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L\u2019upcycling, ou le surcyclage, est le fait de transformer un produit ou un mat\u00e9riau usag\u00e9 pour lui donner de la valeur. \u201cCela doit servir \u00e0 cr\u00e9er plus de productivit\u00e9 sur la mati\u00e8re originelle\u201d, ajoute Fran\u00e7ois-Michel Lambert, d\u00e9put\u00e9 et fondateur de l\u2019Institut de l\u2019\u00e9conomie circulaire. Dans le secteur de l\u2019industrie, c\u2019est l\u2019\u00e9quivalent du remanufacturing (m\u00eame si un niveau de performance sup\u00e9rieur n\u2019est pas toujours respect\u00e9). \u201cCette d\u00e9marche est tourn\u00e9e vers les professionnels qui n\u2019ont aucun attachement \u00e9motionnel aux produits usag\u00e9s. L\u2019entreprise voit son outil tel qu\u2019il est. L\u2019enjeu est d\u2019obtenir toujours plus de performance\u201d, explique Fran\u00e7ois-Michel Lambert.<\/p>
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Chez Renault, l\u2019usine de Choisy-le-Roi (94) pratique le remanufacturing depuis les ann\u00e9es 1940. Cette usine re\u00e7oit des pi\u00e8ces usag\u00e9es ou d\u00e9fectueuses \u2013 moteurs, bo\u00eetes de vitesse, ch\u00e2ssis \u2013 collect\u00e9es pour 80\u00a0% en interne. Certaines vont \u00eatre nettoy\u00e9es et rassembl\u00e9es avec une proportion de pi\u00e8ces neuves\u00a0: \u201cCes pi\u00e8ces compos\u00e9es \u00e0 60-70 % de pi\u00e8ces r\u00e9utilis\u00e9es sortent d\u2019usine avec la m\u00eame performance, \u00e0 qualit\u00e9 et durabilit\u00e9 identiques. Mais le client les ach\u00e8te 40 % moins ch\u00e8res\u201d, pr\u00e9cise Jean-Denis Curt, responsable du p\u00f4le recyclage et \u00e9conomie circulaire chez Renault. Cette offre appel\u00e9e \u201c\u00c9change standard\u201d r\u00e9duit de 70 \u00e0 80\u00a0% l\u2019impact environnemental par rapport \u00e0 la production des pi\u00e8ces neuves. Cette activit\u00e9 de longue date, profitable \u00e9conomiquement, n\u2019est pas n\u00e9e d\u2019une probl\u00e9matique environnementale mais d\u2019un besoin client.<\/p>
\u201cMais la r\u00e9flexion est continue. Nous souhaitons d\u00e9velopper ces actions pour les moteurs des v\u00e9hicules \u00e9lectriques\u201d, r\u00e9v\u00e8le Jean-Denis Curt. L\u2019enjeu est de taille pour le constructeur fran\u00e7ais qui voit diminuer les quantit\u00e9s de mati\u00e8res premi\u00e8res et leur co\u00fbt varier de mani\u00e8re cons\u00e9quente, avec des impacts sur sa marge et son b\u00e9n\u00e9fice. \u00c0 titre d\u2019exemple, les r\u00e9serves de cuivre, de plus en plus utilis\u00e9 sur les voitures \u00e9lectriques, seront vides d\u2019ici 30 \u00e0 40 ans. Pour encourager les entreprises \u00e0 s\u2019engager sur ce genre de d\u00e9marche, Fran\u00e7ois-Michel Lambert pr\u00f4ne des changements \u00e0 plusieurs niveaux pour leur faciliter le travail\u00a0: \u201cD\u2019abord, la fiscalit\u00e9. Une baisse de la TVA pour la r\u00e9paration et le r\u00e9emploi a \u00e9t\u00e9 annonc\u00e9e pour 2021. Ainsi qu\u2019une r\u00e9glementation plus stricte (c\u2019est d\u00e9j\u00e0 le cas pour certains objets en plastique \u00e0 usage unique, ndlr), pr\u00e9cise le d\u00e9put\u00e9. Le soutien \u00e0 l\u2019innovation et \u00e0 la transformation est primordial, tout comme la mont\u00e9e en comp\u00e9tences sur ces sujets avec des \u00e9coles, des formations\u2026\u201d<\/p>
