Les relations que les salariés entretiennent avec leurs collègues jouent un rôle important dans le bien-être au travail. Mais comment faire quand on se sent en décalage, au point que cela nous éloigne d’eux ? Le mieux est de trouver des compromis sans se forcer à être quelqu’un d’autre.
Bien faire son travail ne suffit pas toujours à s’intégrer avec succès dans une nouvelle équipe. “C’est important de se sentir bien. Les salariés passent tellement de temps au travail que les relations qu’ils y entretiennent sont génératrices d’un sentiment d’appartenance et de reconnaissance, ou au contraire de rejet. Ce qui peut être un facteur de stress”, développe Sylvaine Pascual, dirigeante du cabinet Ithaque Coaching. Ce sentiment de rejet peut même toucher des salariés habitués à changer d’équipe ou d’emploi régulièrement et aguerris aux codes sociaux du monde de l’entreprise. Il suffit que les moments de socialisation de vos nouveaux collaborateurs ne vous correspondent pas du tout. Si cela a une répercussion sur votre travail, il peut être intéressant de s’en préoccuper.
Les petits arrangements
Plusieurs situations peuvent vous couper de moments où s’échangent de façon informelle des informations importantes, qui vous permettraient par exemple de gagner du temps dans le traitement de vos dossiers, à l’image de la pause cigarette. “Effectivement, on remarque que des choses se disent entre les collègues qui fument, confirme Sylvaine Pascual. L’idée n’est pas de vous y mettre, mais de vous adapter. Vous pouvez les accompagner une fois de temps en temps”, poursuit cette dernière.
En effet, rien ne vous empêche de prendre votre pause avec eux, pour boire votre café, grignoter une barre de céréales, ou juste pour discuter… “C’est à vous de mesurer. Vous n’êtes pas obligé d’y aller à chaque fois, mais quand cela vous fait plaisir”, ajoute Sylvaine Pascual. Il en est de même, par exemple, dans le cas d’un salarié qui fait un régime alors que les autres ont l’habitude de se retrouver pour manger à midi dans la semaine, à des endroits où la nourriture n’est pas forcément légère. Vous pouvez une fois par mois par exemple, vous accorder un écart avec eux si cela est compris dans votre routine, ou tout simplement vous renseigner pour voir si ces endroits proposent des plats qui conviennent à votre régime.
Faire semblant n’est pas un facteur d’intégration
Vos collègues se retrouvent tous les soirs pour prendre un verre, vous n’avez aucune envie d’y aller, mais vous décidez de vous forcer… Ce n’est pas une bonne stratégie. Prenez le temps de vous demander ce qui vous fait plaisir. Vous pouvez aussi expérimenter, et voir ensuite combien de fois par mois vous désirez partager ce moment avec eux. “Se forcer peut produire du stress, cela va engendrer plus de mal-être personnel que de joie d’être intégré. C’est là que le dosage peut être délicat à trouver”, explique Sylvaine Pascual. Un point de vue partagé par Clovis Coqu, dirigeant-fondateur du cabinet de recrutement et de conseil, Eclosio. “Si une personne se force à adhérer à tout, elle risque d’être dans le même malaise que si elle ne participait à rien. Ce n’est pas pour cela qu’elle sera mieux perçue par ses collègues car elle sera dans une relation un peu surfaite.”
Il n’est pas question que vous vous sacrifiez. “Il faut mesurer l’impact sur le quotidien au travail. Si vous vous sentez mal à l’aise et que vous y aller avec la boule au ventre, uniquement pour des questions relationnelles, cette situation peut avoir des répercussions sur votre travail. C’est normal de donner un peu de soi mais il faut aussi que les autres soient compréhensifs”, développe Clovis Coqu.
Être initiateur
Peut-être que vous pouvez aussi apporter de nouvelles choses dans l’entreprise. Par exemple, si ce qui vous rebute le plus sont les sujets de conversation, comme des salariés qui parlent toujours de leurs enfants, alors que ce type de discussions ne vous intéresse pas, pourquoi ne pas tout simplement être à l’origine de thématiques différentes ? “Il ne faut pas s’arrêter sur le fait qu’ils parlent toujours de tel ou tel sujet. Il s’agit peut-être d’une habitude qui a été prise, mais si quelqu’un arrive avec un autre sujet, cela peut les intéresser”, rappelle Sylvaine Pascual. Mais vouloir modifier, même un peu, les habitudes de ses collègues requiert de s’y prendre en douceur. “Proposer autre chose demande un peu de délicatesse pour ne pas passer pour une personne qui ne veut pas s’intégrer et qui essaye juste de tout changer, explique la dirigeante du cabinet Ithaque Coaching. Cela requiert aussi un peu de sens de l’observation afin de détecter comment les relations s’organisent dans l’équipe. Qui fait quoi ? Comment chacun agit ?”, poursuit-elle.
N’oubliez pas non plus le rôle de la communication, comme le résume Clovis Coqu. “Les collaborateurs seront plus compréhensifs si vous donnez des explications plutôt que si vous vous contentez seulement de refuser leurs sollicitations. Ils seront capables de comprendre. Vous n’êtes pas obligé d’adhérer à tout ce qu’ils ont mis comme règles ou principes pour être intégré. Pour que cela soit bien perçu, il faut malheureusement un peu justifier votre comportement qui est en décalage.”