{"id":141,"date":"2015-06-23T11:51:59","date_gmt":"2015-06-23T09:51:59","guid":{"rendered":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/brunei-l-attrait-de-l-or-noir\/"},"modified":"2023-07-18T10:01:04","modified_gmt":"2023-07-18T08:01:04","slug":"brunei-l-attrait-de-l-or-noir","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/brunei-l-attrait-de-l-or-noir\/","title":{"rendered":"Brunei :\u00a0l\u2019attrait de l\u2019or noir"},"content":{"rendered":"

Le sultanat de Brunei est plein de paradoxes. Riche pays d\u2019Asie gr\u00e2ce \u00e0 son p\u00e9trole,\u00a0il procure une vie de calme et de d\u00e9tente aux expatri\u00e9s. Mais il faut accepter de vivre dans un territoire qui a instaur\u00e9 la charia et o\u00f9 la notion de libert\u00e9 est tr\u00e8s limit\u00e9e.*<\/span><\/p>

Les voies de Brunei sont difficilement p\u00e9n\u00e9trables. Le sultanat, petit par la superficie, mais grand par son p\u00e9trole, ne compte que 400 000 habitants et en 2010, seulement 182\u2009\u2009Fran\u00e7ais \u00e9taient enregistr\u00e9s \u00e0 l\u2019ambassade comme vivant sur le territoire. Des opportunit\u00e9s existent pour des profils tr\u00e8s pr\u00e9cis. Mais on ne peut pas occulter les particularit\u00e9s de ce pays o\u00f9 la charia, la loi islamique, est entr\u00e9e en vigueur en 2014. Ainsi, par exemple, les relations homosexuelles sont consid\u00e9r\u00e9es comme un crime et la consommation d\u2019alcool est interdite. Une certaine souplesse existe pour les expatri\u00e9s. Mais attention, cela ne concerne que les \u00e9trangers non musulmans. Ces derniers ont le droit d\u2019importer un certain quota d\u2019alcool et de le consommer en priv\u00e9. Jean-Philippe B\u00e9raud est directeur adjoint de l\u2019Institut de soudure Indonesia (sp\u00e9cialis\u00e9 dans la formation). Il conna\u00eet bien le pays o\u00f9 une filiale de l\u2019entreprise a \u00e9t\u00e9 install\u00e9e. Selon lui, il ne faut pas \u00eatre alarmiste. \u201cDu moment o\u00f9 vous ne faites pas de choses r\u00e9pr\u00e9hensibles comme voler et que vous ne consommez de l\u2019alcool que chez vous, il n\u2019y a pas de probl\u00e8me. Les expatri\u00e9s vivent tr\u00e8s bien\u201d<\/em>, explique-t-il. Pourtant, dans ses recommandations, il conseille aux expatri\u00e9s de ne pas du tout consommer d\u2019alcool pour se pr\u00e9server de toute plainte. Car personne ne semble savoir quand et comment l\u2019application de la loi islamique va \u00e9voluer et peut-\u00eatre devenir plus s\u00e9v\u00e8re envers les expatri\u00e9s. En tout cas, la pr\u00e9caution est de mise. Le site du minist\u00e8re des Affaires \u00e9trang\u00e8res pr\u00e9conise par exemple \u201cune grande discr\u00e9tion concernant les gestes d\u2019affection en public\u201d<\/em>. Pour les v\u00eatements, les habits occidentaux sont accept\u00e9s. Mais encore une fois, c\u2019est \u00e0 l\u2019expatri\u00e9 d\u2019\u00eatre prudent. \u201cIl n\u2019y a pas de r\u00e8gles mais il faut respecter la coutume locale, c\u2019est-\u00e0-dire que tout le monde doit s\u2019habiller d\u00e9cemment\u201d<\/em>, t\u00e9moigne un Fran\u00e7ais install\u00e9 au Brunei mais qui pr\u00e9f\u00e8re rester anonyme. Si ce dernier maintient \u00eatre libre et se sentir bien dans le pays, il explique tout de m\u00eame craindre que ses propos soient mal interpr\u00e9t\u00e9s, ce qui pourrait compromettre sa place.<\/p>