Un enjeu de haute importance g\u00e9r\u00e9 par le gouvernement \u00e0 travers une feuille de route sur l\u2019\u00e9conomie circulaire pr\u00e9vue pour 2021. L\u2019effort est \u00e0 faire du c\u00f4t\u00e9 des marques \u00e9galement. Si certaines ont une d\u00e9marche plut\u00f4t discr\u00e8te, d\u2019autres en font du greenwashing, profitant de collections \u00e9ph\u00e9m\u00e8res \u00e0 grand coup de communication. \u201cL\u2019upcycling m\u00e9rite des efforts de marketing, ce qui n\u2019est pas une mauvaise chose s\u2019il est mobilis\u00e9 pour faire avancer les marques et les produits vers du mieux, nuance \u00c9lisabeth Laville, fondatrice du cabinet de conseil Utopies. Cela a au moins le m\u00e9rite de sensibiliser les consommateurs sur le sujet.\u201d<\/p>
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De son c\u00f4t\u00e9, le march\u00e9 du textile, deuxi\u00e8me secteur le plus pollueur au monde, a mis en vente 2,6 milliards de pi\u00e8ces en 2017, soit l\u2019\u00e9quivalent de 624 000 tonnes sur un an, selon Eco TLC, \u00e9co-organisme de la fili\u00e8re. Cette entreprise cr\u00e9\u00e9e en 2008 a un r\u00f4le de mesure et de tra\u00e7abilit\u00e9 pour le secteur des textiles d\u2019habillement, linge de maison et chaussures. \u00c0 but non lucratif, elle fonctionne en partie gr\u00e2ce aux \u00e9co-contributions des marques concern\u00e9es. \u201cC\u2019est un peu le principe du \u2018pollueur = payeur\u2019. Avec la Responsabilit\u00e9 \u00e9largie du producteur (Rep), les metteurs en march\u00e9 ont l\u2019obligation l\u00e9gale de pourvoir ou de contribuer \u00e0 la fin de vie des textiles. La France est le seul pays au monde dans lequel le secteur des textiles est concern\u00e9 par cette responsabilit\u00e9\u201d, indique Ad\u00e8le Rinck, responsable de la communication au sein d\u2019Eco TLC. Derri\u00e8re \u201cJ\u2019ai la fibre du tri\u201d, l\u2019entreprise s\u2019occupe de collecter des textiles usag\u00e9s pour leur redonner une seconde vie. En 2017, sur 184 494 tonnes tri\u00e9es, 58,5 % ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9utilis\u00e9es et 41,2 % destin\u00e9es au recyclage et \u00e0 la valorisation \u00e9nerg\u00e9tique.<\/p>
Dans le secteur, il existe des initiatives historiques comme Nike qui recycle des baskets depuis 1998 ou Bic qui collecte stylos, correcteurs et marqueurs usag\u00e9s pour en faire du mobilier de jardin depuis 2011. Plus r\u00e9cemment, PrimaLoft, Inc., sp\u00e9cialis\u00e9 dans les tissus et isolants \u00e0 haute performance pour le secteur de l\u2019outdoor, la mode, la d\u00e9coration, l\u2019habillement professionnel, la chasse et le domaine militaire vient de d\u00e9velopper PrimaLoft\u00ae Bio\u2122, premier tissu synth\u00e9tique isolant 100 % recycl\u00e9 \u00e0 base de bouteilles en plastique et biod\u00e9gradable (dans l\u2019eau de mer et des sites d\u2019enfouissement). Le prochain d\u00e9fi du secteur\u00a0? \u201cFaire en sorte que la fibre recycl\u00e9e soit moins ch\u00e8re que la fibre vierge\u201d, conclut Ad\u00e8le Rinck.<\/p>
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