75 % des efforts écologiques viennent des entreprises, d’après Les Echos Start, présents au sommet international Change Now à Paris. Si elles ont un rôle essentiel à jouer dans l’apport de solutions à la crise environnementale, « une révolution des pratiques ne peut pas avoir lieu du jour au lendemain. L’entreprise, c’est le lieu de l’apprentissage de la complexité et de la nuance », tempère Khalid Hima, responsable projets RSE et délégué général du fonds de dotation de KPMG France. « Beaucoup de dirigeants sont convaincus de la nécessité d’agir pour l’environnement, mais la transition écologique n’est pas qu’une affaire de conviction. Il n’est parfois pas judicieux d’agir seul. Il y a une logique sectorielle à avoir pour être efficace. Pour autant, il est évident que les entreprises ont la responsabilité de déployer des actions concrètes visant à booster certains sujets. Et qu’au regard de l’urgence, il faut accélérer ! »
Sensibiliser
Et les collaborateurs peuvent contribuer à cette accélération en faveur de l’écologie. La première des choses est d’être sensibilisé à cette question et d’en comprendre les enjeux. Pour cela, « de nombreuses entreprises proposent à leurs salariés de participer à la Fresque du climat« , rappelle Elodie Binois, présidente d’Ambitions Transitions. Si le phénomène est devenu viral en entreprise depuis quelques années, « ce n’est plus suffisant », poursuit-elle. Il s’agit de prôner de nouvelles valeurs et de les traduire en actions. Parmi elles : « l’humilité », explique la représentante du collectif, « celle qui permet de mettre en place un modèle économique en phase avec les limites planétaires. Mais aussi, du courage. Pour se lancer sans attendre dans cette transition en embarquant les équipes. Enfin, la coopération. Pour décloisonner les départements au sein des entreprises, et les faire travailler ensemble pour surmonter les crises ».
Transversalité
La recherche de cette transversalité se retrouve aussi dans les profils recrutés, selon Khalid Hima. « Il faut oser recruter des profils qui n’ont pas forcément un parcours universitaire et professionnel traditionnel, qui ont évolué dans d’autres secteurs d’activité. Car ils auront beaucoup à apporter à l’entreprise. Nous devons décloisonner le monde du travail ». En ce sens, le responsable de KPMG France rappelle l’importance de développer la possibilité pour les collaborateurs de prendre part à des actions de mécénat. « Il existe beaucoup de solutions environnementales méconnues des entreprises. L’idée est de rester au cœur de l’innovation, d’être aux côtés d’acteurs de terrain pour les aider et s’en inspirer. C’est pourquoi, nous offrons six jours par an et par collaborateur dédiés à des projets à impacts positifs. » A terme, l’idéal serait d’être une entreprise à impact, évaluée annuellement par un organisme indépendant.
Création de collectifs
Les collaborateurs peuvent également créer un collectif – soit un réseau de collaborateurs engagés – au sein même de leur entreprise afin de constituer un « pour-pouvoir », explique Paul Chalabreysse, coordinateur de Les Collectifs : « Ce n’est ni un contre-pouvoir, ni un syndicat. C’est un groupe de salariés ayant envie de faire bouger les lignes avec leur entreprise en proposant des idées, en mettant en place des actions pour montrer que c’est possible, et en dressant des états des lieux des résultats. Mais aussi, en réfléchissant à des feuilles de route d’actions de long terme à suivre. Nous pensons, par exemple, à créer une Fresque des métiers pour que chaque collaborateur puisse faire un lien entre les crises actuelles et à venir, son métier et son organisation. En donnant du sens au quotidien professionnel des équipes, l’entreprise leur évite ainsi de ressentir le sentiment désagréable de dissonance cognitive, et donc de faire de potentiels burn-out. » Si seulement 10 % des collaborateurs de l’entreprise adoptent de nouveaux comportements, souligne-t-il, c’est suffisant pour entraîner dans leur sillage la majorité silencieuse, et donc changer la norme sociale établie pour instaurer de nouvelles normes plus vertueuses.
Et si l’entreprise fait peu ou pas pour l’environnement, Elodie Biois suggère de se tourner vers l’extérieur. « Il existe beaucoup d’associations et d’initiatives citoyennes en France dans lesquelles les individus peuvent s’engager. L’accès à certaines informations, outils et communautés répondra non seulement à leurs convictions écologiques, mais pourront aussi être ramenés au sein des entreprises grâce à eux ! »