Sur le modèle de l’Index de l’égalité salariale femmes – hommes, l’ANDRH propose de créer un “index des seniors”. Un dispositif de “discrimination positive”, qui introduirait une obligation de résultats en matière de recrutement et de maintien dans l’emploi des plus de 50 ans, pour les entreprises.
Six mois après la mise en place de l’Index de l’égalité salariale femmes – hommes, un bilan que les entreprises doivent désormais utiliser pour mesurer les différences de salaires, l’ANDRH (Association nationale des directeurs des ressources humaines) propose de créer un “index des seniors”. Objectif : encourager les entreprises à faire évoluer leurs pratiques, afin de favoriser le maintien dans l’emploi des salariés de plus de 50 ans.
“Une dose de discrimination positive au bénéfice des seniors”
“La santé au travail va devenir plus que jamais un enjeu majeur, de même que la question de la mobilité professionnelle et de la rémunération des seniors. Il est nécessaire d’être innovant afin de mieux gérer les fins de carrière des seniors pour leur permettre de rester plus longtemps dans l’entreprise”, écrit l’association sur son site. “Pour encourager l’évolution des pratiques au sein des entreprises, ne faut-il pas introduire une dose de discrimination positive au bénéfice des seniors ? Et pourquoi pas un index séniors ?”, ajoute-t-elle.
Selon l’OCDE, le taux d’emploi des 55-64 ans est de 53 % en France, contre 66 % au Royaume-Uni et 72 % en Allemagne. Malgré la création de plusieurs dispositifs destinés à favoriser le maintien dans l’emploi des plus de 50 ans, comme la mise en place des accords GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) et du contrat de génération (supprimé en 2017), les entreprises françaises n’ont en effet que rarement définit une stratégie destinée aux collaborateurs âgés – se contentant de suivre les obligations légales.
Pour l’ANDRH, qui ne cache pas son inquiétude, il s’agit à la fois d’un “problème économique” et d’un “problème social”, tandis que les réformes des retraites et de l’assurance-chômage, dont les contours se précisent, tendent à “produire un cocktail explosif”. En rendant les allocations des salariés les mieux rémunérés (souvent anciens) dégressives, et en repoussant l’âge du départ à la retraite, ces mesures risquent de “déstabiliser” les seniors, indique l’association. Et de rappeler que le rapport publié par France Stratégie en octobre 2018 sur les seniors et l’emploi indique que “les règles du système de retraite ont un impact fort sur leur activité, mais que l’effet sur le maintien ou le retour dans l’emploi est loin d’être mécanique. Prolonger les carrières suppose aussi d’agir de manière préventive sur la qualité de vie au travail”.
L’âge demeure le première critère de discrimination en France
L’association des DRH note que “les DRH ont besoin de leviers (formation, flexibilité des contrats de travail)”, et que la réforme des retraites appelle “des incitations fiscales plus significatives pour les entreprises, afin d’encourager la généralisation des dispositifs d’épargne salariale et de trouver une forme de compensation à la baisse attendue des pensions.” Selon elle, les nouvelles règles d’assurance chômage et la réforme des retraites risquent de compliquer les fins de carrière des seniors, car elles “renvoient aux entreprises la responsabilité d’employer les gens plus longtemps alors qu’elles n’y sont pas préparées”. D’où la conclusion de Jean-Paul Charlez, président de l’association : “pour accélérer la sensibilisation et favoriser l’embauche et le maintien en poste des seniors, il faut passer par des contraintes, et une obligation de résultats pour les organisations”.
Pour rappel, les indicateurs de l’index de l’égalité femmes – hommes (qui permettent de calculer une note sur 100) sont les suivants : l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes ; l’écart des augmentations ; l’écart des promotions ; le pourcentage de salariés ayant bénéficié d’une augmentation dans l’année de leur retour de congé maternité ; ainsi que le nombre de salariés du sexe sous-représenté parmi les 10 salariés ayant perçu les plus hautes rémunérations. Dans le cas d’un hypothétique index des seniors, les indicateurs pourraient cette fois, préconise l’ANDRH, être le taux de turn-over ou de mobilité des plus de 50 ans, leur nombre de formations récentes, ou encore le taux de promotions les concernant.
À noter que selon une enquête d’ADP publiée en septembre dernier, l’âge est le premier critère de discrimination en France. En outre, selon le 7e Baromètre sur la perception de l’égalité des chances en entreprise du Medef, l’âge représente la plus grande crainte de discrimination en entreprise (41 %, contre 33 % en 2017) – tant chez les femmes (42 %) que chez les hommes (40 %) -, devant le genre.