A l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce lundi 10 octobre, Julien Alart, co-fondateur de la start-up Lumm, plateforme dédie au bien-être mental au travail, décrypte les enjeux de la prévention des risques psychosociaux en entreprise.
Comment accompagnez vous les entreprises dans leur saisie des enjeux du bien-être et de la santé mentale ?
Lumm est une plateforme d’accompagnement du bien-être mental en entreprise. Notre rôle est de démocratiser la gestion du bien-être mental dans les entreprises. En apportant des outils aux salariés, que ce soit un soutien psychologique immédiat s’ils en ressentent le besoin ou des parcours d’accompagnement personnalisé sur le long terme avec des coachs, de façon à faire du développement personnel pour trouver un moyen de s’épanouir de manière et de se libérer de certains freins psychologiques. Nous nous adressons aussi directement aux entreprises, pour effectuer un travail sur la mesure du bien-être mental. Il s’agit de comprendre si les gens vont bien, quelles sont les zones de vigilance à surveiller. Pour démocratiser le sujet via notre plateforme, nous aidons les entreprises à parler du bien-être mental, via des newsletters, des webinars, des formations. Pour que tout le monde s’autonomise dans sa capacité à comprendre et à gérer le sujet du bien-être mental en entreprise, du stress, du burn-out…
En quoi ce sujet de la santé mentale en entreprise doit-il devenir un sujet majeur pour les managers ?
C’est un sujet forcément central pour les salariés. Nous sommes tous concernés par l’évolution de notre santé mentale et il faut savoir réagir et anticiper les risques. C’est pour cela que nous sommes partisans de la prévention au maximum, plutôt que la curation. La barrière entre le professionnel et le personnel existe de moins en moins, et la période covid a intensifié cela. Nous avons un lien avec le travail en quasi-permanence. Cela a un impact fort sur les salariés, la manière de vivre son travail au quotidien. Aujourd’hui, les risques psycho-sociaux sont la deuxième source d’arrêts de travail de longue durée juste derrière les troubles musculosquelettiques. On sait surtout qu’un salarié qui rencontre des difficultés psychologiques va rencontrer une période de perte d’engagement, de productivité et de créativité. Une entreprise et un salarié doivent pouvoir y remédier.
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Aujourd’hui, les salariés réclament plus d’outils et de formation sur ces enjeux, les choses évoluent donc dans le bon sens ?
On parle de la santé mentale et des risques de burn-out de plus en plus facilement. Et donc les attentes des salariés, en matière de prise en compte des risques psychosociaux et des enjeux de développement personnel augmentent naturellement. Mais comme sur beaucoup de sujets, les Etats-Unis sont en avance sur nous, les premiers outils de prévention sont arrivés sur le marché chez eux il y a des années. En France, on en est encore souvent à des outils de soutiens psychologiques, qu’une solution comme la notre bouscule déjà. Il ne s’agit pas de juste appeler un numéro vert mais de mettre en place un accompagnement et de la prévention au quotidien. Il faut pour cela s’adresser au salarié, au cadre et au dirigeant.
Il y a encore des freins liés au marché et à des éléments culturels. On parle plus facilement de ces sujets aux Etats-Unis, pendant qu’en France on a souvent tendance à y voir plus un problème et un tabou. Mais nous avons fait un grand pas en avant dernièrement, jamais nous n’avons autant parlé de santé mentale en entreprise, on l’a vu durant la dernière campagne présidentielle. L’évolution culturelle est en cours. La demande des salariés et des cadres aujourd’hui c’est d’avoir un service pris en charge par l’entreprise qui entre dans une stratégie d’accompagnement global, qui permet aux collaborateurs de grandir et de contribuer le mieux possible. C’est un donnant-donnant.
Il faudra donc que les entreprises adoptent une approche globale et inclusive pour les salariés ?
Les services que nous proposons font partie des rares choses que l’entreprises ne peut pas ne pas externaliser. Proposer une solution liée au bien-être mental nécessite de la confidentialité, de l’anonymat et des expertises qui ne sont pas mobilisables en interne le plus souvent, à part au sein des très grandes entreprises. Il y a un vrai besoin. La démarche doit être donnant-donnant et se faire en partant des besoins des équipes. Mettre une démarche comme celle que l’on propose en place doit être un projet d’entreprise, une démarche globale et transparente auprès des salariés. Il y a un gros travail de conseil et de formation à mener auprès des directions et des managers, pour créer un équilibre entre la volonté de proposer une solution à ces enjeux et mettre en place une solution adaptée aux besoin des salariés.