Carrière

Soigner son mental pour libérer son potentiel

Dans la vie d’un sportif de haut niveau comme dans celle d’un cadre dirigeant, les blocages psychologiques sont autant d’obstacles à la réussite. Pour vaincre ces freins émotionnels et exprimer pleinement tout son potentiel, l’ancien boxeur Pierre David, fondateur de l’Académie de la haute performance, propose sa méthode : la Dépolarisation, détaillée dans son livre Préparation mentale gagnante (Eyrolles).

Comment en êtes-vous arrivé à développer une méthode de préparation mentale à la réussite?

Je suis moi-même ancien boxeur de haut niveau. J’ai atteint 5 finales de championnats de France, pour une seule victoire, non pas grâce au mental mais à cause du mental. J’ai à chaque fois subi une forme de blocage psychologique avant le combat. À l’époque, j’ai expérimenté la sophrologie, l’hypnose, mais rien n’a résolu mon blocage.  Puis je me suis retrouvé à méditer pendant 20 jours dans un temple en Thaïlande et me suis formé à l’institut des Neurosciences et à l’Ecole Centrale d’Hypnose. J’ai eu un déclic : le blocage que j’avais en tant qu’être humain est le même que celui que j’avais en tant que sportif. Il s’agissait de mon identité d’être humain, de la partie immergée de l’iceberg. J’ai donc créé l’Académie de la haute performance, pour aider le plus de sportifs possible à dépasser leurs doutes et à être performants. Et j’accompagne aujourd’hui également des entrepreneurs et des dirigeants dans leur réussite professionnelle.

En somme, les blocages que peut ressentir un sportif sont facilement transposables au monde de l’entreprise ?

Tout à fait. Qu’il s’agisse d’une carrière sportive ou entrepreneuriale, quand on cherche à évoluer et à atteindre des objectifs, on peut rencontrer le même type de freins. J’ai commencé par accompagner des sportifs et des entrepreneurs m’ont sollicité en constatant que cela faisait écho à leur propre expérience. Etant donné que je grandissais aussi en tant qu’entrepreneur, j’étais également bien placé pour comprendre les similarités entre vie de sportif et vie de dirigeant. En interne, les blocages sont les mêmes, c’est en externe que le contexte change. La méthode que je détaille dans le livre Préparation mentale gagnante, celle de la Dépolarisation, peut s’appliquer à toute personne qui souhaite dépasser ses blocages internes pour atteindre ses objectifs. Il n’y a pas de base scientifique, mais ses résultats sont bien là, nous avons accompagné des sportifs qui ont remporté des médailles et des titres, notamment aux JO, et qui témoignent dans le livre.

Comment résumer votre méthode en quelques phrases ?

La méthode de la Dépolarisation consiste à sortir de la dualité du « soit je gagne, soit je perds » en se concentrant plutôt sur le chemin et sur l’être humain que l’on est. L’important ce n’est pas le défi que l’on se donne, mais l’être humain que l’on veut devenir. Il s’agit de s’occuper du « je suis » pour pouvoir éliminer la peur de l’échec et vaincre ses freins émotionnels. Pour les dirigeants, c’est par exemple se poser une question : quel entrepreneur je souhaite devenir ? Mais aussi se centrer sur son état d’être et son état d’esprit en dehors des circonstances extérieures que l’on ne peut pas maîtriser. Cela a permis à des dirigeants d’effectuer des changements et des initiatives durant le confinement qu’ils n’auraient pas entrepris autrement.


La méthode de dépolarisation en 5 points clés :

1° Identifier et s’approprier le trait de caractère qui nous embête chez les autres

2° Sortir de la dualité « soit je gagne, soit je perds »

3° Prendre conscience de son système de priorités intrinsèques et se recentrer sur soi

4° Supprimer les « il faut » et « je dois » et regarder à long terme

5° L’important ce n’est pas ce que vous faites mais qui vous devenez


Il s’agit également d’apprendre à gérer la peur de l’échec ?

En quelque sorte, l’échec n’existe pas. C’est plutôt que l’on a pas atteint le résultat sous la forme attendue. C’est la partie basse du cerveau qui ressasse, qui rumine, qui prend de l’espace mental en ne parvenant pas à passer outre. Ce que l’on dit, c’est d’essayer de prendre de la hauteur et de par exemple se projeter un an plus tard en listant 50 bénéfices nés de cette étape et 50 inconvénients si elle n’avait pas eu lieu. De sorte à activer la partie haute du cerveau, le cortex préfrontal, qui fera la synthèse et permettra de comprendre que ce n’est pas un échec en soit mais un passage obligé dans notre évolution.

Un exemple cité dans le livre : Chloé Trespeuch, vice-championne olympique de snowboard cross en 2022, est tombée à 10 mètres de la ligne d’arrivée en 2018, mais explique que sans cet « échec », sa médaille d’argent n’aurait pas été possible ensuite. Il faut voir un échec comme un élément chalengeant grâce auquel on grandit et on construit notre réussite future.

Comment passer alors de l’individuel au collectif ?

Un point important sur lequel j’insiste auprès des personnes que j’accompagne est qu’une entreprise ressemble à une molécule.  À l’intérieur, soit les gens se polarisent entre eux et créent des frictions, soit ils sont capables d’intégrer qu’il faut être complémentaire et se centrer sur ce qui est important pour soi. Cela nécessite alors moins de management. Selon moi, le surmanagement est un symptôme montrant que les salariés sont en dehors de ce qui est réellement important pour eux. Quand les gens sont dans leurs systèmes de priorités intrinsèques et ne font pas les choses parce qu’ils doivent les faire pour éviter la contrainte, ils sont plus naturellement inspirés, motivés et prêts à se dépasser. Le surmanagement prend de l’énergie au manager. Pire : si le salarié se force à faire ses tâches sans y trouver du sens, c’est négatif pour l’ensemble des parties. Un être humain ne peut pas aller contre ce qui est important pour lui sur le long terme.

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