Entreprise

Team-buildings : toujours plus authentiques et participatifs !

Exit les joutes sportives et les activités extrêmes. Pour favoriser la cohésion de leurs salariés, tout en répondant aux enjeux de développement durable, les entreprises privilégient désormais les team-buildings ludiques et collaboratifs, avec des expériences ancrées dans les territoires.

Ils sont une vingtaine à éplucher et couper, faire cuire et mijoter, sous l’œil d’un cuisinier expert. Encore une bonne heure, et ces salariés d’une PME pourront déguster leur navarin d’agneau. Depuis sa création il y a vingt ans, L’atelier des Chefs a déjà organisé 3 900 événements et accueilli 95 000 participants dans ses neuf ateliers répartis à Paris, Lyon, Lille, Toulouse et Arras. Il faut encore y ajouter les opérations organisées dans des lieux de réception extérieurs, grâce à une unité mobile. Ici, les participants cuisinent en « brigade » pour créer un esprit d’équipe autour d’un moment convivial et gourmand ; ou s’affrontent lors d’un challenge culinaire – comme dans l’émission de télé Top Chef – pour révéler les personnalités et talents, mais toujours avec bienveillance. Plébiscitée par les entreprises, cette expérience participative symbolise le virage pris par les team-buildings, généralement proposés en complément d’une journée de séminaire. Il y a quelques années encore, ces derniers visaient à encourager les salariés à se dépasser, voire à se démarquer dans un esprit de compétition. Mais l’époque n’est plus au saut à l’élastique ou à la course de karting pour montrer qu’on est le plus fort ! Les entreprises privilégient désormais des team-buildings collaboratifs et créatifs, afin de favoriser la cohésion d’équipe. « Avec la généralisation du télétravail et la hausse du turn-over, elles ont besoin de recréer du lien, de fédérer leurs équipes autour d’objectifs communs, de faire passer des messages. Le team-building est souvent l’occasion de réunir tous les collaborateurs au même endroit et au même moment, avec une forte tendance pour des activités de cocréation », explique Julien Ampollini, cofondateur de Funbooker. 

Des expériences immersives

Créé en 2017 pour le grand public, cette plateforme digitale d’expériences a rapidement élargi son offre au monde professionnel, qui génère aujourd’hui 50 % de l’activité. « Après le coup d’arrêt lié au Covid, puis l’emballement qui a suivi, nous retrouvons une croissance plus régulière. Les entreprises ont désormais intégré l’importance d’organiser des moments de respiration et de cohésion », poursuit le dirigeant, dont le catalogue commercialise 12 000 activités proposées par plusieurs milliers de partenaires, partout en France. Une tendance positive confirmée par Rejolt, spécialiste de l’organisation d’événements d’entreprise. « 2024 s’annonce dynamique, avec une hausse moyenne de 10 % du nombre de participants aux séminaires. Pour organiser leurs événements et team buildings, les entreprises plébiscitent les lieux et expériences immersifs, à forte valeur ajoutée ludique et technologique. Avec pour impératif des budgets identiques à ceux de 2023 », souligne le directeur Laurent Gabard. D’autres acteurs profitent de la dynamique, comme les plateformes Kactus ou Spotlag. Elles concurrencent les agences événementielles qui produisent leurs propres team-buildings, à l’instar de Magma Team Building né de l’alliance entre le spécialiste de l’événementiel Magma et Team Active (filiale d’Amaury), du groupe Autreman ou encore de Stardust Group spécialisé en audiovisuel et multimédia qui vient de créer son pôle « team-building et animations ».

Le succès de L’atelier des Chefs a inspiré de nombreux opérateurs, partout en France, qui organisent des expériences culinaires. Dans la ville de Tours, Caroline Lecouffe a jeté son dévolu sur une ancienne maison de ville pour créer Tours à Table. Elle collabore avec 25 professionnels (chefs, pâtissiers, œnologues…) afin de proposer diverses formules : cours de cuisine ou cocktails, challenge Top Chef, olympiades gourmandes… 

