Après deux années de parenthèse, les entreprises ont repris goût aux réunions et séminaires. Le marché des gros congrès et salons professionnels reste toutefois encore délicat, suspendu au risque de reprise de l’épidémie et pénalisé par une clientèle internationale moins nombreuse.
Comme chaque jour depuis le printemps, on se bouscule dans les allées du Corum, le palais des congrès de Montpellier. Après deux années d’activité en pointillés, rythmées par des règles sanitaires fluctuantes, des jauges de public évoluant au gré de l’épidémie et des périodes de fermetures qui ont freiné les ardeurs des organisateurs, le lieu retrouve des couleurs. « Le calendrier est plein jusqu’en décembre « , se félicite Michaël Delafosse, le maire de la métropole. Conventions et congrès, salons et séminaires se succèdent, avec parfois plusieurs rendez-vous par jour : un rythme qui s’explique par le report de manifestations, qui s’ajoute aux événements prévus depuis des années et ceux organisés à la dernière minute, ou presque ! Michaël Delafosse veut également y voir le résultat de la politique commerciale mise en place. Depuis début 2021, la métropole a en effet décidé de rembourser les frais engagés par les organisateurs dans le cas où l’événement ne pourrait pas se tenir pour raison sanitaire.
Recréer du lien
Montpellier ne fait pas exception. Angers se prépare à accueillir le congrès mondial de l’horticulture en août, qui va attirer 2 500 visiteurs sur les rives de la Loire et s’ajouter à un calendrier bien chargé. Et partout, du nord au sud de la France, on se félicite de la reprise, avec pour certains un niveau d’acticité supérieur à celui d’avant crise, même si les événements restent toujours sous surveillance et dans le respect de règles strictes, la crise sanitaire étant loin d’être terminée. Il était temps. La pandémie a entraîné un plongeon de l’activité événementielle de 60 à 80 % en 2020, et encore de 50 % en 2021. Les enjeux sont colossaux : en temps normal, 200 sites français majeurs (palais des congrès et parcs d’exposition) accueillent chaque année 4 200 foires, salons et congrès, qui font vivre 120 000 personnes et génèrent 7,5 milliards d’euros de retombées économiques selon l’Unimev (Union française des métiers de l’événement). Il faut y ajouter les dizaines de milliers d’événements d’entreprises qui se déroulent dans les grosses structures, mais également dans les hôtels ou lieux plus ou moins atypiques. « Les gens ont à nouveau besoin de se retrouver et les entreprises veulent recréer du lien et de la cohésion d’équipe après ces années mises à mal par le télétravail », confirme Maxime Tissot, directeur de l’office de tourisme et des congrès de Marseille. Il se félicite d’ailleurs d’avoir signé 180 « moyennes et grosses affaires » ces derniers mois. Si les principaux équipements de la ville (parc Chanot, palais du Pharo) font le plein, la cité phocéenne peut compter sur l’ouverture récente de plusieurs lieux innovants, comme l’espace MX dédié au pastis (musée, ateliers de mixologie…) et une réplique de la grotte préhistorique Cosquer dans la Villa Méditerranée. « Ces nouveautés répondent aux envies des entreprises, de plus en plus nombreuses à rechercher des lieux insolites pour faire passer leurs messages », complète Maxime Tissot.
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Chercher une nouvelle clientèle
A Lyon aussi, les voyants repassent au vert. La capitale des Gaules espère de très belles années 2022 et 2023. Elle a notamment accueilli plusieurs congrès internationaux (neurologie, médecine du sport, minéralogie) depuis le printemps. Les deux années de crise ont été mises à profit pour réfléchir à l’avenir et répondre aux nouvelles attentes. Dans ce cadre, le bureau des congrès OnlyLyon a créé un outil de visite immersif à destination des organisateurs d’événements. Baptisé « Plongez dans Lyon », il permet de découvrir les atouts de la ville et de visiter ses lieux événementiels de manière virtuelle. Autre destination majeure pour le tourisme d’affaires, Cannes a fait du dernier Festival du cinéma la vitrine du retour à une vie normale pour les professionnels du tourisme, dont l’activité est rythmée par le palais des festivals et des congrès. « Il accueille en temps normal une cinquantaine d’événements annuels, génère entre 800 et 900 millions d’euros de retombées économiques et 12 000 emplois » rappelle son p-dg Jean-Michel Arnaud, qui confirme plus de 50 événements en 2022. Les deux années de crise l’ont obligé à aller chercher de nouveaux clients au-delà des manifestations prestigieuses et salons professionnels qui constituaient historiquement son cœur de métier. Il ambitionne notamment d’attirer davantage les congrès médicaux. En juillet, la ville (élue meilleure destination d’Europe pour les festivals et événements au World Travel Awards 2021) a par exemple accueilli la première édition du Future of Healthcare Meetings.
Moindre envergure pour les salons internationaux
Cette belle reprise est confirmée par les chiffres de GL Events, spécialiste mondial du tourisme d’affaires qui gère une cinquantaine d’équipements (palais des congrès, parcs d’exposition…) en France et dans le monde. Son chiffre d’affaires du premier trimestre 2022 a doublé par rapport à la même période de 2021. Reste le cas des salons professionnels internationaux, encore pénalisés par la difficulté pour certaines clientèles, notamment en provenance d’Asie, de se déplacer. A Paris, où le niveau d’internationalisation des événements est bien plus important qu’ailleurs en France, aucun salon n’a été annulé lors du premier trimestre 2022. Mais les surfaces louées et le nombre d’exposants et de visiteurs demeurent inférieurs de 20 à 30 % aux niveaux de 2019 selon le baromètre de l’activité des salons franciliens publié par la CCI Paris-Île de France. Dans la capitale, on espère désormais un retour à la normal pour 2023, si aucun variant de la covid ne vient à nouveau jouer les trouble-fêtes…