Quid du conjoint\u00a0d\u2019expatri\u00e9 ?<\/span>
En effet, le sultan, Hassanal Bolkiah, r\u00e8gne en ma\u00eetre. Les films et les m\u00e9dias sont censur\u00e9s selon sa volont\u00e9. Une certaine discr\u00e9tion semble s\u2019imposer au Brunei comme en t\u00e9moigne Sophie Druesne. R\u00e9cemment rentr\u00e9e, elle a commenc\u00e9 \u00e0 vivre dans le pays en octobre 2011. \u201cLes locaux eux-m\u00eames n\u2019\u00e9mettent pas trop de critiques. Personne ne parle du sultan. Nous savons qu\u2019il faut faire attention, surtout en tant qu\u2019expatri\u00e9 car ce n\u2019est pas la meilleure position. Si une faute grave est commise, par exemple un accident de voiture, la faute sera presque toujours rejet\u00e9e sur nous.\u201d<\/em> Cette derni\u00e8re est partie tenter l\u2019aventure au Brunei quand son mari, ing\u00e9nieur de maintenance, y a \u00e9t\u00e9 mut\u00e9. Une tr\u00e8s grande partie de l\u2019\u00e9conomie est li\u00e9e au p\u00e9trole, c\u2019est donc dans ce domaine que se situent les opportunit\u00e9s pour les expatri\u00e9s. \u201c85 % du PIB provient de l\u2019oil and gas\u201d<\/em>, explique Jean-Philippe B\u00e9raud. Les entreprises du secteur, comme Total et Shell, sont amen\u00e9es \u00e0 faire venir des expatri\u00e9s. \u201cLes sous-traitants recrutent aussi dans les professions de la logistique, de la finance et de l\u2019approvisionnement, ainsi que dans tous les m\u00e9tiers d\u2019expertise li\u00e9s au march\u00e9 du p\u00e9trole\u201d<\/em>, d\u00e9veloppe le directeur adjoint de l\u2019Institut de soudure Indonesia. Les entreprises sont soumises \u00e0 des quotas pour l\u2019embauche de travailleurs \u00e9trangers car le pays souhaite privil\u00e9gier l\u2019emploi des locaux. Le Brunei met donc l\u2019accent sur la formation de ses habitants afin que les emplois du secteur du p\u00e9trole puissent d\u2019abord leur profiter. C\u2019est d\u2019ailleurs cette volont\u00e9 qui a permis \u00e0 l\u2019Institut de soudure dont s\u2019occupe Jean-Philippe B\u00e9raud de s\u2019installer dans le pays. Sa mission est de former les locaux. Les expatri\u00e9s s\u2019installent souvent \u00e0 Brunei pour des missions de quelques ann\u00e9es. La difficult\u00e9 est qu\u2019il est compliqu\u00e9 pour le conjoint de trouver aussi un emploi s\u2019il ne travaille pas dans le secteur du p\u00e9trole. C\u2019est dans cette configuration que s\u2019est retrouv\u00e9e Sophie Druesne. Avant de suivre son mari, elle \u00e9tait chef de zone expert dans un labora\u00adtoire pharmaceutique, loin des enjeux du p\u00e9trole. Au vu de son exp\u00e9rience et des quotas impo\u00ads\u00e9s aux entreprises, elle ne parvient pas \u00e0 trouver d\u2019emploi. Elle finit tout de m\u00eame par rebondir. \u201cComme le fran\u00e7ais est tr\u00e8s demand\u00e9, j\u2019ai fait une formation de professeur de langue \u00e9trang\u00e8re dans ce domaine.\u201d<\/em> Son programme se d\u00e9roule notamment en partenariat avec le Cned (Centre national d\u2019enseignement \u00e0 distance). \u201cJ\u2019ai donn\u00e9 des cours en freelance \u00e0 des expatri\u00e9s et des locaux. C\u2019\u00e9tait enrichissant.\u201d<\/p>

Vie d\u2019expat\u2019<\/span>
Au niveau g\u00e9ographique, le pays compte principalement deux points d\u2019int\u00e9r\u00eat pour l\u2019emploi des expatri\u00e9s. La capitale, Bandar Seri Begawan, o\u00f9 se trouve notamment l\u2019a\u00e9roport. Certaines soci\u00e9t\u00e9s dont Total y sont install\u00e9es. Puis Kuala Belait o\u00f9 se d\u00e9roulent les activit\u00e9s p\u00e9troli\u00e8res, et notamment celles de Shell. Mais concr\u00e8tement, comment s\u2019organise la vie des expatri\u00e9s dans le sultanat ? Tr\u00e8s paisiblement\u2026 selon nos interlocuteurs. M\u00eame un peu trop pour Sophie Druesne. \u201cC\u2019est tr\u00e8s calme, il n\u2019y a pas de bar et les restaurants ferment t\u00f4t. Les habitants sortent peu. Il faut basculer dans une autre vie.\u201d<\/em> Un changement qui a \u00e9t\u00e9 radical pour cette expatri\u00e9e venue de Paris. Ainsi, pour Jean-Philippe B\u00e9raud, le pays est id\u00e9al \u201cpour s\u2019occuper de sa famille et de ses enfants\u201d<\/em>. Pour l\u2019interlocuteur qui a souhait\u00e9 rester anonyme, les avantages de Brunei sont notamment \u201cla multitude d\u2019activit\u00e9s sportives et le temps agr\u00e9able avec de la chaleur toute l\u2019ann\u00e9e\u201d<\/em>. Sophie Druesne a par exemple pu s\u2019inscrire \u00e0 un groupe de trail (course \u00e0 pied en milieu naturel) dans la jungle et parta\u00adger cette activit\u00e9 avec les locaux, jug\u00e9s tr\u00e8s accessibles, notamment car la plupart ma\u00eetrisent l\u2019anglais. Cependant, la vie semble beaucoup s\u2019organiser entre expatri\u00e9s. \u00c0 Kuala Belait o\u00f9 elle \u00e9tait situ\u00e9e, le p\u00f4le d\u2019attraction pour les \u00e9trangers \u00e9tait le Club Panaga li\u00e9 au groupe Shell. Une sorte de country club pour les salari\u00e9s de l\u2019entreprise, du secteur du p\u00e9trole et quelques autres personnes admissibles, o\u00f9 se d\u00e9roulent des activit\u00e9s sociales et sportives. Pour y entrer, il faut devenir membre, ce qu\u2019a fait Sophie Druesne. \u201cC\u2019est un peu le seul endroit dynamique. \u00c0 partir du moment o\u00f9 j\u2019y ai acc\u00e9d\u00e9, j\u2019ai pu rencontrer beaucoup de personnes. Ma vie a tourn\u00e9 autour de mon activit\u00e9, de mes sorties sportives et de voyages pour d\u00e9couvrir l\u2019Asie du Sud-Est.\u201d<\/em><\/p>

\u00a0<\/p>

*Article publi\u00e9 dans le num\u00e9ro de mai de Courrier Cadres<\/em>.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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