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\nL\u2019attrait des grandes entreprises pour les start-up ne se d\u00e9ment pas. De nombreux programmes d\u2019accompagnement, d\u2019incubation ou d\u2019acc\u00e9l\u00e9ration fleurissent chaque ann\u00e9e au sein des grandes soci\u00e9t\u00e9s. La Poste, le Cr\u00e9dit Agricole, PepsiCo France, Airbus, Ubisoft, LVMH, Leboncoin\u2026 Rares sont les entreprises \u00e0 ne pas avoir succomb\u00e9 \u00e0 cette tendance. Ce qui \u00e9tait, il y a encore quelques ann\u00e9es, r\u00e9serv\u00e9 aux structures sp\u00e9cialis\u00e9es est devenu l\u2019apanage des grands groupes. Tous ont d\u00e9sormais compris l\u2019int\u00e9r\u00eat voire la n\u00e9cessit\u00e9 de se rapprocher des entrepreneurs et de les accompagner. Mais que recherchent r\u00e9ellement ces entreprises qui n\u2019h\u00e9sitent plus \u00e0 mettre la main au portefeuille pour coacher et accompagner des start-up ? \u201cLa raison fondamentale reste de pouvoir survivre face \u00e0 la concurrence puisqu\u2019aujourd\u2019hui les grands groupes sont attaqu\u00e9s de toutes parts notamment par des start-up. Donc miser sur l\u2019incubation permet de se distinguer de ses rivaux historiques tout en \u00e9vitant de se faire croquer par les nouveaux acteurs\u201d, estime Jean-Christophe Conticello, PDG et fondateur de Wemanity, soci\u00e9t\u00e9 de conseil sp\u00e9cialis\u00e9e dans la transformation des organisations.<\/p>
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Garder un \u0153il sur les outils ou les nouveaux services qui peuvent \u00e9merger sur le march\u00e9 est effectivement la principale volont\u00e9 recherch\u00e9e par Leboncoin, qui a d\u00e9ploy\u00e9 son programme d\u2019accompagnement il y a deux ans. \u201cNous avons clairement un objectif d\u2019industriel. Si nous avons choisi de soutenir des start-up dans leur d\u00e9veloppement, c\u2019est en grande partie pour d\u00e9nicher des produits qui pourront, \u00e0 terme, aider notre entreprise \u00e0 se d\u00e9velopper et \u00e0 \u00e9toffer son offre\u201d, confie Marc Brandsma, directeur corporate d\u00e9veloppement au sein du Boncoin. Un objectif partag\u00e9 par David Beaurepaire, directeur d\u00e9l\u00e9gu\u00e9 de Hellowork, entreprise \u00e9voluant sur le secteur de l\u2019emploi sur Internet avec des plates-formes telles que RegionsJob, Jobijoba ou encore MaFormation. \u201cEn plus d\u2019\u00eatre en contact permanent avec l\u2019innovation, incuber des start-up nous permet d\u2019ouvrir nos horizons sur des sujets que nous aimerions explorer mais que nous ne pouvons prioriser en interne, insiste-t-il. Alors, quand il y a des jeunes entreprises qui le font, notre r\u00f4le est de les accompagner !\u201d<\/p>
Mais pour y parvenir, les grands groupes ont un d\u00e9fi de taille : convaincre les entrepreneurs de leur expertise. La l\u00e9gitimit\u00e9 reste d\u2019ailleurs l\u2019une des principales questions que se sont pos\u00e9es l\u2019ensemble des entreprises que nous avons interrog\u00e9es dans le cadre de cet article. \u00c0 l\u2019instar de l\u2019\u00e9diteur de jeux vid\u00e9o Ubisoft, qui a install\u00e9 son programme d\u2019accompagnement au sein de Station F il y a bient\u00f4t deux ans. \u201cIncuber des start-up n\u2019est pas notre m\u00e9tier principal. Ce que nous faisons, c\u2019est du divertissement. Depuis trente ans, Ubisoft a construit \u00e9norm\u00e9ment d\u2019expertise dans ce domaine et c\u2019est ce qui est utile aux entrepreneurs que nous accompagnons\u201d, estime Catherine Seys, directrice du programme. Avoir des entreprises cr\u00e9dibles \u00e9tait \u00e9galement le souci de Roxanne Varza, directrice de Station F, lors de la s\u00e9lection des acteurs pr\u00e9sents sur le campus. \u201cUn tiers des programmes propos\u00e9s ici le sont par des grandes entreprises. Nous avons donc eu \u00e0 c\u0153ur de d\u00e9terminer quelle \u00e9tait leur l\u00e9gitimit\u00e9 sur un sujet donn\u00e9, explique-t-elle. Par exemple, Microsoft \u00e9tait pertinent sur l\u2019intelligence artificielle, Facebook sur la data ou encore Vente Priv\u00e9e sur le retail.\u201d<\/p>
