Management

[Tribune] La solitude du manager ne devrait plus être une fatalité

La crise du Covid a redessiné le monde du travail, de nouvelles attentes ont émergé, notamment à l’égard des managers. Autrefois prioritairement garants de la performance de leurs équipes, ils sont aujourd’hui tenus pour responsables de la qualité de vie des collaborateurs, avec un fort focus sur la dimension humaine de leur fonction.

Face aux nouveaux modes de travail (flex office, télétravail …), les managers doivent trouver le bon compromis entre autonomie et contrôle. Cette position peut les mettre face à de véritables paradoxes : les managers font pleinement partie de l’entreprise, doivent insuffler une dynamique collaborative … et pourtant ils se sentent souvent seuls. La “solitude” du manager est aujourd’hui une vraie problématique, pouvant être une véritable source de mal-être du top management. Comment peuvent-ils s’adapter à ces évolutions ?

Trouver sa place au sein de l’entreprise

La perception du rôle du manager dans l’entreprise est souvent complexe. La représentation du manager dans la pop-culture en est d’ailleurs une bonne illustration. Toxiques, incompétents, hors sol … des adjectifs durs qui renforcent une image illusoirement négative de la fonction.

Les managers peuvent ainsi souffrir d’un manque d’empathie, les équipes ne comprenant pas en quoi consiste leur travail au quotidien.

Souvent seuls dans leurs bureaux, quand les équipes travaillent ensemble en open-space, les managers s’enferment dans une tour d’ivoire difficile à quitter. Cette séparation physique avec les équipes renforce ce sentiment de solitude. D’autant plus, que ces moments ou les équipes parlent de la pluie ou du beau temps, sont très importants pour nouer des relations informelles, et comprendre les difficultés de chacun au tournant des conversations.

Seul de son côté, le manager ne partage pas non plus ses problématiques personnelles de peur de déstabiliser ses équipes. Pourtant, partager quelques aspects personnels pourrait contribuer à rendre une image plus humaine du manager qui n’est pas infaillible. Les équipes comprendraient davantage ses actions et son rôle, cela permettrait une relation plus fluide, et le manager créerait ainsi une plus grande proximité avec ses équipes.

Lire aussi : Pour motiver ses collaborateurs, un manager doit d’abord les connaître

Écouter ses collaborateurs et apprendre à communiquer

Être manager, c’est gérer des attentes, celles de la direction et celles des collaborateurs, dans un rapport de force permanent. Il est primordial d’être à l’écoute des équipes, de comprendre leurs enjeux, surtout à l’ère du post-Covid qui a justement fait exploser ces besoins.

Les managers les plus efficaces respectent et s’intéressent à leurs collaborateurs en les connaissant en tant qu’individus, en reconnaissant leurs réalisations, en discutant de leurs performances et en effectuant des évaluations. Ces comportements créent un environnement de travail où les collaborateurs se sentent en sécurité pour expérimenter de nouvelles idées, partager des informations, et explorer de nouvelles possibilités. Cependant, il arrive naturellement que les équipes soient frustrées par un manager qui ne les comprend pas.

Pour le manager cette situation est souvent complexe à déceler. Le feedback est la clé du bon management, mais il est délicat à recueillir, alors que c’est le déficit de communication qui empêche d’accompagner les équipes au mieux. Proposer des points réguliers, une communication ouverte et transparente, des déjeuners mais aussi utiliser des outils sondant anonymement les collaborateurs sur différents points peut permettre au manager de pallier cette problématique et essayer de régler les problèmes dès leur apparition.

Lire aussi : Comment stimuler la performance de ses équipes grâce aux feedbacks

On ne naît pas manager

Manager n’est pas inné. Même s’il existe de nombreuses formations pour se développer dans ce domaine, peu de managers ont l’opportunité de les suivre, ou le demandent. Les managers doivent prendre conscience qu’ils doivent être accompagnés dans leurs missions. Ils doivent entendre les feedbacks de leurs collaborateurs. Mais pour les entendre il faut les demander, avoir les clés de lecture des besoins de chacun.

Avec le travail hybride, l’humain doit (re)devenir de plus en plus présent en entreprise. Le manager devra répondre à des objectifs quantitatifs mais surtout gérer l’aspect émotionnel de chacun pour progresser. Ce renouveau des modes de travail demande un accompagnement, plus que nécessaire pour les managers, qui devront prendre une toute nouvelle place au sein des organisations et ne plus être seul de leur côté.

Par Eliane Lugassy, CEO de Witco (plateforme de gestion des services et informations des espaces de travail).

 

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)