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Recruter à l’international pour lutter contre la guerre des talents

Les différentes régions du monde recèlent de talents, dont la formation est certifiée, l’environnement propice à la tech ou le pays largement tourné vers l’innovation. Sourcer ailleurs, pour palier une pénurie de compétences, peut s’avérer judicieux. Explications dans cette tribune de Nick Adams, vice-président des ventes, EMEA, chez Globalization Partners.

La pandémie a poussé les entreprises à changer de modèles de travail dans le sillage des quarantaines, des confinements et des obligations de télétravail. Par conséquent, le télétravail est désormais le mode de travail préféré d’un grand nombre de personnes.

Après avoir surmonté les obstacles techniques et opérationnels qui empêchaient le travail à distance avant la pandémie, de nombreux secteurs d’activité ont entrepris, au cours des 18 derniers mois, un changement structurel et culturel important de leur lieu de travail.

Pour les dirigeants d’entreprise qui constituent des équipes dans un monde post-pandémie, où l’ensemble de la main-d’œuvre fonctionne déjà en virtuel, une question se pose : pourquoi ne pas engager les meilleurs talents, où qu’ils se trouvent dans le monde ?

Bien sûr, si la mondialisation présente de nombreux avantages, la mission de faire du monde entier un vivier de talents peut sembler ardue, avec une première question : comment et par où commencer ?

Comprendre les points essentiels avant l’internationalisation

Plutôt que de ratisser large et d’ouvrir un poste à n’importe qui, n’importe où dans le monde, le lancement d’une stratégie de réseau géographique centralisé permettra de concentrer les efforts de recrutement et d’embauche.

Quelques critères essentiels restent toutefois à prendre en compte. Par exemple, le recrutement de talents dans des centres régionaux où les fuseaux horaires et les zones géographiques sont bien alignés favorisera l’efficacité de la collaboration au sein de l’équipe et permettra des horaires de travail intégrés. De même, la stabilité économique et géopolitique des régions géographiques doit être évaluée et comprise. En outre, la disponibilité d’une bonne infrastructure de communication et un accès fiable à Internet seront indispensables.

De nombreuses entreprises identifient ces pôles comme les zones des Amériques, de l’APAC et de l’EMEA. Examinons-les plus en détail.

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S’implanter dans les régions NA (Amérique du nord) et LATAM (Amérique latine)

Si l’Amérique du Sud présente l’attrait évident d’un pôle de talents bien formés et bilingues dans des endroits comme Mexico et le Costa Rica, certaines villes comme Monterrey (Mexique) et Medellín (Colombie) attirent des types de talents spécifiques. Ces deux villes abritent une importante population d’ingénieurs et le coût total de l’emploi permet de trouver et de fidéliser plus facilement les talents à moindre coût.

Des villes d’Amérique du Nord comme Atlanta (Géorgie) et Saint-Louis (Missouri) présentent également l’avantage d’offrir des salaires de référence moins élevés, ce qui est idéal pour constituer rapidement des équipes intégrant des fonctions diverses.

Ces dernières années, grâce au système de visa progressif du Canada, les ingénieurs hautement qualifiés et de classe mondiale de Toronto ont fait de cette ville l’endroit où chercher à recruter les meilleurs de leur domaine et, à environ 15 % de coûts en moins par rapport à Boston ou San Francisco, cela devrait continuer.

S’installer dans la région APAC (Asie et Pacifique)

De nombreux professionnels de la région Asie-Pacifique sont hautement qualifiés, polyglottes et ont l’habitude de travailler avec des entreprises internationales. L’apparition de nouveaux pôles technologiques en dehors des capitales de la région permet aux employeurs internationaux, qui cherchent à pourvoir des postes hautement spécialisés, de profiter de lieux où le coût de la vie est moins élevé et donc d’offrir des salaires très compétitifs en mesure d’attirer les meilleurs talents.