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Du c\u00f4t\u00e9 du Boncoin \u00e9galement, l\u2019un des premiers questionnements fut de savoir ce que l\u2019entreprise pouvait apporter aux start-up. \u201cCompte tenu des \u00e9changes que nous avions eus jusqu\u2019ici avec des entrepreneurs, nous savions que ce qui les int\u00e9ressait \u00e9tait notre capacit\u00e9 \u00e0 exposer leur produit ou service \u00e0 une tr\u00e8s large audience, qu\u2019elle soit constitu\u00e9e de professionnels ou de particuliers.\u201d Un constat qui a permis \u00e0 l\u2019entreprise sp\u00e9cialis\u00e9e dans les petites annonces en ligne d\u2019affiner le profil d\u2019entrepreneurs qu\u2019elles souhaitaient accompagner. Ainsi, Leboncoin privil\u00e9gie les start-up ayant notamment un certain avancement dans leur d\u00e9veloppement et qui ne sont pas en lev\u00e9e de fonds. \u201cCe genre d\u2019exercice \u00e9tant extr\u00eamement chronophage pour les porteurs de projet, cela peut \u00eatre un vrai ralentisseur pour la collaboration entre une soci\u00e9t\u00e9 comme la n\u00f4tre et une start-up. Qu\u2019elles aient une \u00e9quipe constitu\u00e9e et un produit ou service qui a d\u00e9pass\u00e9 le stade du prototype \u00e9tait \u00e9galement essentiel pour nous\u201d, insiste Marc Brandsma.<\/p>
Pour d\u2019autres, accueillir des entrepreneurs au tout d\u00e9but de leur projet n\u2019est pas du tout exclu, au contraire. Mais cela n\u00e9cessite un ajustement dans l\u2019accompagnement qui peut \u00eatre propos\u00e9. C\u2019est le cas au sein du programme d\u2019Ubisoft, o\u00f9 se c\u00f4toient aussi bien des structures bien avanc\u00e9es, ayant une \u00e9quipe et une roadmap tr\u00e8s solides, que des start-up jeunes. \u201cQuel que soit leur profil, il faut qu\u2019il y ait un ancrage technologique fort car c\u2019est tr\u00e8s important dans notre industrie. Et nous constatons que plus les start-up sont loin de notre c\u0153ur de business, plus il faut que leur socle technologique et leur offre soient aboutis. Dans ce cas de figure, nous travaillons en partenariat sur la construction de relations avec des grands comptes, d\u00e9taille Catherine Seys. En revanche, plus les entrepreneurs sont proches de notre m\u00e9tier historique, plus on peut se permettre d\u2019accueillir des profils \u2018early stage\u2019 pour lesquels on apportera plus facilement de la valeur et on pourra les aider \u00e0 fa\u00e7onner leur business.\u201d<\/p>
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Et s\u2019il existe des philosophies diff\u00e9rentes concernant le profil d\u2019entrepreneurs accueillis, les modalit\u00e9s d\u2019int\u00e9gration de ces programmes sont \u00e9galement multiples. Ainsi, certaines entreprises ont fait le choix de ne rien demander \u00e0 leurs h\u00f4tes, comme Ubisoft ou Hellowork. En revanche, d\u2019autres ont opt\u00e9 pour une prise de participation au capital ou pour l\u2019achat d\u2019obligations. C\u2019est l\u2019option adopt\u00e9e par Leboncoin. \u201cNous avons pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 ne pas prendre de parts dans les entreprises que nous accueillons mais plut\u00f4t des obligations convertibles au moment o\u00f9 elles estiment que c\u2019est le plus opportun, lors d\u2019une lev\u00e9e de fonds par exemple, affirme Marc Brandsma. Nous ne sommes pas l\u00e0 pour faire une plus-value financi\u00e8re, ce n\u2019est pas notre vision. Le plus important reste la relation cr\u00e9\u00e9e avec la start-up et les \u00e9ventuelles synergies qui peuvent se faire.\u201d<\/p>
Au sein de Station F, Roxanne Varza nous confie qu\u2019il y a plusieurs cas de figure mais que la grande majorit\u00e9 des programmes propos\u00e9s par les grands groupes sont accessibles sans aucune contrepartie financi\u00e8re. \u201cC\u2019est aussi une question d\u2019image pour ces entreprises. Si elles faisaient payer ou prenaient syst\u00e9matiquement des parts dans les start-up qu\u2019elles accompagnent, au long terme, cela ne fonctionnerait pas\u201d, estime-t-elle. \u201cLes grands groupes ne sont pas, de prime abord, forc\u00e9ment int\u00e9ressants pour des start-up, abonde de son cot\u00e9 Jean-Christophe Conticello. Donc il est n\u00e9cessaire de donner une image d\u2019entreprise ouverte et innovante.\u201d Au sein de son entreprise, le cr\u00e9ateur et dirigeant de Wemanity a lui aussi mis en place un programme d\u2019accompagnement. Pour lui, la prise de participation est syst\u00e9matique m\u00eame si toutes les d\u00e9cisions reviennent \u00e0 l\u2019entrepreneur. \u201cLe pourcentage que nous prenons varie et d\u00e9pend du business model de la start-up et de ses ambitions. Mais la r\u00e8gle est que les deux parties doivent \u00eatre gagnantes. Et m\u00eame si nous sommes majoritaires, nous ne prenons aucune d\u00e9cision.\u201d<\/p>
