{"id":358,"date":"2014-01-13T15:28:16","date_gmt":"2014-01-13T14:28:16","guid":{"rendered":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/faguo-travailler-serieusement-sans-se-prendre-au-serieux\/"},"modified":"2023-07-18T10:01:19","modified_gmt":"2023-07-18T08:01:19","slug":"faguo-travailler-serieusement-sans-se-prendre-au-serieux","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/faguo-travailler-serieusement-sans-se-prendre-au-serieux\/","title":{"rendered":"Faguo : \u201cTravailler s\u00e9rieusement, sans se prendre au s\u00e9rieux\u201d"},"content":{"rendered":"

En 2009, deux jeunes \u00e9tudiants de l\u2019Istec se lancent un projet fou : cr\u00e9er leur entreprise tout en poursuivant leurs \u00e9tudes \u00e0 l\u2019\u00e9cole de commerce. Quatre ans plus tard, la marque de chaus\u00adsures et d\u2019accessoires Faguo, qui a su s\u2019appuyer notamment sur les r\u00e9seaux sociaux, a bien grandi. Fr\u00e9d\u00e9ric Mugnier et Nicolas Rohr, ses cr\u00e9ateurs, prouvent ainsi qu\u2019il n\u2019y a pas d\u2019\u00e2ge pour laisser germer la graine de la cr\u00e9ation. Et surtout que la jeunesse peut \u00eatre un atout en la mati\u00e8re. Rencontre avec Nicolas Rohr. Propos recueillis par Aline G\u00e9rard*.<\/span><\/p>

Vous avez emport\u00e9 en octobre la 2e place ex-\u00e6quo au Grand prix des Jeunes cr\u00e9ateurs du commerce, organis\u00e9 par Unibail-Rodamco. Vous allez donc prochainement ouvrir une premi\u00e8re boutique, comment appr\u00e9hendez-vous ce nouveau cap ?<\/strong>
Lorsque nous avons cr\u00e9\u00e9 Faguo, les choses ont rapidement bien d\u00e9marr\u00e9 pour nous. Au bout d\u2019un an et demi, on nous parlait d\u2019une boutique. On nous demandait : \u201cQuand est-ce que vous en ouvrez une, que l\u2019on puisse voir tous vos produits ?\u201d Cela nous titillait et ce prix tombe au juste moment. Si nous l\u2019avons pr\u00e9sent\u00e9 cette ann\u00e9e, c\u2019est parce que nous \u00e9tions matures. Je ne l\u2019aurais m\u00eame pas tent\u00e9 l\u2019ann\u00e9e derni\u00e8re.<\/p>

N\u2019est-il pas possible de concevoir aujourd\u2019hui un mod\u00e8le uniquement bas\u00e9 sur le Web et des multimarques ?<\/strong>
Finalement le Web ne repr\u00e9sente que 10 % de notre chiffre d\u2019affaires. Ce ne sera jamais aussi gros que la vente au d\u00e9tail qui est encore un r\u00e9seau tr\u00e8s puissant en France, m\u00eame s\u2019il a tendance \u00e0 moins bien se porter que le Web. Nous devons donc continuer \u00e0 le privil\u00e9gier.
Le fait d\u2019ouvrir notre boutique en propre correspond aussi \u00e0 une tendance observ\u00e9e sur beaucoup de marques et qui vise \u00e0 pr\u00e9senter leur propre concept \u00e0 leurs clients. On le voit avec Maje, Sandro, The Kooples, Claudie Pierlot qui ouvrent \u00e9norm\u00e9ment et presque quasiment des boutiques en propre. C\u2019est un syst\u00e8me qui fonctionne, car cela renforce l\u2019identit\u00e9 de marque.<\/p>

