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Parentalité : Va-t-on vers un allongement du congé paternité ?

Le gouvernement planche sur la réforme du congé paternité. Un rapport rédigé par des experts et mené par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, préconise de l’allonger jusqu’à 9 semaines.

En juillet dernier, la nouvelle ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Elisabeth Moreno, se disait favorable à l’allongement du congé paternité à un mois, alors que celui-ci ne propose que 11 jours actuellement. “Ce serait une vraie révolution. Il faut que l’homme et la femme partagent les mêmes charges à la maison. On l’a bien vu avec le confinement, la situation reste déséquilibrée”, déclarait-elle ainsi dans une interview accordée au Parisien. Aura-t-elle fait évoluer sa vision des choses ? En février 2019, le Haut conseil de la famille avait estimé, de son côté, que la réforme du congé parental en faveur des pères était “indispensable”. Un congé qui, pour l’heure, est jugé trop court et inefficace.

Selon le gouvernement, le congé paternité, sous sa forme actuelle, instituée il y a déjà 18 ans, n’est utilisé que par deux tiers des pères. Tandis que de l’autre côté, le congé maternité a été réformé en 2019 pour devenir “universel” et offrir au minimum 8 semaines à chaque femme, quel que soit son statut (salariée, entrepreneuse, intermittente, non-salariée, travailleuse indépendante).

Dans cette optique, le gouvernement planche désormais sur une réforme du congé paternité, afin de l’allonger, voire de le rendre en partie obligatoire ; en l’inscrivant dans le prochain budget de la Sécurité Sociale.

 

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Entre 22 jours et 9 semaines

Afin d’aider Elisabeth Borne à trancher sur la question, une commission d’experts présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a remis à la ministre du Travail, mardi 8 septembre, une série de propositions sur les “1000 premiers jours de l’enfant”. Outre la mise en place d’un accompagnement renforcé des familles à la parentalité, le rapport, rédigé pendant plus d’un an, préconise d’allonger le congé de paternité jusqu’à 9 semaines, dans “l’intérêt du développement du nouveau-né.”

Selon le rapport Cyrulnik, les enfants, et donc les futurs adultes qu’ils deviendront, sont “façonnés par le milieu dans lequel ils grandissent.” Allonger le congé paternité serait l’une des façons d’agir sur ce milieu pour “les aider à se développer le mieux possible”.

Le gouvernement compte analyser les préconisations du rapport, puis se concerter avec les partenaires sociaux. Des négociations qui donneront lieu à des annonces d’ici la fin du mois. Rien n’a encore été décidé, mais selon Les Échos, l’État semble pour l’instant avoir revu ses ambitions à la baisse. Il opterait ainsi pour le doublement du congé paternité à 22 jours, avec un passage du congé de naissance de 3 à 6 jours. Ce qui reviendrait à permettre aux pères de bénéficier d’un congé réel de 28 jours, soit presque un mois entier.

 

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Des enjeux de productivité et d’attractivité pour les entreprises ?

Pour les entreprises, la réforme à venir du congé paternité pourrait avoir un impact important. Elles financent ainsi, en moyenne, ce congé à hauteur de 60 %, via les cotisations patronales (branche “Famille”). Mais il faut toutefois noter que de nombreuses organisations ont d’ores et déjà mis en place des politiques de parentalité avant-gardistes.

Depuis janvier 2020, les 35 000 salariés de Kering, qu’ils soient pères ou “co-parents”, bénéficient par exemple de 14 semaines de congé (rémunéré à 100 %) à la naissance d’un enfant ou pour une adoption. De son côté, Aviva France propose depuis déjà deux ans à ses 3 000 collaborateurs un “congé de parentalité” de 10 semaines, avec maintien intégral du salaire, pour le deuxième parent. Chez L’Oréal en France, le congé paternité a été allongé jusqu’à 6 semaines, depuis le 1er mars 2019. L’enjeu pour ces sociétés : gagner en performance, mais aussi en attractivité afin d’attirer et de conserver les talents.

 

 

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