Si l’on jette un coup d’œil aux compétences spécialisées sur le terrain, le Sri Lanka produit chaque année environ 40 000 comptables certifiés au niveau international. La grande majorité de ce vivier de talents est préparée au travail d’externalisation des processus métier.

Son gouvernement s’est engagé à développer les compétences numériques par le biais de programmes commerciaux et éducatifs : la Malaisie offre également un vivier de talents qualifiés et divers, avec des professionnels multilingues aux liens étroits avec l’Inde, la Chine et l’Indonésie. À Penang, la plupart des habitants parlent l’anglais, le mandarin et le hokkien, ainsi que le français, et la ville peut se targuer d’un coût de la vie inférieur de 59 % à celui de New York.

Le gouvernement de Séoul, en Corée du Sud, s’est engagé à promouvoir la recherche et l’innovation, ce qui en fait une autre destination clé pour les entreprises désireuses de participer à une économie technologique forte, qui soutient l’innovation et les opérations de recherche et développement. Le nombre élevé d’universités et d’instituts de recherche de la ville, associé à une impressionnante connectivité Internet à haut débit, s’est révélé être un attrait supplémentaire pour les entreprises de la high-tech et de la bioscience, qui cherchent à tirer parti de la richesse des programmes de collaboration interentreprises en matière de R&D ainsi que des réseaux d’innovation proposés. Mais Séoul n’est pas la seule force motrice de la région, et les organisations qui cherchent à recruter des talents technologiques de haut niveau pour faire avancer leurs plans de transformation numérique ont le choix entre de nombreux autres sites potentiels.

Elle abrite des banques de classe mondiale ainsi que d’importantes industries de l’électronique, de la biotechnologie et de l’énergie : les lois rigoureuses de Singapour en matière de propriété intellectuelle en font la destination idéale pour les entreprises technologiques à forte croissance. Bien qu’elle ne soit pas la destination la moins chère pour les start-up, Singapour reste une rampe de lancement privilégiée pour les entreprises qui cherchent à réaliser leurs premières embauches en Asie, grâce à la disponibilité de talents capables de soutenir la croissance des entreprises. C’est l’endroit idéal pour trouver des cadres supérieurs talentueux : l’infrastructure informatique sophistiquée de Singapour en fait une ville passerelle bien établie et mature pour les entreprises n’ayant pas d’employés ou de succursale dans la région.

Taipei, à Taiwan, est une autre possibilité intéressante pour les entreprises high-tech à la recherche d’ingénieurs et de spécialistes de R&D de qualité. En plus d’une infrastructure high-tech, le gouvernement est plus que disposé à héberger des entreprises en pleine croissance et à accueillir des investissements étrangers. Toutefois, préparez-vous à payer des salaires locaux supérieurs à la moyenne en raison de la demande déjà élevée pour les meilleurs talents.

Les entreprises technologiques à la recherche de talents accessibles qui ne grèvent pas leur budget de recrutement peuvent envisager Manille, aux Philippines. La présence d’un vaste vivier de talents anglophones diplômés, associée à des salaires médians de l’ordre de 12 000 USD par an, fait de Manille une destination attrayante pour les entreprises qui cherchent à établir des pôles de talents technologiques en Asie-Pacifique. Bangalore, en Inde, est aussi une possibilité intéressante pour les entreprises cherchant à exploiter des talents informatiques et à établir une base opérationnelle dans la région.

Enfin, les entreprises qui cherchent à s’implanter en Chine trouveront à Hangzhou une excellente alternative à Beijing et Shanghai. Ces dernières années, la ville est devenue la capitale chinoise des start-up et un incubateur technologique de premier plan, grâce aux politiques du gouvernement local. Ces dernières sont conçues pour soutenir le développement des technologies de pointe, notamment en proposant des loyers de bureaux et de parcs technologiques à des prix attractifs, en finançant des forums d’innovation et de collaboration, et en s’engageant à attirer, encourager et développer les talents.

