Même si le télétravail généralisé actuel est vécu d’une façon ambivalente par les salariés, tantôt positifs, tantôt négatifs, il semble les avoir convaincus. Selon une étude Harris Interactive pour l’Observatoire Cetelem, seuls 36 % d’entre eux souhaitent pouvoir travailler “la plupart du temps” au sein de leur entreprise. Contre 44 % chez eux, et 15 % à l’extérieur.
« Travailler demain, oui mais comment ? » Après un an de crise sanitaire et de télétravail généralisé, comment les Français imaginent-ils la suite pour l’organisation du travail ? Pour y répondre, l’Observatoire Cetelem a commandé une enquête à Harris Interactive, en février 2021, auprès de plus de 1 000 actifs. Selon cette étude, publiée le mardi 30 mars, 42 % des salariés s’estiment “moyennement ou pas” épanouis dans leur travail actuel.
Parmi les actifs qui télétravaillent régulièrement depuis un an, près de la moitié (48 %) indique avoir exercé “principalement une activité en présentiel” entre octobre 2020 et aujourd’hui. Signe d’une certaine lassitude : “32% de ceux qui télétravaillent depuis le second confinement déclarent vivre le télétravail comme une contrainte, sentiment causé par l’affaiblissement des liens sociaux (46 %), une sédentarité trop importante (37 %) et des difficultés à séparer vie pro/vie perso (25 %)”.
LIRE AUSSI : Un an de Covid : le télétravail “gris” (et nocif) persiste
Liberté VS isolement
Spontanément, le télétravail évoque chez les actifs des notions ambivalentes : “à leurs yeux, cette pratique est à la fois synonyme de liberté et d’isolement”, note l’Observatoire Cetelem. Parmi ses principaux avantages, selon les télétravailleurs actuels, un gain de temps (81 %) et davantage de flexibilité (73 %), que ce soit dans l’organisation du travail ou dans la vie quotidienne.
Mais côté inconvénients, ils sont aussi 41 % à déplorer un plus grand isolement, et 34 % la perte de “moments de convivialité et d’échanges informels avec les collègues”. En outre, 20 % se plaignent de la “brouille des frontières vie pro/vie perso”, 14 % de difficultés à s’organiser seuls, 12 % d’une baisse de productivité (“donc un temps de travail plus long”), et 11 % de tensions plus importantes avec leurs collègues et managers.
LIRE AUSSI : Bonheur au (télé)travail : Pour les salariés, le lien social est la clé
Le télétravail, 52 % du temps
L’étude se penche ensuite sur les modalités possibles du télétravail post-Covid. Après la crise, 93 % de ceux qui le pratiquent depuis un an estiment que le télétravail continuera probablement de se développer. En revanche, ils ne sont que 81 % à le souhaiter.
“Chez les actifs, comme chez ceux qui ont télétravaillé durant la crise sanitaire, l’idéal de télétravail est une solution mixte, avec 2 à 3 jours de télétravail souhaités en moyenne, alternant avec des phases de présentiel”, indique l’Observatoire Cetelem.
Les télétravailleurs actuels penchent en majorité pour un “travail hybride”. Ils sont notamment 34 % à pencher pour 2 jours par semaine, et 24 % pour 2 jours. Soit une moyenne de 2,6 jours, pour 52 % du temps hebdomadaire. À noter que seule une minorité choisirait de ne télétravailler qu’un jour par semaine (11 %), ou au contraire, de passer en “full remote” (13 %).
Le domicile et l’extérieur, avant le bureau
Le bureau, de l’histoire ancienne ? Concernant le lieu de leur travail quotidien, “s’ils étaient complètement libres de leur choix”, les actifs souhaiteraient travailler “la plupart du temps” depuis chez eux (44 %), contre 36 % sur le site de leur entreprise.
“Certains sont tentés par des alternatives plus nomades”, observe aussi l’étude. Ainsi, 54 % aimeraient, “au moins de temps en temps”, avoir la possibilité de travailler à l’extérieur (jardins, parcs), ou dans un tiers lieu, comme les espaces de coworking.
Le droit au télétravail, une future “revendication légitime”
“Lorsqu’ils se projettent dans les prochaines années”, 85 % des Français anticipent “une adaptation de la société au télétravail”, indique l’Observatoire Cetelem. Cette adaptation sera selon eux “encouragée par l’État” (88 %) et “devra nécessairement faire partie des conditions proposées par les entreprises si elles souhaitent rester attractives” (86 %).
Enfin, ils sont 78 % à penser que le droit au télétravail devrait constituer demain une “revendication légitime” des salariés, tout comme des candidats au recrutement.