L\u2019id\u00e9e de l\u2019entreprise est n\u00e9e lors d\u2019un voyage Erasmus en Chine. Comment ?<\/strong>
Elle est n\u00e9e de deux choses. Lorsque nous sommes arriv\u00e9s en Chine avec Fr\u00e9d\u00e9ric, nous nous sommes retrouv\u00e9s face \u00e0 un pays dynamique, avec des gens qui entreprennent, qui se bougent et ont des projets. Et nous, nous avions un peu l\u2019impression d\u2019\u00eatre les deux \u00e9tudiants qui profitaient du syst\u00e8me, ou plut\u00f4t de la p\u00e9riode \u00e9tudiante sans rien faire de leur vie. C\u2019est agr\u00e9able quand on ne s\u2019en aper\u00e7oit pas. Mais quand vous vous en rendez compte, vous vous dites que vous aussi vous aimeriez vous bouger, faire quelque chose de solide. C\u2019est bien les soir\u00e9es, mais c\u2019est aussi bien d\u2019avoir un projet concret. Nous \u00e9tions tous les deux int\u00e9ress\u00e9s par la mode. La chaussure \u00e9tait finalement ce qui nous paraissait le plus simple et surtout, c\u2019est le produit qui est toujours visible sur quelqu\u2019un. Toute l\u2019ann\u00e9e, vous pouvez porter la m\u00eame paire de chaussures alors que toute l\u2019ann\u00e9e, on ne portera pas le m\u00eame pull, le m\u00eame manteau. C\u2019\u00e9tait donc le produit qui paraissait le plus \u00e9vident parce que le plus identitaire et le plus visible sur les gens.<\/p>

Et en m\u00eame temps, c\u2019est un march\u00e9 tr\u00e8s concurrentiel, avec des poids lourds\u2026<\/strong>
Oui, mais je me suis dit qu\u2019il y avait de la concurrence partout. Quoi que nous fassions, il y en aura toujours. Et c\u2019est aussi dans ces domaines que l\u2019on peut cartonner car c\u2019est l\u00e0 qu\u2019il faut r\u00e9inventer. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019un march\u00e9 peut s\u2019endormir et devenir moins dynamique. L\u2019exemple des t\u00e9l\u00e9phones le montre. Apple arrive sur un march\u00e9 hyper satur\u00e9, avec un smartphone, et c\u2019est termin\u00e9, il remet tout en question\u2026<\/p>

\u00c0 aucun moment, vous ne vous \u00eates dit que vous faisiez une erreur ? Que c\u2019\u00e9tait peut-\u00eatre trop gros pour vous \u00a0?<\/strong>
Non, mais \u00e7a c\u2019est l\u2019insouciance !<\/p>

Vous avez donc cr\u00e9\u00e9 l\u2019entreprise en 2009, alors que vous \u00e9tiez encore, avec Fr\u00e9d\u00e9ric Mugnier, \u00e0 l\u2019Istec (\u00c9cole sup\u00e9rieure de commerce et de marketing). \u00a0Que se passe-t-il dans la t\u00eate d\u2019un \u00e9tudiant de 22 ans pour qu\u2019il cr\u00e9e son entreprise ?<\/strong>
Vous faites des comparatifs. Quand on d\u00e9cide \u00e0 22 ans de lancer sa bo\u00eete, on regarde ce qui pourrait se passer si jamais on ne le faisait pas. J\u2019aurais fait un stage, pas tr\u00e8s bien r\u00e9mun\u00e9r\u00e9, pas forc\u00e9ment tr\u00e8s int\u00e9ressant, dans une entreprise dans laquelle je n\u2019aurais pas forc\u00e9ment eu envie de bosser. Sur le c\u00f4t\u00e9 professionnel, j\u2019avais tranch\u00e9. J\u2019avais envie de me lancer. Apr\u00e8s, il y a tout le c\u00f4t\u00e9 personnel. Avec mon associ\u00e9, Fr\u00e9d\u00e9ric, nous avons fait un constat tr\u00e8s simple : nous n\u2019avions pas de femme, pas d\u2019enfant, pas d\u2019emprunt\u2026 nous nous sommes dit \u201callons y\u201d ! C\u2019est le meilleur moment de notre vie, le moment o\u00f9 nous sommes le plus libres pour entreprendre.<\/p>

