Alors que les entreprises ont de plus en plus de mal à recruter, le rapport de force s’inverse, et les cadres sont en position de force. Résultat, ils devraient tous profiter de belles augmentations de salaires en 2020.
En dépit d’un léger ralentissement de la croissance économique en 2019 et d’un contexte social marqué par le mouvement des Gilets Jaunes, les cadres français gardent le moral. Ils sont ainsi 80 % à avoir confiance en leur avenir professionnel (contre 74 % en Europe), selon l’étude 2020 de rémunération de Robert Walters. “Avec un taux de chômage d’à peine 3,8 %, ils bénéficient d’un marché du travail porteur, en quasi plein emploi, tandis que la difficulté des entreprises à recruter s’accentue. Les candidats sont donc en position de force et optimistes”, observe Coralie Rachet, directrice France du cabinet de recrutement.
Pour toutes ces raisons, 2020 devrait être pour les cadres “l’année de la mobilité”, indique l’enquête. Ainsi, 74 % d’entre eux pensent à changer d’emploi cette année. En outre, ils sont 73 % à attendre une augmentation de salaire, dont 20 % à une augmentation de 7 %.
Juridique, Finance, RH, Digital et Immobilier
L’étude de Robert Walters permet de dégager 5 secteurs en tension où les cadres peuvent tirer leur épingle du jeu, à des postes requérant des compétences poussées. Premier domaine porteur : le juridique, dont le volume d’offres d’emploi a augmenté de 23 % en 2019 (par rapport à 2018). “Alors que l’économie se judiciarise et que la RGPD continue de créer énormément de postes, les directeurs ou responsables juridiques (contrats / corporate / M&A) pourront prétendre à une augmentation de 9 à 12 %”, note Coralie Rachet.
Le nombre d’offres d’emploi en IT & Digital a aussi fait un bond en 2019, avec une augmentation de 19 %. Les fonctions de responsables cybersécurité et de data scientists sont particulièrement recherchées par les entreprises, dans un contexte où elles accélèrent leur digitalisation. La moyenne des augmentations de salaire dans ce secteur devrait être de + 6 % en 2020, selon l’étude.
La finance (direction financière) devrait également profiter de belles hausses de salaires cette année, avec une moyenne de + 9 %, et un volume d’offres d’emploi qui a augmenté de 17 % en 2019. Les fonctions cadres les plus prisées dans ce domaine sont, selon Robert Walters, celles de directeur du contrôle de gestion et de “manager FP&A” (Planification et analyse financière).
Autre secteur où les cadres pourront s’attendre à voir leur salaire croître : les ressources humaines. “Au lendemain de la mise en œuvre de la loi Pacte, et dans un contexte de guerre des talents accrue, la demande en profils experts dans les RH a augmenté de 13 % en 2019. Outre les DRH, cette hausse est largement portée par les fonctions de Directeur Talent Acquisition, de Directeur RSE, et de Responsable rémunérations et avantages sociaux, dont les rémunérations augmenteront en moyenne de 5 % en 2020”, explique Coralie Rachet.
Enfin, l’immobilier devrait “sortir du lot” en 2020, avec une croissance de 22 % de la moyenne des augmentations de salaires. Selon l’étude, “ce secteur va profiter d’un marché de l’emploi cadre très dynamique, porté notamment par les fonctions de Directeur développement, de Directeur programmes, et de Directeur asset management (gestion d’actifs)”. En outre, Coralie Rachet constate que 70 % des cadres en immobilier désirant changer d’entreprise sont “rachetés” par leur organisation d’origine, “qui leur propose systématiquement une contre-offre” (une augmentation, une promotion ou des bonus).
Pénurie de compétences et guerre des talents
Dans un contexte de guerre des talents et de pénurie de compétences, comment les entreprises peuvent-elles attirer, et surtout retenir, des cadres en situation de force ? Si la rémunération reste un élément important d’attractivité, elle n’arrive qu’en cinquième position des attentes des cadres. La “quête de sens” reste ainsi leur motivation première (62 %), suivie par “un management basé sur la confiance” (60%), l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle (55 %) et l’intérêt du poste et des missions (38 %). “En plus d’augmenter les salaires et d’octroyer des bonus, les entreprises favorisent ainsi pour leurs cadres le travail en mobilité (télétravail, coworking), et transforment leurs pratiques managériales”, conclut Coralie Rachet.