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S’étendre à la région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique)

Les dirigeants à la recherche de talents anglophones dans des endroits peu coûteux peuvent se tourner vers l’un des 24 pays d’Afrique où l’anglais est la langue officielle. En Europe, la Pologne, la Finlande et la Belgique, ainsi que la Serbie, la Roumanie et la République tchèque, peuvent toutes se targuer d’un excellent niveau d’anglais. D’un autre côté, au Moyen-Orient, l’Égypte, l’Irak et les Émirats arabes unis ont tous des populations qui ont appris à maîtriser l’anglais à l’école.

En Europe de l’Est, Varsovie en Pologne est considérée comme le centre des affaires de l’Europe, tandis que Cracovie abrite de nombreuses écoles d’ingénieurs de premier ordre qui produisent 100 000 diplômés par an. En parallèle, les programmeurs ukrainiens ont démontré les meilleures connaissances en matière de cybersécurité et de systèmes distribués au monde. En effet, avec plus de 800 établissements d’enseignement supérieur, l’Ukraine offre un réservoir de talents technologiques plus profond et moins coûteux que l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni.

L’Estonie représente une autre riche source de talents. Tallinn, en particulier, est un centre de spécialités renommé pour les services de localisation, l’électronique, le matériel informatique, les STIM et la cybersécurité.

Enfin, Abu Dhabi et Dubaï sont devenus des pôles technologiques clés, grâce à une connectivité et des écosystèmes technologiques impressionnants et à un gouvernement déterminé à inciter et à attirer les professionnels étrangers à venir travailler et vivre dans la principauté. Les Émirats arabes unis, qui accueillent un nombre croissant d’entreprises de fintech, collaborent avec des établissements universitaires pour améliorer la formation des talents locaux et attirer davantage de professionnels hautement qualifiés dans le domaine des technologies et des sciences. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un pays où chercher une main-d’œuvre bon marché, c’est une destination de choix pour les entreprises à la recherche de talents de haut niveau.

Définir une stratégie globale en matière de recrutement

Ces exemples montrent clairement que la création de pôles de talents ne se limite pas à choisir des juridictions à faible coût. De nombreux facteurs doivent entrer en compte dans ce choix. Outre les questions pratiques liées à la mise en place d’une infrastructure et d’une gouvernance adéquates, ainsi que la présence de talents possédant les compétences linguistiques et professionnelles appropriées, les organisations doivent également tenir compte d’autres facteurs importants. Il s’agit notamment des normes culturelles liées au monde du travail et de la qualité générale de l’accueil réservé aux entreprises dans un pays donné.

La clé de la création de pôles de talents consiste à d’abord identifier où se trouvent les meilleures occasions d’acquisition de ces talents, qu’il s’agisse de rechercher des compétences spécifiques ou un calibre particulier de personnel pour des rôles de direction à un coût permettant d’offrir un salaire et des avantages sociaux très compétitifs.

Les critères qui sous-tendent une stratégie internationale d’acquisition de talents varient en fonction des entreprises, selon qu’elles recherchent une assistance qualifiée en dehors des pôles technologiques où elles embauchent traditionnellement, à un coût avantageux, ou plutôt d’une expérience globale de niveau international, et de personnes capables d’assumer des postes hautement spécialisés, auquel cas le coût devient rapidement un facteur secondaire.

Les centres de talents internationaux, idéaux pour mettre en place des équipes internationales à distance dans de nouveaux lieux et sur de nouveaux marchés ou pour trouver des talents bilingues et bien formés pour une multitude de rôles, représentent un excellent moyen de puiser dans une réserve de talents plus large et d’attirer les meilleurs et les plus brillants du monde.

Les environnements de travail virtuels actuels impliquent que les équipes peuvent désormais véritablement travailler par-delà les frontières. Les entreprises peuvent donc passer outre les frontières géographiques traditionnelles du recrutement pour trouver et embaucher les ingénieurs, les chercheurs et les professionnels dont elles ont besoin pour poursuivre leur croissance.

Par Nick Adams, vice-président des ventes, EMEA, Globalization Partners. 

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