Comment se sont pass\u00e9s vos d\u00e9buts ?<\/strong>
De l\u2019id\u00e9e au chiffre d\u2019affaires, il s\u2019est pass\u00e9 un an et trois mois. Nous n\u2019avons pas ch\u00f4m\u00e9 pendant ce temps. Apr\u00e8s notre retour en France, nous avons attendu notre stage de fin d\u2019ann\u00e9e. Ensuite, pour la cr\u00e9ation, nous nous sommes beaucoup fait aider par nos professeurs de l\u2019Istec. Se dire \u201cje paie une \u00e9cole et les professeurs vont pouvoir m\u2019aider\u201d, cela nous a doublement motiv\u00e9s. C\u2019est quelque chose que je n\u2019aurais jamais eu si j\u2019avais d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 dipl\u00f4m\u00e9.
Nous nous sommes \u00e9galement fait aider par l\u2019APCE (Agence pour la cr\u00e9ation d\u2019entreprise) qui propose une conf\u00e9rence sur le th\u00e8me \u201cComment monter sa bo\u00eete en 10 \u00e9tapes\u201d. C\u2019est ce qui nous a permis de nous d\u00e9coincer sur l\u2019entrepreneuriat, de nous faire comprendre quel timing il fallait respecter. Cela nous a apport\u00e9 une organisation et cela a \u00e9t\u00e9 d\u00e9terminant. Avec Fred, nous avons pris un temps pour orchestrer ces 10 \u00e9tapes en nous disant que nous avions 6 mois pour les faire. Nous les avons surmont\u00e9es durant notre stage jusqu\u2019\u00e0 celle du financement. Ensuite, tout ce qui touche \u00e0 la production, nous l\u2019avons fait pendant l\u2019ann\u00e9e scolaire classique. Lorsque nous avons termin\u00e9 notre stage, nous sommes all\u00e9s voir notre directeur, en lui expliquant que nous n\u2019avions pas achev\u00e9 la cr\u00e9ation de notre entreprise. Nous lui avons demand\u00e9 comment nous devions faire pour r\u00e9aliser les deux en m\u00eame temps, s\u2019il fallait que nous fassions une alternance. Il nous a r\u00e9pondu non, mais qu\u2019il essaierait de nous am\u00e9nager des horaires. C\u2019est ce qui s\u2019est pass\u00e9, nous avons eu droit \u00e0 des horaires un peu sp\u00e9cifiques. Je dis bien un peu car nous avons quand m\u00eame eu 20 rattrapages chacun ! En d\u00e9cembre, nous sommes all\u00e9s produire en Chine nos premi\u00e8res chaussures, tout en passant nos partiels sur Skype. Puis pour lancer notre commercialisation, nous avons cr\u00e9\u00e9 une page fan sur Facebook. Elle a rapidement pris un envol plus important que le nombre de paires initial. Nous en avions pr\u00e9vu 5 000, ce qui est le minimum de production accept\u00e9 en Chine. Des amis ont rapidement relay\u00e9 la page. Nous \u00e9tions la premi\u00e8re marque \u00e0 le faire. La premi\u00e8re marque \u00e0 utiliser Facebook pour faire du buzz dans une id\u00e9e commerciale. Nous avons cartonn\u00e9 sur le r\u00e9seau social et ensuite en ventes priv\u00e9es dans 9 villes en France. Cela nous a permis d\u2019ouvrir des portes vers des multimarques car les magasins avaient entendu parler de nous.<\/p>

\u00c0 la fin des ventes priv\u00e9es, combien aviez-vous vendu de paires ?<\/strong>
4 700. Il n\u2019en restait plus que 300 pour les boutiques. Et tout cela en seulement dix jours.<\/p>

\u00c0 l\u2019heure o\u00f9 de nombreuses marques mettent en avant le Made in France, vous fabriquez les produits en Chine. Quelles sont les raisons qui expliquent ce choix ? \u00a0Est-ce seulement le prix ?<\/strong>
Nous avons choisi de fabriquer en Chine parce que c\u2019est un pays que nous appr\u00e9cions et o\u00f9 nous connaissons r\u00e9ellement les conditions de travail. Si nous ne produisons pas en France, c\u2019est parce que nous avons besoin d\u2019avoir un produit comp\u00e9titif, c'est-\u00e0-dire entr\u00e9e de gamme. Le m\u00eame produit fabriqu\u00e9 en France co\u00fbterait 4 fois plus cher. Je ne pense pas que les gens seraient pr\u00eats \u00e0 payer 200 euros pour une paire de baskets Faguo. Et puis il faut savoir que dans l\u2019Hexagone il n\u2019est plus possible de faire notre basket, car il n\u2019y a plus les machines pour faire du vulcanis\u00e9. Il faudrait d\u00e9penser 300 000 euros pour en acheter une et faire une ligne de montage.
Le Made in France, beaucoup de gens en parlent mais qui l\u2019ach\u00e8te vraiment ? J\u2019ai l\u2019impression qu\u2019il s\u2019agit plus de se r\u00e9assurer dans le r\u00eave qui veut que l\u2019on puisse tout produire en France, que l\u2019on puisse \u00a0s\u2019auto-suffire. Ce n\u2019est plus le cas depuis des ann\u00e9es et ce n\u2019est pas parce que l\u2019on va produire des chaussures dans l\u2019Hexagone qu\u2019on ira mieux. Autant les imaginer en France. Finalement, dans le circuit Faguo, 80 % de l\u2019argent que g\u00e9n\u00e8re l\u2019entreprise est fait ici, tous mes imp\u00f4ts sont pay\u00e9s en France. Le seul argent r\u00e9ellement \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, c\u2019est celui du prix d\u2019achat de mes chaussures, infime par rapport aux salaires, aux d\u00e9penses d\u2019imp\u00f4ts sur les soci\u00e9t\u00e9s. \u00a0C\u2019est \u00e7a aussi qu\u2019il faut retenir.
J\u2019ai cr\u00e9\u00e9 14 CDI en France. Si je produisais du Made in France, je ne sais pas si je pourrais le faire. En sachant, que ce sont des premi\u00e8res embauches pour nos salari\u00e9s. La moyenne d\u2019\u00e2ge de ma soci\u00e9t\u00e9 c\u2019est 25,3 ans. Le fait de ne pas produire en France peut aussi y cr\u00e9er de la croissance, m\u00eame si c\u2019est toujours compliqu\u00e9 \u00e0 entendre.<\/p>

