Depuis les débuts de la pandémie, la fonction RH a démontré son importance capitale en temps de crise. Demain, entre couteau-suisse et chef d’orchestre, elle pourra redéfinir la promesse employeur bien au-delà des simples obligations contractuelles. Par Jean-Baptiste Lebelle, DRH du bureau parisien d’Allen & Overy, cabinet d’avocats d’affaires.
Certains secteurs, comme celui du conseil, avaient déjà largement pris un virage historique en matière de flexibilité. Mais après un an de crise, on doit s’attendre à une accélération sans précédent. Si les confinements ont fait exploser les préjugés sur le télétravail et l’absurde notion du présentéisme, ils ont également mis en lumière de façon évidente les nouveaux risques engendrés par des journées de travail sans début ni fin, et la difficulté de préserver son équilibre personnel.
On ne mesure pas encore tout l’impact de la crise sur le changement profond des mentalités en matière de travail, de priorités, de sens, d’équilibre vie privée / vie pro, de management, de loyauté, d’engagement.
“Une opportunité historique pour les RH”
Il y a là un challenge passionnant et immense pour les équipes RH. Tous les enjeux du futur auront des conséquences sur la relation entre l’entreprise et ses collaborateurs.
Il s’agit pour la fonction RH de se saisir de cette opportunité historique pour redéfinir la promesse employeur bien au-delà des simples obligations contractuelles. Cette promesse employeur renouvelée doit impérativement donner du sens à l’engagement d’un collaborateur et répondre à ses nouvelles aspirations.
C’est avec des équipes engagées que les entreprises pourront se mobiliser et répondre aux challenges de la crise économique annoncée. Pour renforcer cet engagement, il est nécessaire qu’un collaborateur se reconnaisse dans les valeurs, la culture d’entreprise et une relation de travail reposant sur la confiance. Cette relation doit nécessairement trouver le bon équilibre entre la stratégie de l’entreprise, la cohésion des équipes et les souhaits légitimes de ses collaborateurs.
Un impact profond
Il s’agit de faire les bons choix en matière de management (en privilégiant la proximité), de communication (plus de transparence), de reconnaissance (juste, régulière et sincère), de mode de travail (plus d’autonomie). Ce sont des défis passionnants auxquels nous allons faire face. Il nous faut transformer les risques en opportunités et prendre cette crise comme un accélérateur d’une transition vers plus d’efficacité, de simplicité et de confiance dans la relation de travail.
La crise sanitaire a également permis de tester au plus près de la réalité la culture d’entreprise au-delà des déclarations de bonnes intentions et révéler ceux qui prenaient soin de leurs personnels avant tout autre considération. L’impact sera profond dans les esprits de tous les collaborateurs et il y aura bien, un jour, un monde d’après dans lequel la fonction RH devra impérativement peser sur sa stratégie.
L’auteur
Jean-Baptiste Lebelle est le DRH du bureau Parisien d’Allen & Overy, cabinet d’avocats d’affaires. Avec près de 20 ans d’expérience dans le monde du conseil, il a également enseigné à la Sorbonne et à HEC sur les questions de recrutement et gestion de carrière.
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