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De son c\u00f4t\u00e9, Ubisoft nous assure que la prise de parts au capital serait contre-productive dans certains cas. \u201cCe ne serait pas pertinent pour un programme comme le n\u00f4tre qui est avant tout bas\u00e9 sur l\u2019\u00e9change d\u2019expertises. Cela peut m\u00eame s\u2019av\u00e9rer bloquant pour des start-up qui souhaitent lever des fonds, affirme Catherine Seys. En effet, pour certains fonds d\u2019investissement, avoir un corporate au capital n\u2019est pas un avantage mais un frein. Puis cela restreint aussi l\u2019entrepreneur vis-\u00e0-vis des autres acteurs du secteur qu\u2019il peut moins facilement d\u00e9marcher ou int\u00e9grer \u00e0 son capital.\u201d Si chaque entreprise a sa propre fa\u00e7on de fonctionner, toutes sont soucieuses de faire de l\u2019accompagnement des start-up un moment favorisant l\u2019\u00e9change, les synergies et l\u2019implication de l\u2019ensemble des \u00e9quipes. \u201cTous nos collaborateurs interviennent aupr\u00e8s des entrepreneurs en fonction de leurs demandes et de leurs recherches d\u2019expertises. C\u2019est un point positif et enrichissant pour nous car tout le monde est impliqu\u00e9, insiste David Beaurepaire. La seule chose est de pouvoir se rendre disponible.\u201d<\/p>
M\u00eame tendance au sein du Boncoin o\u00f9 l\u2019ensemble des salari\u00e9s peuvent \u00eatre mis \u00e0 contribution. \u201cNos \u00e9quipes sont m\u00eame en demande de ne pas s\u2019occuper uniquement de nos probl\u00e9matiques\u201d, assure Marc Brandsma. Pour Ubisoft, il est toutefois essentiel que ce partage d\u2019exp\u00e9rience se fasse dans les deux sens. \u201cSi nous faisons le maximum pour les aider dans leur d\u00e9veloppement, les entrepreneurs s\u2019engagent \u00e9galement \u00e0 passer du temps avec nous afin de nous \u00e9clairer sur certaines th\u00e9matiques, comme ce fut le cas sur la blockchain\u201d, d\u00e9taille Catherine Seys. Un \u00e9change d\u2019expertise dont l\u2019objectif est qu\u2019il perdure une fois le programme d\u2019accompagnement achev\u00e9. Toutes nos interlocuteurs nous l\u2019affirment : soutenir une start-up est un travail de longue haleine.<\/p>
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Google, Ubisoft, Microsoft, Leboncoin, PepsiCo\u2026 Les entreprises sont de plus en plus nombreuses \u00e0 se lancer dans l\u2019accompagnement de start-up en cr\u00e9ant leur propre programme. Si chacune a sa mani\u00e8re de proc\u00e9der, toutes affichent un but commun\u00a0: se nourrir de l\u2019exp\u00e9rience de jeunes pousses afin de trouver de nouveaux relais de croissance pour leur business.\u00a0<\/p>\n","protected":false},"author":18,"featured_media":2959,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_seopress_robots_primary_cat":"","_seopress_titles_title":"","_seopress_titles_desc":"","_seopress_robots_index":"","footnotes":""},"categories":[12,17],"tags":[],"class_list":["post-2958","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-entreprise","category-numerique"],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2958","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/18"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=2958"}],"version-history":[{"count":4,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2958\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":16888,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/2958\/revisions\/16888"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/2959"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=2958"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=2958"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=2958"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}