Vous transportez vos produits par bateau puis par p\u00e9niche. Vous compensez \u00e9galement les \u00e9missions de CO2 avec la plantation d\u2019arbres. Pourquoi cette d\u00e9marche ?<\/strong>
Chaque ann\u00e9e, nous calculons notre bilan carbone pr\u00e9visionnel. Et cela entra\u00eene une prise de conscience. La premi\u00e8re des choses, c\u2019est d\u2019essayer de r\u00e9duire les \u00e9missions. Le transport entre le sud de la Chine et Le Havre se fait effectivement par bateau et cela a toujours \u00e9t\u00e9 le cas pour nous, car c\u2019est le mode le moins polluant. Auparavant, pour aller du Havre jusqu\u2019\u00e0 Paris, nous \u00e9tions en camion. Maintenant nous sommes par barge, ce qui a diminu\u00e9 par quatre le taux d\u2019\u00e9missions sur cette parcelle. Ensuite, nous avons supprim\u00e9 tous les emballages superflus dans nos bo\u00eetes de chaussures, nous avons r\u00e9duit leur taille, ce qui permet de diminuer les volumes. Les arbres compensent le reste des \u00e9missions. Ils sont plant\u00e9s en France dans l\u2019une de nos 70 plantations que l\u2019on peut voir sur le site Internet.<\/p>

Les grands groupes ont parfois du mal \u00e0 modifier leurs pratiques en la mati\u00e8re. De votre c\u00f4t\u00e9, vous avez engag\u00e9 cette d\u00e9marche t\u00f4t dans l\u2019histoire de l\u2019entreprise. \u00c9tait-il important pour vous de le faire vite ?<\/strong>
C\u2019est comme l\u2019apprentissage des langues, plus on le fait jeune, plus on y arrive et plus on peut en faire. L\u2019ADN il faut le constituer d\u00e8s le d\u00e9but, pour pouvoir progresser et le voir comme une fen\u00eatre ouverte et non comme quelque chose de trop gros \u00e0 bouger.<\/p>

Vous avez encore peu de salari\u00e9s en direct et pourtant une visibilit\u00e9 assez forte dans les m\u00e9dias. Quels sont vos secrets ?<\/strong>
Il faut d\u00e9j\u00e0 avoir des choses \u00e0 raconter en permanence. Dans ma bo\u00eete, je n\u2019ai pas grand-chose \u00e0 cacher et j\u2019aime bien partager mon quotidien, mes diff\u00e9rentes \u00e9tapes entrepreneuriales. C\u2019est aussi ce qui me fait avancer, cela permet de r\u00e9fl\u00e9chir sur ce que l\u2019on fait. Je crois que les journalistes et la communaut\u00e9 aiment bien cela, cet esprit assez transparent. Nous r\u00e9pondons \u00e0 toutes les questions. Je pense que ce qui nous permet d\u2019avoir un large \u00e9cho, c\u2019est que l\u2019on se confie, que l\u2019on n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 dire ce que l\u2019on pense, o\u00f9 est-ce que nous avons des soucis.<\/p>

