Gare aux clichés sur la jeune génération d’actifs (18-30 ans). Si elle est souvent perçue comme paresseuse, individualiste ou encore rétive à l’autorité par ses aînés, ces derniers devraient adoucir leur jugement, d’après l’étude mené par Terra Nova et l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publiée ce jeudi. Les jeunes (cadres ou non cadres) se déclarent, en effet, tout aussi investis dans leur travail que le reste de la population active : 47 % le jugent aussi important voire plus que la vie privée, contre 47 % des 30-44 ans et 36 % des plus de 45 ans.
Leur investissement passe notamment par le fait qu’ils sont 78 % à être prêts à travailler davantage en cas de pic d’activité s’ils sont rémunérés, 52 % en l’absence de contreparties, et 70 % à remplir des missions qui ne sont pas dans leur fiche de poste. Deux tiers d’entre eux estiment par ailleurs avoir contribué à l’évolution de leur organisation. Leur relation avec leur employeur n’est donc pas purement contractuelle : 69 % affichent un attachement, tandis que quatre sur dix se disent même « très attachés » à leur entreprise. Des proportions, là encore, proches des plus âgés : 67 % et 38 % respectivement chez les plus de 30 ans.
Un désir plus fort de progression
Cet investissement se conjugue avec la confiance accordée par les jeunes à leur employeur. Le niveau de confiance dans les acteurs de l’entreprise, et donc le respect de l’autorité, dépend bien moins des profils des actifs que des caractéristiques des entreprises qui les emploient : huit jeunes sur dix font confiance à leur entreprise lorsqu’elle compte moins de 10 salariés, contre 56 % pour les structures de plus de 250 salariés. En dépit de cette réalité, 66 % des managers (tous âges confondus) estiment toujours que les jeunes sont moins fidèles, 64 % moins respectueux de l’autorité et 59 % moins investis dans leur travail.
Ils ont aussi des attentes similaires à celles de leurs ainés concernant la sphère professionnelle : les jeunes souhaitent en priorité un travail rémunérateur (55 % contre 51% des 45-65 ans), intéressant (41 % contre 49 % des 45-65 ans) et facile à concilier avec leur vie personnelle, légèrement plus faible que leurs aînés, car ils sont probablement sans enfant (avec 34% contre 45 % des 45-65 ans). 80 % d’entre eux déclarent qu’ils continueraient à travailler même si il n’y avait pas de nécessité financière.
Là où les jeunes se distinguent de leurs aînés, c’est concernant leur progression professionnelle. Etant en début de carrière, ils sont davantage déterminés à gagner en rémunération (89%), en autonomie (80%), et en responsabilités (69%) ; détermination encore plus prononcée chez les jeunes cadres du secteur privé.
En conclusion, cette étude démontre qu’il n’y a pas « une » jeunesse, mais « plusieurs » jeunesses, et que les inégalités au travail s’expliquent davantage par les différences entre catégories socioprofessionnelles et entre niveaux de diplômes des jeunes actifs qu’entre groupes d’âge. « Il est donc très important de co-construire une dynamique de travail avec les jeunes, et non contre eux les jeunes », affirme Christophe Nguyen, Président du cabinet Empreinte Humaine.
*L’enquête publiée ce jeudi 1er février 2024, et menée conjointement par Terra Nova et l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), en collaboration avec Toluna-Harris Interactive, a été réalisée en ligne du 15 septembre au 9 octobre 2023 auprès d’un échantillon représentatif de plus de 3 000 jeunes actifs de 18 à 29 ans et d’un échantillon miroir de plus de 2 000 actifs âgés de 30 à 65 ans.