Les villes continuent à parier sur le tourisme d’affaires, alléchées par des retombées économiques importantes. Des équipements – décidés avant la crise sanitaire – ouvrent leurs portes, d’autres se rénovent pour s’adapter aux nouvelles exigences. Gare à l’overdose !
C’est l’heure des dernières couches de peinture à Strasbourg ! Le 2 septembre, la ville inaugurera son nouveau parc des expositions. Conçu par le cabinet d’architecture Kengo Kuma & associates et installé à deux pas du palais de la musique et des congrès, le lieu de 25 000 m2 (qui a coûté la modique somme de 120 millions d’euros) entend repositionner l’Eurométropole de Strasbourg comme une destination européenne de référence pour l’organisation de congrès et événements nationaux et internationaux. Ce parc des expositions vient s’ajouter à une longue liste de 200 équipements français destinés à accueillir congrès, foires et séminaires. Il symbolise la résilience du secteur après deux années de pandémie. Partout en France, dans les grandes villes comme dans les petites préfectures, dans les stations maritimes mais aussi dans les massifs montagneux, les ouvertures se multiplieront durant les prochaines années, malgré le contexte sanitaire toujours incertain. Il est vrai que beaucoup de projets ont été lancés il y a plusieurs années. D’autres territoires investissent massivement pour remettre au goût du jour des infrastructures vieillissantes et attirer les entreprises dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Pourtant, de nouvelles exigences (équipements digitaux pour des événements hybrides, contraintes environnementales…) rebattent les cartes. Parmi les rénovations les plus récentes, citons le centre des congrès d’Angers qui a bénéficié d’un lifting de 16 millions d’euros, le palais des congrès de Versailles de style art-déco qui a rouvert après deux ans de travaux ou encore le palais du Touquet-Paris-Plage dont l’agrandissement est très réussi. Cet engouement ne doit rien au hasard : un voyageur d’affaires dépense deux à quatre fois plus qu’un touriste et remplit les hôtels en dehors de la haute saison, contribuant à faire vivre commerces et restaurants toute l’année. Mais gare aux belles promesses. Gourmands en frais fixes, ces équipements peuvent aussi s’avérer de véritables gouffres financiers ; encore plus lorsque voulus par une municipalité soucieuse de briller mais peu regardante quant à la rentabilité et qui opte pour des lieux parfois disproportionnés. Car dans les villes moyennes, le nombre de chambres en 3 et 4* est souvent insuffisant et constitue un frein pour accueillir de grandes manifestations.
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Des lieux qui veulent s’imposer
Dans cette folle course, Orléans était l’une des rares grandes métropoles françaises à ne pas disposer d’un équipement majeur. Ce sera chose faite cet automne. La capitale de la région Centre-Val de Loire a investi 150 millions d’euros dans Co’Met, un équipement multifonctionnel qui réunit sur un même lieu une salle de conférences de 1000 places et 800 m2 de salles de commission pour les manifestations professionnelles, une salle de 10 000 places pour les événements sportifs ou culturels et un nouveau parc des expositions de 16 000 m2. Non loin, aux portes du Futuroscope, Poitiers compte sur sa nouvelle Arena à l’architecture contemporaine, inaugurée en avril, pour attirer les entreprises (jusqu’à 5500 places assises). D’autres métropoles régionales ont ouvert de nouveaux équipements en pleine crise sanitaire. Tournant au ralenti depuis leur ouverture, ils devraient enfin s’imposer dans les prochains mois. Quatrième ville de France, Toulouse compte sur le MEETT inauguré en septembre 2020 pour faire la différence. Conçu par l’agence OMA créée par Rem Koolhas, le bâtiment porte clairement la signature de l’architecte de Rotterdam, marquée par des matériaux bruts et une large place accordée à la lumière naturelle. L’ensemble combine un parc des expositions avec un hall de 40 000 m2 et un centre de conventions équipé d’une salle plénière (de 3 300 personnes). La « rivale » Bordeaux ne pouvait rester indifférente à cette offensive. Sa réponse s’appelle le Palais 2 l’Atlantique, nouveau hall d’expositions et de congrès qui complète les équipements du parc des expositions de la ville. Il peut accueillir des événements jusqu’à 6000 visiteurs grâce à un système de murs et gradins mobiles. De quoi faire de Bordeaux une place forte du tourisme d’affaires en Europe et concurrencer des métropoles comme Paris, mais aussi Barcelone ou Vienne pour l’accueil de congrès majeurs. Du côté des villes plus petites, le Cap d’Agde dispose d’un nouveau vaisseau aux lignes blanches pour séduire les entreprises (salle pour 1100 personnes), alors que Valence a inauguré en début d’année un nouveau palais des congrès (auditorium de 500 places) et d’expositions baptisé Jacques Chirac.
Cette frénésie devrait se poursuivre dans les prochaines années. Lancée en 2015, la fin de la rénovation de Paris Expo Porte de Versailles – qui a vu l’ouverture du Paris Convention Centre en 2017 (permettant d’accueillir des congrès jusqu’à 35 000 personnes !) – s’achèvera après les Jeux Olympiques de Paris 2024. De son côté, Nice prépare le déménagement de son palais des congrès Acropolis situé aux portes de la vieille ville. A la place, à l’horizon 2026, un équipement de 70 000 m2 doit sortir de terre près de l’aéroport. A Nîmes, on annonce une structure de 10 000 m2 située à deux pas du musée de la Romanité pour 2025. Un peu plus tard, Caen devrait voir le projet de transformation de l’ancien palais de justice en salle et de congrès et hôtel devenir réalité. Au Mans, un projet de rénovation et d’extension du palais des congrès est dans les cartons, tout comme à Brest où le Quartz a fermé ses portes pour une rénovation qui s’achèvera en 2023. Enfin, profitant de sa situation à 100 kilomètres de Paris, Chartres fignole un projet de parc des expositions, avec un bâtiment de 15 000 m2 signé de l’architecte Rudy Ricciotti, à qui l’on doit le Mucem de Marseille. Livraison prévue en 2024. La bataille des congrès devrait repartir de plus belle !