Mettre la main à la pâte

Avec, à chaque fois que possible, une touche locale ; de la traite d’une chèvre suivie par la confection de son propre fromage en Ardèche à la réalisation d’un pan bagnat sur la Côte d’Azur. Car, plus que jamais, ces activités collaboratives, qu’elles soient organisées en France ou à l’étranger, doivent être porteuses de sens et s’inscrire dans une démarche RSE. « Les entreprises réclament des expériences permettant de mettre en scène les cultures locales, qui favorisent la relation humaine. Il est dommage de faire des heures d’avion ou de train et de ne pas mettre en avant les particularismes régionaux. Et elles veulent de plus en plus d’activités « simplement » ludiques et collaboratives, sans notion de challenge ou de compétition », confirme Alia Boukhris, dont la société Echapevoo représente en France plusieurs agences événementielles étrangères. Le vin véhicule, lui aussi, des valeurs de partage et de convivialité que les entreprises apprécient de plus en plus. D’autant qu’il y a toujours une région viticole proche, un argument qui fait mouche à l’heure où l’écoresponsabilité pousse à jouer la carte de la proximité tout en recherchant des lieux originaux et inspirants. Aux traditionnels ateliers et séances de dégustation, elles réclament désormais des expériences participatives. Dans le Bordelais, le château de Rayne Vigneau organise un atelier permettant d’assembler son propre Sauternes en mélangeant divers cépages, que l’on partage perché dans un arbre après une (facile) ascension en rappel ! Le travail du vigneron est également une source d’inspiration : concours de montage de tonneaux (avec l’agence Active Tours, dans la région de Beaune), fresque sur fûts, élaboration de sa cuvée que l’on embouteille soi-même (Château Paradis, en Provence). Les mêmes activités se déclinent avec la bière dans les microbrasseries qui essaiment un peu partout, autour du cidre en Normandie et même avec des alcools plus forts, comme la liqueur Bénédictine devenue la coqueluche des mixologues. Dans l’historique et extravagant Palais de Fécamp, où elle est toujours fabriquée, des ateliers permettent d’apprendre à réaliser un délicieux cocktail. Tout aussi original, on peut fabriquer son propre gin à Paris, dans la nouvelle Distillerie de l’Arbre Sec. Dans une salle abritant 18 mini-alambics, les participants distillent alcool et plantes aromatiques, selon leurs goûts. Chacun repart avec sa bouteille, personnalisée par une étiquette unique. 

Cette envie de mettre la main à la pâte, à travers une approche ludique, créative et en relation avec le territoire, se décline à l’infini, y compris en mode artisanal : réalisation de sa fragrance à l’ABC du Parfum (Paris), fabrication de son propre savon à Marseille, de son sac de voyage à Lyon ou de son vitrail près de Poitiers (expériences proposées par la plateforme Wecandoo, qui recense 2 000 artisans et producteurs en France) et même assemblage de sa propre montre à Genève (avec Initium) ! « Avantages de ces team-buildings participatifs : ils sont abordables financièrement avec des activités à partir de 30 € par personne, suffisamment rapides pour s’intégrer à une réunion professionnelle et faciles à mettre en place dans les locaux de l’organisateur, de l’entreprise ou ailleurs. Et ils sont accessibles à tous, ne sont pas discriminants », précise Julien Ampollini. 

Devant ou derrière la caméra ?

Dans cette même logique du partage et de l’accès au plus grand nombre, les déclinaisons dans l’univers de l’art et de l’audiovisuel se multiplient. La réalisation d’une fresque commune, avec l’aide d’un artiste, permet par exemple aux salariés d’exprimer leurs personnalités tout en mettant en avant les valeurs de l’entreprise. À New York, il est même possible de réaliser une œuvre de street art (sur toile) dans le quartier arty de Bushwick dont les murs sont couverts de peintures d’artistes contemporains, avec l’agence francophone New York off Road. L’œuvre réalisée pourra (ou pas !) décorer les bureaux. Ces dernières années, la réalisation d’une bande dessinée ou d’un roman photo en mode collaboratif fait également mouche, avec l’aide d’une tablette numérique. Mais rien ne vaut… une bonne toile ! À Paris, Make It Clap met ses studios à disposition des entreprises et de leurs salariés pour tourner un court-métrage ou un clip, avant de le découvrir tout ensemble sur grand écran. Fous rires garantis ! De scénariste à comédien en passant par technicien, chacun y trouve le bon rôle. De son côté, le spécialiste des escape-games John Doe innove avec Film Building (à Lyon) qui propose de participer à la création d’un film, derrière ou devant la caméra. Et, qui sait, peut-être que l’expérience permettra de découvrir le Brad Pitt ou la Julia Roberts de demain…

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)