N\u2019avez-vous pas peur qu\u2019un jour cela se retourne contre vous ?<\/strong>
Bien \u00e9videmment, il faut faire attention et j\u2019esp\u00e8re rester assez humble. Mais au-del\u00e0 de faire parler de Faguo, il y a autre chose qui me motive, c\u2019est la cause entrepreneuriale. Je souhaite que les gens se bougent plus pour entreprendre. Et le plus jeune possible. Je veux leur dire \u201callez-y\u201d, c\u2019est l\u00e0 que c\u2019est le plus jouable.<\/p>

Est-il possible aujourd\u2019hui de d\u00e9velopper une entreprise sans avoir cette app\u00e9tence ou ce talent pour la communication ?<\/strong>
Je ne sais pas si nous avons le talent pour la communication (nous avions 8 de moyenne dans cette mati\u00e8re \u00e0 l\u2019\u00e9cole !). Je pense que nous avons utilis\u00e9 au bon moment un r\u00e9seau social qui se d\u00e9veloppait. Les gens n\u2019en parlaient pas, ils ne parlaient que de la publicit\u00e9 sur le Web. Nous avons \u00e9t\u00e9 la premi\u00e8re marque \u00e0 cr\u00e9er notre page fan. D\u2019ailleurs au d\u00e9but, cela n\u2019en \u00e9tait m\u00eame pas une car cela n\u2019existait pas, c\u2019\u00e9tait un groupe. Nous nous sommes appuy\u00e9s sur cette chose gratuite, que l\u2019on utilisait tous les jours. Selon moi, les entrepreneurs qui r\u00e9ussissent vont l\u00e0 o\u00f9 il y a une alternative pour pouvoir \u00e9merger plus vite que les autres, parce qu\u2019ils ont r\u00e9fl\u00e9chi \u00e0 \u00e7a plus vite que les autres.<\/p>

Quelle importance accordez-vous \u00e0 l\u2019innovation ?<\/strong>
Je pense que je n\u2019entends pas l\u2019innovation au m\u00eame niveau que d\u2019autres bo\u00eetes. J\u2019ai tr\u00e8s peu de R&D chez moi, parce que nous n\u2019avons pas besoin d\u2019inventer de nouveaux proc\u00e9d\u00e9s de chaussures, nous avons besoin simplement de pouvoir en designer de nouvelles.
Mais l\u2019innovation est le ma\u00eetre mot, c\u2019est ce qui nous permet de survivre. Nous avons une chance, c\u2019est qu\u2019elle est demand\u00e9e par nos clients. L\u2019\u00e9largissement de la gamme (sacs, accessoires, etc.) en est le fruit. Ils ont \u00e9t\u00e9 de plus en plus nombreux \u00e0 le demander donc nous l\u2019avons fait. Aujourd\u2019hui, cela repr\u00e9sente 20 % du chiffre d\u2019affaires.<\/p>

L\u2019innovation vient donc davantage des remont\u00e9es du terrain que d\u2019un esprit cr\u00e9atif interne\u2026<\/strong>
Chez nous les gens croient en une marque et pas seulement en un produit. Prenons l\u2019exemple de Converse, c\u2019est un seul mod\u00e8le de chaussures qui fait 90 % du CA : le mod\u00e8le classique montant. C\u2019est une marque pour laquelle l\u2019innovation n\u2019est pas accept\u00e9e. Ils essaient d\u2019innover en faisant des v\u00eatements, d\u2019autres mod\u00e8les, mais la client\u00e8le n\u2019en veut pas. Elle refuse l\u2019innovation, alors que chez nous elle l\u2019accepte tr\u00e8s largement. Notre mod\u00e8le d\u2019origine repr\u00e9sente maintenant 30 % seulement du chiffre d\u2019affaires. Il y a de la place pour une marque globale, et c\u2019est primordial. C\u2019est ce que toutes recherchent, nous avons \u00e9norm\u00e9ment de chances de l\u2019avoir.<\/p>

