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Retraites, santé au travail, emplois : les dossiers qui attendent Élisabeth Borne, la nouvelle ministre du Travail

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Celle qui était jusqu’à lundi ministre de la Transition écologique et solidaire est désormais ministre du Travail. Elle reprend plusieurs dossiers épineux laissés sur la table par Muriel Pénicaud. Alors que la crise économique menace l’emploi de nombre de salariés, elle devra aussi s’occuper de la réforme des retraites, ainsi que de celle de la santé au travail. Des dossiers qui concernent notamment les cadres.

Suite à la démission d’Édouard Philippe et au remaniement, Élisabeth Borne, jusqu’ici ministre de la Transition écologique et solidaire, devient ministre du Travail, de l’emploi et de l’insertion. Elle succède à Muriel Pénicaud, dont elle reprend plusieurs dossiers épineux qui concernent le monde de l’entreprise. Alors qu’une crise économique majeure se profile suite à la pandémie du Covid-19, elle devrait travailler en étroite collaboration avec le nouveau Premier ministre, Jean Castex, qui a fait de “la question sociale” une priorité.

 

L’emploi et la formation professionnelle

Alors que l’Apec constate que le marché du travail des cadres “s’est complètement retourné en quelques mois” et que les offres d’emploi pour les personnels d’encadrement restent en baisse, la Banque de France prévoit que la France devrait perdre près d’un million d’emplois en 2020. C’est dans ce contexte qu’Élisabeth Borne sera chargée de lutter contre la hausse du chômage qui s’annonce, malgré la mise en place d’un chômage partiel de longue durée par sa prédécesseure.

Alors qu’une vague de plans sociaux promet notamment de s’abattre sur le pays après l’épidémie de Covid-19, Élisabeth Borne reprendra d’abord un chantier ouvert par Muriel Pénicaud pour aider les salariés (cadres ou non cadres) menacés par la fermeture de leur entreprise, ou par un potentiel licenciement, à faire face : la formation professionnelle. L’idée : dans les activités qui “redémarreront” facilement après la crise, renforcer les dispositifs existants permettant la formation continue, qu’il s’agisse du CPF (compte personnel de formation) ou du plan d’investissement dans les compétences (PIC), et tenter de prévenir les “risques d’obsolescence des compétences” des seniors. Pour les autres, faciliter les reconversions professionnelles, notamment en développant le CPF de transition, le Projet de Transition Professionnelle (PTP) et la promotion par alternance (Pro-A).

 

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Éviter les plans sociaux avec les accords de performance collectif

Malgré un dispositif de chômage partiel sans précédent, Élisabeth Borne devra trouver une solution alternative pour éviter les faillites et les licenciements qui s’annoncent à la rentrée. Elle pourrait être tentée de prôner, auprès des entreprises et des partenaires sociaux, le recours à l’APC, ou accord de performance collective. Pour rappel, ce dispositif, créé par les ordonnances Macron de 2017, permet aux dirigeants d’aménager la durée du travail, mais aussi la rémunération, afin de répondre aux nécessités liées au fonctionnement de l’entreprise ou “en vue de préserver ou de développer l’emploi”.

 

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Déterrer la réforme des retraites

La nouvelle ministre du Travail hérite également d’un dossier explosif, mais un peu oublié avec la crise du coronavirus : les retraites. Adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale après un recours à l’article 49.3, puis suspendue par Emmanuel Macron mi-mars, cette réforme n’a pas changé depuis l’hiver dernier. Elle consiste en la création d’un système universel d’ici 2025, avec le remplacement des multiples barèmes de calcul des retraites et des régimes spéciaux par un régime unique, où chaque euro cotisé serait converti en points tout au long de la carrière. Ce qui ne serait pas sans conséquence, notamment, pour les cadres. Pour ces derniers, cela signifierait en effet la fin de l’Agirc-Arrco, ainsi que des pensions plus faibles. Les deux syndicats CFE-CGC et Ugict-Cg s’inquiètent tous deux d’un déclassement à venir pour les personnels d’encadrement.

Face à l’explosion du déficit du système de retraites, Emmanuel Macron, selon qui “il faudra travailler davantage” face aux effets à venir de la crise, n’a pas caché son souhait de relancer ce dossier. En débutant dès cet été par “une nouvelle concertation sur les équilibres financiers” et l’âge pivôt à 64 ans, mesure phare de la réforme. Dans un entretien au JDD, Jean Castex a également fait savoir qu’il désirait lancer “a minima un nouvel agenda social”, afin de régler “à court terme” ce dossier.

Ce sujet promet d’être complexe à gérer pour Élisabeth Borne : en effet, les syndicats estiment que ce dossier n’est pas la priorité du moment, et préfèrent se focaliser sur l’emploi. “L’avenir de cette réforme, c’est le placard, c’est là qu’elle sera le mieux”, n’hésitait pas à lancer François Hommeril, président de la CFE-CGC, lors d’un débat organisé par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), début juin. À la nouvelle ministre, qui bénéficie toutefois d’une expérience dans le domaine en tant qu’ancienne dirigeante de la RATP (de 2015 à 2017), de rétablir le dialogue avec les organisations syndicales.

 

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Lancer le chantier de la santé au travail

Enfin, la réforme de la santé au travail, retournée sur le devant de la scène avec le coronavirus, sera l’une des priorités de la nouvelle ministre. Depuis le 15 juin, les partenaires sociaux planchent sur un “document d’orientation” rédigé par le gouvernement. Les syndicats et les organisations patronales ont jusqu’à l’automne pour “trouver ensemble des points de consensus”.

Élisabeth Borne aura ensuite la tâche de préparer une proposition de loi d’ici 2021. Avec le Covid-19, plusieurs thématiques s’imposeront dans ce dossier :  la prévention des épidémies en entreprise, les risques psychosociaux du télétravail, ainsi que la gouvernance et la coordination des services de santé au travail.

 

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