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Un cadre sur deux se rend au travail à reculons

Paradoxe : alors qu’ils sont en situation de force vis-à-vis des recruteurs et de leurs employeurs, les cadres sont 48 % à venir au travail sans motivation, quand ils ne se sentent pas contraints et forcés.

 

D’après la dernière étude Cadremploi / Ifop sur le rapport au travail et la vision des cadres sur leur carrière, diffusée ce 19 novembre, les cadres profitent d’un marché de l’emploi particulièrement favorable : ainsi, les créations d’emploi n’ont jamais été aussi élevées (169 000 en 2018 ; 213 500 au troisième trimestre 2019), de même que le niveau de recrutement des personnels d’encadrement (281 600 en 2019, un record).

Dans le même temps, leur taux de chômage n’est que de 3,8 % et le taux de turnover est à son plus haut niveau (10 % cette année, un record également).

“Le dynamisme du marché profite surtout aux cadres, en particulier à ceux qui ont moins de 10 ans d’expérience”, note l’étude.

Tous les indicateurs sont donc au vert. “Pourtant, ils sont en situation de force sans s’en rendre compte”, constate Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.

Selon l’institut de sondage, qui a interrogé un millier de cadres et de dirigeants en octobre 2019, ils sont 54 % à penser qu’il est plus facile pour les entreprises de recruter des personnels d’encadrement, que pour ces derniers de “trouver un emploi qui leur corresponde”. Alors qu’en parallèle, 58 % ont déjà été contactés pour un poste sans avoir postulé, et 30 % vont jusqu’à passer des entretiens sans avoir l’intention de changer d’emploi (mais pour “tester leur employabilité”).

 

Des cadres démotivés

L’étude Cadremploi / Ifop permet surtout de constater un “rapport ambivalent au travail” : les cadres sont massivement (80 %) satisfaits de leur situation professionnelle et de leur carrière, mais leur motivation “stagne” : 57 % considèrent ainsi qu’elle “reste stable”, et 30 % qu’elle diminue. En outre, 36 % d’entre eux indiquent ressentir du stress ou de l’ennui à leur poste.

Pire : les cadres sont une majorité à ne pas “voir leur situation évoluer”. Ainsi, 61 % indiquent ne pas percevoir de signes de promotion en interne, 59 % ne pas avoir eu d’augmentation salariale, 58 % à ne pas se sentir en adéquation avec les valeurs de leur organisation, et 57 % à avoir le sentiment de “ne plus rien apprendre” dans leur travail. Résultat, ils sont 55 % à “procrastiner” régulièrement et 48 % à se rendre au travail “à reculons” (dont 15 % “très souvent”).

“Les mêmes cadres qui sont satisfaits de leur situation professionnelle ressentent un important malaise, car ils sont en manque de reconnaissance (financière et statutaire) et de sens. Ce qui laisse clairement à penser qu’ils sont disposés à changer d’employeur”, analyse Frédéric Dabi.

 

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Changer d’emploi, entre prise de risque et opportunités

Selon l’étude, 50 % des cadres s’estiment “prêts à postuler” ailleurs, 68 % pensent pouvoir trouver un nouveau job en moins de 6 mois, et 89 % ne “doutent pas” de leur valeur. Mais pour 43 % d’entre eux, le fait de changer d’emploi n’est  pas sans risque, en particulier pour des raisons personnelles et financières.

Toutefois, pour 41 % des cadres, il s’agit aussi d’une opportunité, en particulier pour “se lancer de nouveaux défis”. “Ils sont sur les starting blocks, mais hésitent encore à partir”, résume Thibaut Gemignani, CEO de Cadremploi.

Selon l’étude réalisée avec l’Ifop, 31 % seraient notamment prêts à démissionner pour “disposer de plus de temps avec leur famille”, et 28 % pour “prendre davantage soin” de leur santé.

Globalement, même si le salaire reste un critère important, ils attendent surtout de leur entreprise (actuelle ou future) qu’elle leur permette de “se sentir utiles”, d’évoluer et de s’accomplir.

“Ils aspirent à une cohérence entre l’image employeur et les valeurs de leur organisation, à des défis, et à un environnement de travail épanouissant, avec moins de stress et aussi davantage de temps pour bien faire les choses”, conclut Frédéric Dabi.

 

 

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