Candidats et acteurs de l’emploi se croisent sur Twitter, mais se rencontrent-ils vraiment ? Avec plus d’un tiers des candidats potentiels présents sur Twitter et l’apparition de nombreuses initiatives en faveur de l’emploi, l’outil se transforme de plus en plus en allié de la recherche d’emploi, et du recrutement. Par Isabelle Bastide, présidente Page Group France.
Depuis début 2015, la présence des principaux acteurs de l’emploi (des organismes de formation aux sites spécialisés en passant par les antennes régionales de Pôle Emploi) a augmenté de manière exponentielle. Et pour cause, selon une récente étude des cabinets de recrutement spécialisés Michael Page & Page Personnel, 35,2 % des personnes à l’écoute du marché ont un compte Twitter, dont 72,5 % de cadres.
Candidats et recruteurs s’organisent
Des candidats qui, comme les recruteurs, s’organisent. Selon cette même étude, 78,1 % utilisent la plate-forme de micro-blogging pour effectuer une veille professionnelle et près de 60 % y consultent les offres d’emploi : bien vu, puisqu’on estime que près de 20 % des offres diffusées sur le Web le sont également sur Twitter.
Certains s’interrogent encore sur l’intérêt de publier des offres sur Twitter alors même qu’il est impossible de postuler directement depuis le réseau. Tout l’intérêt réside, côté recruteur, dans le fait de donner encore plus de visibilité aux postes à pourvoir (qui restent accessibles d’un simple clic) mais également de se montrer à la fois accessible et disponible pour échanger. Côté candidat, le vrai plus est que Twitter permet d’entrer en contact avec les recruteurs en se détachant du schéma classique de dépôt de candidature et de se positionner différemment. À l’évidence, passé le cap de la prise de contact, il faut déplacer la conversation ailleurs : passer par les messages privés (sans limite de caractères) ou bien par des moyens de communication plus conventionnels tels que l’e-mail ou la messagerie LinkedIn afin de pouvoir joindre des documents aux échanges.
Aujourd’hui, 55,6 % des utilisateurs à l’écoute du marché voient en Twitter une opportunité pour développer leur réseau professionnel (une proportion qui atteint 65,5 % au sein de la population cadre). Il est intéressant d’apprendre que les candidats – eux non plus – ne s’y trompent pas car Twitter en ce sens est une mine d’or et si les 140 caractères apparaissent parfois comme une contrainte, ils peuvent également agir comme de réels catalyseurs. Ils imposent en effet des échanges directs, réduits à l’essentiel tandis que le réseau induit une réactivité, une instantanéité que l’on ne retrouve pas toujours sur les réseaux sociaux professionnels.
La force du réseau pour l’accès à l’emploi
Malheureusement, si les aspects veille, accès aux offres et réseau sont relativement bien identifiés, l’étude de Page Group révèle que seuls 85 % des candidats présents sur le Twitter n’ont jamais contacté de recruteur en direct ! Un paradoxe dû en partie à une méconnaissance des codes de l’outil de la part des utilisateurs mais peut-être aussi et surtout à un manque de visibilité sur les opportunités qu’il offre. Des opportunités que cette étude et des mouvements tels que celui du Collectif #i4emploi ont pour but de mettre en lumière. Comment ? En incitant les demandeurs d’emploi à se rendre visibles (et donc plus facilement identifiables par les recruteurs) et à tweeter leurs recherches de postes, ce que 80 % des candidats n’ont jusqu’ici jamais fait. Or si les recruteurs sont bien de plus en plus mobilisés sur Twitter (16,4 % des candidats présents disent avoir déjà été approchés), ces derniers continuent de s’appuyer spontanément sur les CV-thèques et les réseaux sociaux professionnels pour la recherche de profils : la pro-activité des candidats sur ce réseau reste donc pour l’heure l’une des clés du succès pour être recruté.
Isabelle Bastide, présidente Page Group France.