Si, dans la longue liste des entrepreneurs les plus emblématiques, il faudrait n’en retenir qu’un, ce serait certainement Thomas Edison. Génie scientifique et fondateur du géant General Electric, il est également le père de la recherche-développement dans l’entreprise.
Thomas Edison, né en 1847 dans l’Ohio, montre très jeune une grande vivacité intellectuelle et une forme d’anticonformisme peu compatible avec la discipline scolaire. Il se forme donc seul, dans les bibliothèques ou en bricolant ses propres inventions. Après avoir exercé dès le plus jeune âge une multitude de métiers dans divers secteurs, il s’intéresse plus particulièrement au télégraphe et parvient à programmer l’envoi des messages à une heure fixée à l’avance.
Un inventeur de génie
Mais le jeune homme ne se limite pas à une technologie. Son esprit insatiable le pousse dans de multiples directions, ce qui rend le personnage particulièrement fascinant. En 1876, il se fait devancer par Alexandre Bell qui dépose quelques mois avant lui un brevet marquant l’invention du téléphone. Edison se rattrape l’année suivante en inventant le phonographe. La première phrase qu’il enregistre alors, « Mary had a little lamb » (Marie avait un petit agneau) reste dans l’histoire pour être la première à ne pas disparaitre aussitôt prononcée. Puis, en 1879, il marque une nouvelle fois son époque en inventant l’ampoule électrique. Au total, l’entrepreneur aura déposé plus de 1 000 brevets et poussé des innovations de rupture dans, entre autres, la téléphonie, l’électricité, le cinéma ou l’éclairage urbain.
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Une nouvelle organisation de la recherche scientifique
Edison n’est pas un scientifique coupé du monde, poussant des découvertes théoriques qui ne trouveront que bien plus tard des applications concrètes. Chacune de ses recherches répondent à un problème concret et se retrouve directement sur le marché. En plus d’être un inventeur, Edison est également un entrepreneur, fondateur de la Edison General Electric Company, qui reste aujourd’hui encore un géant industriel sous le nom abrégé de General Electric.
En termes de management, la principale innovation d’Edison porte sur l’organisation même de l’innovation. Jusqu’alors, la recherche et développement dans les entreprises était réalisée de façon artisanale, au coup par coup en fonction des besoins. En 1874, Edison rassemble à Menlo Park, dans la banlieue de New York, une équipe d’une soixantaine de chercheurs, dont le nombre ira croissant par la suite.
En coordonnant et en rationalisant la recherche scientifique, Edison peut être considéré comme un des pères de la R&D moderne. D’une certaine façon, il est un peu à la recherche ce qu’Henry Ford a été à la production automobile : il l’organise, la rationalise, en divise les étapes. Les chercheurs travaillent désormais en équipe plutôt que chacun de leur côté, sur des projets définis, avec une vision d’ensemble pensée à l’échelle de l’entreprise et une supervision chapeautée par Edison, bourreau de travail qui sacrifie sa vie à ses projets. Particularité qui mérite d’être soulignée, Edison était sourd, ce qui sera selon lui un grand avantage, car il consacrait toute sa vie à son travail sans perdre de temps en bavardages inutiles.
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Un management critiqué
Thomas Edison n’est pas exempt de critiques. Il se serait, notamment, approprié à titre personnel un certain nombre de découvertes réalisées par ses équipes. Si le chef d’entreprise est capable de monter et de gérer le plus grand centre de recherche au monde, il réalise également des bourdes surprenantes pour un génie de son envergure.
Ainsi, Edison était un fervent défenseur du courant continu, alors que l’avenir allait montrer la supériorité du courant alternatif. L’inventeur, enfermé dans ses certitudes, refuse les technologies que lui apportait sur un plateau un de ses ingénieurs nommé Nikola Tesla, et finit par renvoyer ce salarié aux idées heurtant les siennes. Edison se fait alors rattraper par la concurrence, notamment par son grand rival George Westinghouse (la Westinghouse Electric Company est encore aujourd’hui à la pointe de la technologie, notamment dans le nucléaire). Quant à Tesla, après avoir un temps travaillé pour Westinghouse, il sombra dans la folie et mourut dans la pauvreté, mais son nom est aujourd’hui connu de tous, grâce à l’hommage que lui a rendu Elon Musk en choisissant le nom de sa marque de voitures électriques.
Retrouvez la rubrique « Entrepreneurs de légende » de Sylvain Bersinger dans le magazine Courrier Cadres, à partir du numéro 135.