Les judokas étaient particulièrement attendus aux Jeux de Paris 2024. Et, sans surprise, ils ont su être au rendez-vous. Shirine Boukli a ainsi été la première médaillée française de bronze au judo dans la catégorie des moins de 48 kg. Pour elle, ouvrir le bal de l’obtention de breloques tricolores, était « une motivation en plus », confiait-elle lors d’une conférence de presse à Paris fin juin dernier. Elle tenait à impulser cette dynamique, à « donner envie à (son) équipe et autres athlètes français d’aller chercher encore plus de médailles », d’être celle qui allait « tout lancer. » C’est chose faite grâce à une préparation en 3 étapes.
1. Eviter le surmenage
Une fois sélectionnée aux Jeux olympiques de Paris 2024, « la préparation devient différente », indiquait l’athlète de 25 ans : « Il n’y a plus de pensées parasites sur une possible sélection ou non. La concentration sur l’objectif à atteindre devient totale. Plus nous le savons à l’avance, mieux c’est, car il faut du temps pour se mettre dedans et se concentrer à fond sur l’échéance olympique. »
Cette concentration permet notamment d’éviter les risques de blessure tant redoutés par les sportifs en amont d’une compétition importante. « Il y a des choses que nous ne contrôlons pas, le corps peut lâcher. Il faut faire des choix, savoir rester raisonnable. Les Jeux olympiques de Paris, c’est une opportunité unique, il n’y en aura pas d’autre. Je ne veux pas la rater », poursuivait-elle auprès de Courrier Cadres.
Les athlètes ne sont en effet jamais à l’abri d’un tel imprévu. Luka Mkheidze, le médaillé d’argent de 28 ans dans la catégorie des moins de 60 kg, en a fait la malheureuse expérience peu de temps avant son sacre : « Il n’y a pas de bon moment pour une opération. Nous ne sommes jamais sûrs de revenir, ni de retrouver le même niveau qu’avant. Mais, dans mon cas, c’était le meilleur moment, car on était encore en début d’olympiade. Ça m’a laissé le temps de souffler et de revenir petit à petit. Il vaut mieux se blesser avant qu’après. J’ai eu le temps de me reconstruire et de réfléchir. »
2. Favoriser l’esprit d’équipe
Les deux judokas s’accordent à dire que l’esprit d’équipe fait également une grande différence dans la performance le jour de la compétition, y compris dans un sport individuel comme le leur. « Nous sommes toutes différentes, rappelait Shirine Boukli en parlant des autres judokates. Avec des parcours et des motivations différentes, mais nous avons toutes envie de la même chose, devenir championnes olympiques. Nous avons su faire la part des choses entre s’amuser et travailler. La préparation, c’était un joyeux bordel ! »
Luka Mkheidze qui, lui, tire « une grande motivation » de son exil vers la France, et aujourd’hui de sa double nationalité, abonde en ce sens : « Je me suis entouré de personnes avec qui je me sentais bien, qui me mettaient à l’aise, qui ne me mettaient pas trop de pression. » Globalement, « il ne faut pas se disperser, rester dans sa bulle. Il ne faut pas perdre de l’énergie inutilement, ni se fatiguer. Pour briller, il faut travailler dur. »
3. Se concentrer sur la victoire
Si la préparation constitue la majeure partie de la victoire, l’ultime étape est celle de la concentration le moment venu. « Ce jour-là, je me transforme, je donne tout ce que je peux, je ne lâche rien, je vais au bout de mes matchs, je ne laisse pas la moindre chance à mon adversaire », témoignait Luka Mkheidze. Un état d’esprit partagé par sa consœur : « Je n’ai pas envie de perdre, car la défaite est difficile à accepter. » Même si dans le meilleur des cas, elle peut « donner envie de retourner au combat assez rapidement », disait-elle.
Pour la jeune femme, cette victoire représente ainsi « la concrétisation de tout mon travail, c’est un rêve », tout en soulignant qu’elle a travaillé « tous les jours pour atteindre cet objectif. » Plus jeune se remémore-t-elle, « je me concentrais surtout sur ma compétition départementale du lendemain. J’avançais étape par étape. Je n’avais pas d’exemple de réussite sportive dans mon entourage. Chaque avancée était une formidable surprise. » En voici une autre, qui a marqué les esprits, et dont elle se souviendra longtemps.
Pour rappel, le président Emmanuel Macron avait aussitôt réagi sur les réseaux sociaux à ces deux premières médailles tricolores : « Et de une ! Félicitations Shirine Boukli. La première d’une longue série », pouvait-on lire samedi 27 juillet, avant de féliciter dans la foulée le second médaillé français : « Et de deux ! Luka Mkheidze médaille d’argent ! Bravo à nos judokas. » Depuis, une pluie de médailles olympiques françaises ont suivi.
Crédit photo : Victor Velter