La crise sanitaire a accéléré les évolutions constatées depuis déjà plusieurs années. Palais des congrès et lieux événementiels s’adaptent pour accompagner la reprise et répondre aux nouveaux besoins des entreprises. Focus sur les trois tendances des prochaines années.
De nouveaux formats hybrides
L’avantage de l’absence de rencontres physiques durant deux années ? Cela a poussé les palais des congrès à investir dans les nouvelles technologies et le digital pour relayer les événements au-delà des cloisons de leurs auditoriums. Partout, ils aménagent (ou se préparent à le faire) des studios de télévision afin de proposer aux entreprises une solution plus sécurisée que celle qu’elles pourraient bricoler dans leurs locaux pour leurs webinaires et autres présentations digitales. Tous renforcent également leur réseau wifi afin de faciliter le streaming et proposer des événements totalement digitaux ou hybrides, qui mêlent un volet en présentiel et un public digital installé derrière son PC, ce qui permet d’élargir l’audience à moindre coût. L’hybridation permet également de faire intervenir à distance, par vidéo, des conférenciers de renom qui ne pourraient ou ne voudraient pas se déplacer pour une heure de présentation, tout en réduisant du même coup l’empreinte carbone. A Tours, le palais des congrès met en avant un studio de 100 m2, avec mur Led, régie son, caméras robotisées et techniciens spécialisés dans la direction artistique ou le motion design. En septembre dernier, le palais des festivals de Cannes a dévoilé un studio de télévision de 120 m2 doté des dernières technologies. A travers l’association Hybrid City Alliance dont Cannes est membre, la ville entend développer massivement les événements hybrides. A Paris, Viparis, qui gère neuf sites prestigieux (Paris Expo Porte de Versailles, Paris Villepinte, Palais des Congrès…), propose une offre de studios TV clé en main, alors que Deauville met à disposition un studio capable d’accueillir jusqu’à six personnes. Mais ces équipements ne sont pas réservés aux grandes infrastructures. Le Centre Expo Congrès de Mandelieu-la-Napoule (auditorium de 1 000 places) s’est lui aussi doté d’un studio d’enregistrement high tech. A vos écrans !
Des réunions responsables
Difficile pour une entreprise de mettre en place une politique RSE et de ne pas s’imposer de règles strictes lorsqu’il s’agit de partir en séminaire. De Lille à Nancy, de Metz à Tours, les palais accessibles en train et proches d’une gare (pour un dernier transfert à pied plutôt qu’en taxi) devraient marquer des points dans le futur. Et la labellisation ou certification, autour de la qualité et désormais du développement durable, est de mise pour répondre aux entreprises souhaitant organiser des événements « responsables ». Depuis les décors recyclables jusqu’aux circuits courts pour les repas en passant par la distribution des produits non consommés à des associations caritatives et une gestion fine de la consommation énergétique, 30 à 40 % des palais français ont entrepris une démarche d’éco-certification. Si l’argument ne fait pas toujours mouche (d’autant qu’il se traduit généralement par des surcoûts), il devrait devenir essentiel à l’avenir car de plus en plus d’entreprises ajoutent un volet « développement durable » lors des appels d’offre. La Cité des Congrès de Nantes montre l’exemple. Certifiée Iso 20121, la norme qui « offre des lignes directrices et les meilleures pratiques pour aider à gérer un événement et à maîtriser son impact social, économique et environnemental » selon la définition de l’Organisation internationale de normalisation, elle est également l’unique palais de l’Hexagone (parmi une trentaine au monde) à avoir obtenu l’AIPC (Association internationale des palais des congrès) Quality Standard, niveau Or. Freinée un temps par la crise sanitaire, cette course à la labellisation a repris de plus belle. Après Nancy, Rennes, Marseille, Metz, Biarritz, Deauville, Dijon, Cannes, La Baule ou Lyon, d’autres structures arborent depuis peu la précieuse certification Iso 20121 ; par exemple Tours, Lille et Dijon. Pour sa part, le palais des festivals de Cannes va devenir « société à mission » dans le courant de l’année, avec des objectifs sociétaux et environnementaux renforcés.
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Des équipements inspirants
Les entreprises ont un peu lâché du lest ces derniers mois (il est vrai qu’elles ont fait des économies sur leurs budgets réunions depuis deux ans !) et retrouvent le goût des belles choses pour donner du sens à leurs événements. Elles ajoutent à nouveau des activités afin de favoriser une cohésion d’équipe mise à mal par la pandémie, de préférence autour de valeurs de convivialité et de partage (rallye gourmand, sortie à vélo, jeux par équipe…). La destination doit désormais être inspirante pour mieux réfléchir et mieux partager des moments de respiration. Cette envie de sens se retrouve également dans le choix de l’infrastructure, qui doit être ancrée dans son territoire. Les entreprises plébiscitent des lieux atypiques, considérés comme plus propices à la réflexion. Dans un contexte de forte concurrence, deux visions s’affrontent. D’un côté, les palais des congrès aux lignes contemporaines ont pour ambition d’être des totems de la ville. Jean Nouvel avait montré la voie à Tours. Dans son sillage, de Jean-Michel Wilmotte qui a conçu le palais Robert Schuman de Metz à Christian de Portzamparc qui a dessiné le site de Paris-Saclay, les architectes « stars » mettent la main à la pâte. A l’inverse, d’autres villes préfèrent jouer la carte du cachet et de l’authenticité. A Valenciennes, la Cité des Congrès intègre le château d’eau et la centrale électrique d’un ancien site industriel. A Rennes, le palais des congrès a investi l’historique Couvent des Jacobins. A Avignon, les entreprises peuvent même se réunir sous les voûtes gothiques du Palais des Papes. Y trouvent-elles l’inspiration ?