Voici à quoi ressemblera le monde du travail en 2030 (et comment s'y préparer)
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Voici à quoi ressemblera le monde du travail en 2030 (et comment s’y préparer)

L'ouvrage "2030. Le travail a changé. Une vision prospective de l'APEC" dirigé par Gilles Gateau, son directeur général, nous invite à nous tourner vers l'avenir pour mieux l'appréhender. Il dévoile ainsi quelques enjeux clés du futur du travail à anticiper dès aujourd'hui.

Pourquoi est-ce fondamental de se projeter dans le monde du travail de 2030 ?

C’est essentiel parce que des tendances émergentes vont modifier notre rapport au travail ainsi que le travail en lui-même. De nombreux sujets sociétaux considérés comme extérieurs au marché du travail deviennent prédominants. Notre conviction, c’est que nous ne pouvons plus appréhender les sujets d’emploi, de compétences, de recrutement, si nous ne prenons pas en compte l’évolution de ces tendances. 2030, ce n’est pas demain, mais c’est un horizon pas si lointain auquel il faut se préparer. Certains sujets vont prendre de l’ampleur, tandis que des signaux faibles ne vont finalement pas prospérer. Se projeter en 2040-2050 aurait, néanmoins, été un exercice de science-fiction, tant le changement du monde est rapide. Nous ne pouvons pas anticiper ce qu’il se passera dans ces années-là.

Quelles pourraient être les grandes tendances ?

Certaines tendances sont déjà là, en germe, mais nous avons encore du mal à les décrypter, à comprendre comment elles interagissent entre elles, et à savoir comment elles vont évoluer dans les prochaines années. Quatre grands défis se dessinent : l’évolution des nouvelles technologies (dont l’intelligence artificielle), la transition écologique, le vieillissement démographique, ainsi que l’évolution du rapport au travail. Les entreprises ne peuvent faire l’impasse sur aucun de ces enjeux, et ne peuvent pas décider de les prioriser, car ils vont se renforcer, voire entrer en contradiction les uns avec les autres. Les solutions ne sont pas toutes faites, il va falloir inventer, non pas une, mais des solutions. Voici des exemples concrets :

  • La présence de robots humanoïdes pourrait s’accroître dans les entreprises. Ces robots intelligents et sophistiqués sont déjà déployés dans certains hôpitaux et EHPAD en France. Ils accompagnement – certes de manière artificielle, mais sensible – des patients qui ont besoin de lien social, d’apaiser certaines angoisses, etc. Cela répondra à une pénurie de main-d’œuvre et au coût élevé de cette main-d’œuvre dans le secteur du care, puis dans tous les secteurs où ils se montreront efficaces. Les managers devront alors superviser des équipes « hybrides ».

  • Davantage de salariés devraient être en situation de pluriactivités. Ils cumuleront un travail « alimentaire » afin de satisfaire leurs besoins essentiels, tout en ayant en parallèle, une autre activité très engagée (dans un projet bénéfique pour la société ou l’environnement) qui donnera du sens à leur vie, ou encore, une activité liée à une passion personnelle (écriture, musique, etc.). Cette cohabitation n’est pas nouvelle, mais elle va prendre de l’ampleur d’ici à 2030. La montée du télétravail et la possibilité de négocier les missions confiées par l’entreprise vont ouvrir de nombreuses possibilités. C’était exceptionnel aujourd’hui, ce sera plus généralisé demain !

  • Le salariat continuera donc d’exister, mais va décroître. A la place, l’économie des plateformes va se développer fortement. Nous pourrions entrer dans une économie d’échanges de services où chacun pourra travailler d’où il le souhaite et où le lien de subordination avec les entreprises va fortement s’estomper. Mais, paradoxalement, en réponse à ce monde qui se globalise et où les grandes instances sociétales se délitent, une autre dynamique se renforcera : celle de la proximité et de l’ancrage dans les territoires. Autre dynamique contradictoire : les travailleurs auront besoin d’autonomie (aspiration individualiste), mais d’un cadre de travail solide (aspiration collective).

  • La dimension mentale pourrait également occuper une grande place dans les organisations, au point que le gouvernement finirait par légiférer à ce sujet. En imposant, par exemple, un index (comme l’index égalité femmes hommes). Les entreprises devraient mesurer la santé mentale de leurs salariés, et seraient sanctionner en cas de mauvais résultats. Cet index deviendrait, alors, déterminant dans l’attractivité et la performance économique des entreprises.

Comment les managers peuvent-ils se préparer ?

Ils doivent lire notre ouvrage (rires) ! Plus largement, ils doivent s’informer régulièrement sur tous ces sujets, et actualiser leurs connaissances. Car, comme je le disais précédemment, le monde évolue rapidement. Leurs sources d’information doivent être récentes, mais aussi documentées et objectives. Car, nous remarquons beaucoup de fantasmes qui émergent autour du monde du travail, notamment sur les réseaux sociaux. Mais, ils induisent les managers en erreur sur des pratiques qui ne sont ni réalistes, ni réalisables dans la plupart des entreprises. Les nouveautés émergentes ne sont pas la norme. Cela engendre beaucoup de déception chez le reste des travailleurs. Vouloir faire croire à une réalité qui n’existe pas et n’existera pas est contre-productif. Donc, attention ! Ensuite, les managers devront dialoguer avec chacun des membres de leur équipe sur leurs aspirations pour trouver des solutions, et les aider à développer les compétences dont ils auront besoin pour s’adapter au monde du travail de 2030.

Rien ne sera, donc, acquis de manière définitive ?

Tout à fait ! En voulant aller toujours plus loin sur tous les sujets, nous pourrions, à l’inverse, connaître un revers de bâton, comme ce qu’il se passe actuellement aux Etats-Unis. Des groupes de pression menacent les entreprises pour qu’elles retrouvent leur rôle traditionnel, en se concentrant principalement sur des objectifs économiques. Ils leur demandent, par exemple, d’abandonner leur politique d’inclusion. En France, nous pensons que la diversité sera constitutive du futur du travail. Or, rien n’est écrit définitivement à l’avance…

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