Carrière

Salaires en 2019 : Les postes pénuriques en position de force

Vers une embellie de longue durée pour les salaires des cadres ? C’est ce que suggère l’ensemble des études consacrées aux rémunérations publiées ces derniers mois.

 

Selon les chiffres de l’Apec, la rémunération annuelle brute médiane des cadres (fixe + variable), a augmenté de 2 % en 2017 pour s’établir à 49 100 euros. Une tendance positive qui s’est confirmée en 2018 d’après la 16e édition du baromètre Expectra, qui constate une hausse de 2,7 % des rémunérations fixes, soit la plus importante depuis 2013.

Parmi les métiers qui ont connu les plus fortes hausses de leur rémunération figurent les ingénieurs (+ 8,5), les chefs de chantier (+ 6 %) et les techniciens d’étude en bâtiment (+ 5,8 %). “La croissance du secteur est notamment portée par des investissements qui repartent dans le domaine des grands projets et des infrastructures (réfection et aménagement de quartiers en Île-de-France, extensions d’infrastructures aéroportuaires à Paris, Lyon et Marseille, construction de lignes ferroviaires, perspective des Jeux Olympiques de 2024 dans la Capitale),” analyse le baromètre Expectra.

Outre le BTP, où 43 % des cadres ont été augmentés l’année dernière, l’industrie fait partie de ces secteurs où les profils sont nombreux à voir leur rémunération évoluer. Ils sont ainsi 52 % à avoir bénéficié d’une hausse de leurs revenus, soit dix points de plus que dans le commerce et dans le domaine des services. En 2018, les cadres de la filière industrielle ont vu leur salaire évoluer de 2,6 %, contre 1,8 % l’année dernière. Il s’agit d’ailleurs du marché où les rémunérations sont les plus élevées, avec un salaire annuel brut médian de 52 000 euros. Les postes liés à la finance et la comptabilité ont également bénéficié d’une hausse de leurs revenus (+ 2,5 % en 2018).

 

BTP, industrie : des postes en déficit d’image, mais avec « de belles perspectives de carrière »

“Sur ces métiers, nous constatons une augmentation de 5 000 euros bruts annuels en cinq ans, insiste Virginie Foyard, Senior manager chez Robert Half. Dans le détail, c’est la partie fixe qui évolue le plus. Le variable n’est pas forcément rassurant pour les candidats. Parallèlement, les entreprises sont en manque de profils, donc pour être attractives, elles se doivent de miser sur une rémunération de base élevée. Ou alors sur un variable qui est quasiment garanti.” Plusieurs fonctions cadres sont d’ailleurs aujourd’hui en manque de profils, expliquant les fortes hausses de rémunération spécifiques à certains métiers. Par exemple, en 2018, parmi les dix meilleures progressions salariales figurent les postes de chef de projet webmarketing (+ 9,5 %), de responsable des études (+ 8,6 %), d’ingénieur de maintenance (+ 8,1 %) ou encore de responsable logistique (+ 7,9 %).

Des métiers sont aussi structurellement en tension dans le domaine de la production industrielle ou du bâtiment, souligne l’Apec. “Ce sont des postes qui pâtissent d’un déficit d’image important, car ils sont souvent associés à un travail pénible, analyse Pierre Lamblin. Du coup, la rémunération reste un facteur décisif pour attirer les candidats. Surtout, ce sont des secteurs où il y a de belles perspectives de carrière.” “Tous les postes liés à la comptabilité et à la finance sont également en demande, ajoute de son côté Virginie Foyard. Que ce soit sur des fonctions de cadres comptables, de responsables consolidation ou encore de directeurs financiers, il y a très peu de candidats qui affichent des compétences techniques et généralement ils sont déjà en poste.”

Même constat pour l’ensemble des métiers liés au digital (voir article consacré au secteur pages 96-98) où les progressions salariales annuelles peuvent aller jusqu’à 5 % pour certains postes. “Ce sont des métiers où les compétences sont très pointues et très recherchées par les recruteurs, insiste Pierre Lamblin. Pour des profils de data scientist débutant, une entreprise ne pourra pas recruter si elle ne propose pas, a minima, un salaire de 40 000 euros bruts annuels.” Ainsi, pour l’ensemble de ces postes de niche et pénuriques, les candidats sont en réelle position de force pour demander une augmentation, que ce soit à l’embauche ou en restant dans leur entreprise. “Ces fonctions en tension sont celles pour lesquelles les entreprises vont plus facilement dégager un budget plus important, c’est indéniable, convient Khalil Ait-Mouloud. C’est une nécessité pour parvenir à attirer et à retenir les talents.” Jusqu’à quand ?

 

Cet article fait partie d’un dossier plus complet sur le sujet, à retrouver dans le n° 118 de Courrier Cadres, actuellement en kiosque.

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)