Souvent sacrifié, le sommeil est pourtant votre meilleur allié quand il s’agit de performer. Aussi, pour le protéger, il faut savoir couper avec les messages, emails et autres notifications, pour reposer votre cerveau et gagner en sérénité. À l’occasion de la 23ème journée nationale du sommeil, qui se déroule le vendredi 17 mars, découvrez les conseils de Silvia Garcia, spécialiste en performance et bien-être au travail, fondatrice et CEO de Happiest Places to Work.
Il n’est pas surprenant que l’inventeur de l’ampoule électrique, Thomas Edison, considérait que dormir était une perte de temps. Il disait que le succès dépendait largement de la capacité de chacun à rester éveillé pour devancer les concurrents (1). Dans une interview qu’il donna en 1889, Edison révéla dormir un maximum de quatre heures par nuit et il exigeait la même “vigilance” à ses employés. « Au début, ils ont eu un peu de mal à rester éveillés et ils se cachaient pour dormir sous les escaliers, racontait Edison. Nous avons même utilisé des surveillants pour les réveiller. Avec le temps, ils ont fini par s’y habituer. » Ainsi, l’invention d’Edison et sa campagne contre la « perte de temps » ont eu pour conséquence de réduire le temps que l’humanité dévoue au repos. Concrètement, les Français dorment aujourd’hui en moyenne 7,5 heures par nuit, soit 1 heure et 30 minutes de moins qu’il y a 50 ans. Cela peut sembler a priori plutôt acceptable. Hélas, ce n’est sûrement pas assez car, selon les données de l’Inserm, 45 % des 25/45 ans considèrent qu’ils dorment moins que ce dont ils ont besoin.
D’après les spécialistes, une mauvaise qualité/quantité de sommeil accentue le risque d’irritabilité, de symptômes dépressifs mais aussi de prise de poids, d’hypertension ou d’infection. Au contraire, un sommeil de qualité représente la forme la plus aboutie du repos et permet à l’organisme de récupérer, que ce soit sur le plan physique ou mental. Il œuvre aussi à consolider notre mémoire. Cependant, dans le milieu professionnel, le manque de sommeil est souvent vu comme le prix à payer pour arriver dans les premiers dans la course au succès. Beaucoup de grands patrons exhibent leurs peu d’heures de repos comme un trophée. Le président de Facebook, Mark Zuckerberg, travaille jusqu’à 60 heures par semaine, fait de l’exercice et consacre aussi du temps à sa famille. Comment fait-il ? Il sacrifie son sommeil et ne se repose que 5 heures par nuit. Si l’on devait choisir entre réussir notre vie professionnelle et personnelle ou dormir, le choix serait vite fait, nous sacrifierions notre sommeil ! Sauf que cela peut se révéler être un très mauvais choix.
Symptômes de manque
En 2007, l’entrepreneure et journaliste Arianna Huffington s’écroula sur son bureau. Depuis un mois, elle enchaînait les rendez-vous toute la journée et travaillait tard la nuit sur son ordinateur pour mener à bien son nouveau projet de page web d’informations, le Huffington Post. Elle raconte qu’elle « faisait la nuit ce qu’elle n’avait pas pu faire le jour ». A cette époque, elle dormait entre 3 et 4 heures par nuit. Aujourd’hui elle connaît l’importance de dormir suffisamment et a même créé une ONG pour promouvoir le sommeil ! Sans arriver jusqu’à l’épuisement, beaucoup de personnes sont en manque d’énergie, de concentration et de patience car elles sont en manque de sommeil. Et la plupart confessent que la technologie y est pour beaucoup. Selon une étude Nielsen, aux Etats Unis, un adulte passe une moyenne de 11 heures par jour sur ses écrans. Cela laisse peu de temps pour tout le reste, dont le repos. Outre le temps que la technologie prend, le fait de regarder les emails ou les réseaux sociaux avant de dormir provoque une phase d’excitation peu propice à la détente nécessaire pour préparer un sommeil réparateur. Il est possible de se poser des limites ! Comment ? Grâce à une detox digitale, facile à mettre en œuvre, pour améliorer repos, mémoire et concentration.
Etablissez des moments précis de 30 minutes environ pour lire et répondre à vos messages et notifications. Evitez de les vérifier en dehors de ces moments. Vous risquez de ressentir un manque au début : c’est normal. Avec cette mesure, vous retrouverez la capacité de vous concentrer longtemps sur un projet et vous verrez votre productivité augmenter tout en étant moins fatigué. En 2005, une étude de l’Institut de Psychiatrie de Londres a déterminé que les interruptions font perdre aux individus l’équivalent de 10 points de quotient intellectuel : le double du cannabis !
Pour ne pas être tenté de consulter votre smartphone en dehors des moments que vous avez choisis, éliminez les notifications “push” que la plupart des applications vous proposent automatiquement.
Laissez votre portable là où vous ne pourrez pas le consulter quand vous êtes au lit. Une étude américaine a déterminé que 70 % des participants consultent leur portable au lit. Lisez plutôt un livre ou un magazine ! Utiliser un dispositif électronique avant de dormir provoque une mauvaise qualité de sommeil et de la somnolence la journée.
Si suivre tous ces conseils à la fois vous semble trop contraignant, choisissez celui qui vous convient le mieux. Car sacrifier son sommeil ou accepter les interruptions de vos appareils électroniques ne sont sûrement pas les meilleures stratégies pour performer dans l’entreprise. L’inverse cependant peut jouer en votre faveur et vous offrir les meilleures chances de succès grâce à un équilibre mental à toute épreuve.
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(1) Dangerously Sleepy: Overworked Americans and the Cult of Manly Wakefulness.
