Dans l’élan des efforts pour une mobilité plus durable, l’application WeWard, qui récompense ses usagers en fonction de leurs nombres de pas quotidiens, expérimente une indemnité kilométrique marche auprès de ses employés, sur le modèle de l’indemnité vélo. Explications avec Tanguy De La Villegeorges, cofondateur de la start-up lancée en 2019.
Le lancement d’une indemnité kilométrique marche pour vos salariés était-il une suite logique pour WeWard ?
En utilisant l’application, plus l’utilisateur va marcher, plus il va accumuler de points. Et ensuite avoir accès soit à un virement bancaire soit à des dons. Nous avons à ce jour 20 millions d’utilisateurs qui sont récompensés pour leur marche quotidienne. Nous avions la volonté d’aller plus loin, pour toucher les entreprises. D’abord parce qu’on constate au quotidien les bienfaits de la marche , que ce soit sur la santé mentale ou physique ou sur l’environnement et l’écologie. D’où l’idée de l’indemnité kilométrique marche (IKM) que l’on propose depuis le début de l’année à nos salariés. Il y a eu en 2019 la loi d’orientation des mobilités (LOM), qui a pour objectif de faire adopter des solutions plus propres et vertueuses aux salariés pour leurs trajets domicile-travail. Avec notamment l’indemnité kilométrique vélo (IKV), versée par l’employeur et défiscalisée. Nous aimerions voir l’IKM se généraliser sur le même modèle.
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Comment cette indemnité s’organise-t-elle ?
Nous avons établi un montant maximum de 180 euros par an au total, avec un versement mensuel. Pour calculer l’indemnité, nous regardons la moyenne quotidienne de pas effectués par les salariés dans le mois. À partir de 6 000 pas par jour, ils recevront 5 euros d’indemnités, puis 10 euros à partir de 10 000 pas et 15 euros à partir de 15 000 pas. Nous aimerions que nos salariés utilisent la marche comme un complément ou une alternative de mobilité. Une employée marche ainsi désormais 40 minutes le matin, soit quasiment son temps de métro habituel, et étant donné que nos bureaux sont au 8e étage, d’autres montent également à pied et ces pas sont décomptés. Il s’agit de changer ses habitudes pour intégrer des usages plus vertueux. Cela reste coûteux pour l’entreprise, puisque ce n’est pas encore exonéré de charges comme l’indemnité vélo. Il y a donc une petite perte fiscale, mais l’impact positif est plus important. Un salarié qui vient travailler à pied sera en meilleure forme, prêt à attaquer sa journée.
Y a-t-il derrière l’initiative l’ambition de montrer l’exemple et de diffuser la pratique auprès d’autres entreprises ?
Notre objectif premier c’est de faire marcher les gens, de les pousser à marcher plus. Il y a donc en effet une volonté d’exemplarité en quelque sorte. Nous réfléchissons à comment pouvoir proposer cette initiative aux entreprises, en leur permettant de calculer le nombre de pas de leurs salariés tous les mois pour ensuite instaurer une indemnité kilométrique marche en interne. Je suis assez confiant sur une potentielle généralisation de cette indemnité, comme pour l’indemnité vélo. On sait qu’il y a 60 % des trajets domicile-travail de moins de 5 kilomètres qui sont faits en voiture. Même si cela concerne plus les entreprises implantées en ville, cela peut impliquer beaucoup de salariés et nous avons déjà des retours positifs. Si à terme l’Etat aide les entreprises en défiscalisant l’IKM, elles pourront ensuite inciter leurs salariés à marcher plus et tout le monde en bénéficiera. Ce serait une belle victoire de voir la pratique se démocratiser.