Le 10 octobre, la princesse de Galles a repris ses engagements publics. Soit 6 mois après avoir annoncé officiellement être atteinte d’un cancer, et un mois à peine après avoir terminé sa chimiothérapie. En septembre, elle indiquait déjà avoir « hâte de reprendre son travail ». Il est légitime de se demander : ce délai de reprise est-il précipité ? Ou, au contraire, reprendre une activité professionnelle contribue-t-il à booster la santé physique et mentale après un cancer ? Tout le monde en a-t-il la capacité ?
Retour progressif et individualisé
En 2023, plus de 433 000 nouveaux cas de cancer (57 % d’hommes et 43 % de femmes) ont été déclarés en France, d’après l’Institut National du Cancer (INCa). 1 200 personnes apprennent chaque jour être malades. « En 2025, 25 % des actifs seront touchés par la maladie, alerte Nathalie Presson, directrice générale de Cancer@Work. Or, aujourd’hui encore, la situation professionnelle de ces personnes se dégrade. Leur taux d’emploi est passé de 87,3 % à 75,9 %, et le taux de chômage a grimpé de 7,3 % à 9,5 %. « Ce phénomène devient un vrai sujet de société dont les entreprises doivent s’emparer », affirme-t-elle.
La question cruciale réside dans le retour au travail de ces salariés, dont la santé reste fragile. « La plupart d’entre eux ont très envie de retourner travailler, de retrouver une vie sociale. Ils ont une énergie décuplée, mais le rythme est souvent difficile à tenir. Beaucoup se fatiguent rapidement », observe la dirigeante. « Reprendre trop vite, trop fort, ou dans de mauvaises conditions peut être contre-productif, complète Florence Kahut, infirmière, responsable de l’accompagnement du retour au travail au sein de l’association Hope, elle-même atteinte d’un cancer à l’âge de 40 ans. Certaines personnes veulent bien faire, en travaillant intensément, comme si de rien n’était, mais elles s’épuisent en silence. Si c’est pour repartir en arrêt maladie quelques semaines après le retour, ce n’est pas la peine ! » En effet, 3 personnes sur 5 ont déclaré l’année dernière auprès de l’INCa avoir conservé des séquelles après leur diagnostic.
C’est pourquoi, un « retour de cette nature se prépare, afin qu’il soit progressif et individualisé », précise Nathalie Presson. Selon elle, le manager et le reste de l’équipe doivent être informés de la date de retour de la personne concernée par un épisode cancéreux. Ils pourront ainsi mettre en place des « actions simples et peu coûteuses » pour l’accueillir dans des « conditions favorables à une guérison durable ». Cela passe par l’organisation d’un évènement convivial à son retour pour témoigner de leur soutien, l’aménagement de son poste, de ses missions, ou de sa charge de travail. Ce salarié peut également « consulter régulièrement le médecin ou le psychologue du travail s’il en ressent le besoin », note-t-elle.
Environnement bienveillant
Au fil des mois, des points fréquents pourront être organisés avec son manager pour suivre l’évolution de la situation. « Un tel retour peut être difficile à vivre, car la personne change entre le moment où elle part de l’entreprise et le moment où elle revient. Par moment, elle se sent plus vulnérable. C’est pourquoi, être entourée d’un supérieur hiérarchique et de collègues bienveillants est essentiel. C’est cet environnement rassurant qui lui permettra de regagner confiance en elle et de libérer la parole autour de ses craintes », développe Florence Kahut, qui a eu cette chance lors de son retour au travail il y a quelques années.
La directrice générale de Cancer@Work conclut en rappelant qu’« il n’y a pas de méthode unique pour mettre en place un « bon » retour au travail. L’employeur doit s’adapter à la personne, au contexte de travail, aux moyens dont il dispose, tandis que le salarié, lui, doit s’écouter et oser exprimer ses besoins ».
Pour rappel, Kate Middleton avait ému le monde entier le 22 mars dernier dans une vidéo, visionnée plus de 100 millions de fois sur les réseaux, où elle annonçait son cancer. Agée de seulement 42 ans, et mère de trois enfants en bas âges, cette prise de parole a sensibilisé un public plus jeune, de plus en plus concerné, aux enjeux autour du cancer. Depuis, les demandes de dépistage ont explosé au Royaume-Uni.