiffres en attestent : la majorité des profils recrutés en 2023 ont entre 1 et 5 ans d’expérience (31 %).
Ralentissement en 2024
Cependant, après une année 2023 très dynamique, la tendance devrait ralentir en 2024, d’après les instituts de conjoncture. La décision de la Banque centrale européenne (BCE) d’augmenter les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, engendrée par des contextes géopolitiques instables, pourrait obérer la capacité des entreprises à financer leurs investissements. Les prévisions tablent ainsi sur 337 000 recrutements de cadres cette année, soit une augmentation de seulement 2 % par rapport à 2023.
Les régions françaises les plus dynamiques en termes de recrutement le resteront, mais dans des proportions moindres : l’Île-de-France (de +5 % à +2 %) ; le Pays de la Loire (de +18 % à +4 %) ; Auvergne Rhône-Alpes (de +14 % à +3 %) ; et l’Occitanie (de +12% à +3%). Des secteurs seront toujours fragilisés, voire s’enfonceront dans la crise, comme le commerce (distribution spécialisée et généraliste), en raison du recul de la consommation des ménages ; mais aussi la construction avec une baisse de la production de logements neufs, et la baisse des dépenses des ménages dans les biens immobiliers.
En 2024, une bonne nouvelle se profile tout de même : la timide désinflation en cours pourrait redonner du souffle à la consommation des ménages, un moteur de croissance essentiel pour l’économie hexagonale. En février 2024, l’INSEE avait, en effet, indiqué que la « désinflation était confirmée. »
*Enquête annuelle menée auprès d’un échantillon permanent de 8.200 entreprises représentatif de la répartition par région, par taille et secteur d’activités des salarié(e)s du secteur privé en France métropolitaine, et représentant 1,4 million de salarié(e)s dont 345.500 cadres. L’interrogation téléphonique a été confiée à l’institut BVA Inférence, et s’est déroulée du 14 novembre 2023 au 24 janvier 2024.