Comment d\u00e9finissez-vous votre vision du management ?<\/strong>
Notre cr\u00e9do, c\u2019est travailler s\u00e9rieusement, sans se prendre au s\u00e9rieux. C\u2019est important pour garder le dynamisme de notre jeune PME.
Nous avons un management qui est peut-\u00eatre un peu d\u00e9tonnant car c\u2019\u00e9tait la premi\u00e8re fois que nous managions des gens. Nous n\u2019avons jamais \u00e9t\u00e9 salari\u00e9s avant, nous n\u2019avons jamais \u00e9t\u00e9 manag\u00e9s, donc c\u2019\u00e9tait un peu compliqu\u00e9. Nous essayons de plus en plus de partager l\u2019information. On se rend compte que ce qu\u2019il y a de primordial dans une bo\u00eete, c\u2019est que les infos arrivent au m\u00eame moment, aux diff\u00e9rentes personnes, aux diff\u00e9rents services. Tous les mois, nous faisons un plan mensuel, avec toute l\u2019\u00e9quipe r\u00e9unie. C\u2019est une mani\u00e8re de rassembler les gens, de les faire parler. En sachant que m\u00eame si nous gardons une belle pyramide hi\u00e9rarchique dans la bo\u00eete, l\u2019apprenti a finalement autant de force dans sa voix, en termes d\u2019\u00e9coute en tout cas, qu\u2019un manager.<\/p>

Quels sont vos prochains challenges, outre l\u2019ouverture de la boutique ?<\/strong>
D\u00e9velopper davantage l\u2019international, qui repr\u00e9sente pour le moment 25 % de notre CA (la moiti\u00e9 en Europe, l\u2019autre moiti\u00e9 en Asie). Il faudrait que cela passe \u00e0 35 %. Nous voulons \u00e9galement continuer \u00e0 distribuer dans de belles boutiques comme Colette, Kiliwatch. L\u2019autre challenge, c\u2019est de pouvoir faire grandir la distribution d\u2019accessoires.<\/p>

Comme vous le disiez, vous n\u2019avez jamais travaill\u00e9 comme salari\u00e9, vous n\u2019avez jamais \u00e9t\u00e9 manag\u00e9. Imaginez-vous un jour de vous int\u00e9grer comme cadre dans une entreprise ?<\/strong>
C\u2019est difficile de le savoir car je ne l\u2019ai jamais \u00e9t\u00e9. Je pense qu\u2019il ne faut jamais dire jamais, mais pour l\u2019instant, je n\u2019ai pas envie de l\u2019imaginer. J\u2019ai l\u2019impression d\u2019avoir la vocation de l\u2019entrepreneuriat, j\u2019ai toujours eu envie de le faire. Mais il ne faut pas se fermer la porte. J\u2019ai des amis salari\u00e9s qui sont tr\u00e8s heureux aussi, moins tendus, qui ont moins de soucis, qui dorment peut-\u00eatre mieux la nuit. Mais pour le moment, j\u2019ai envie d\u2019utiliser ma dose d\u2019adr\u00e9naline tant que j\u2019en ai. Ma dose d\u2019inconscience aussi, car j\u2019en ai une ! \u00a0Ce sont tous ces ingr\u00e9dients-l\u00e0 qui ne me permettront pas d\u2019\u00eatre cadre pour le moment.
Je pense toutefois que l\u2019on peut \u00eatre cadre et intrapreneur. C\u2019est une notion qui se d\u00e9veloppe de plus en plus dans les entreprises : on vous confie une mission en interne, vous \u00eates quasiment autonome, tr\u00e8s peu manag\u00e9\u2026 C\u2019est une notion \u00e0 laquelle je crois vraiment. Donc pourquoi pas ? Si je devais un jour \u00eatre cadre, cela pourrait \u00eatre en tant qu\u2019intrapreneur.
\u00a0<\/p>

Faguo en bref<\/span>
\u2022 CA pr\u00e9vu en 2013 : 2,1 millions d\u2019euros
\u2022 CA en 2012 : 1,8 million d\u2019euros
\u2022 4 collaborations par an avec d\u2019autres marques (dernier exemple : une \u00e9dition limit\u00e9e avec Agn\u00e8s B.)
\u2022 280 000 arbres plant\u00e9s en quatre ans
\u2022 Lev\u00e9e de fonds de 1,5 million d\u2019euros en 2012
\u2022 Plus de 40 000 fans Facebook<\/p>

* Interview publi\u00e9e dans le num\u00e9ro de d\u00e9cembre-janvier 2014 de Courrier Cadres<\/em>, actuellement en kiosque.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

En 2009, deux jeunes \u00e9tudiants de l\u2019Istec se lancent un projet fou : cr\u00e9er leur entreprise tout en poursuivant leurs \u00e9tudes \u00e0 l\u2019\u00e9cole de commerce. Quatre ans plus tard, la marque de chaus\u00adsures et d\u2019accessoires Faguo, qui a su s\u2019appuyer notamment sur les r\u00e9seaux sociaux, a bien grandi. Fr\u00e9d\u00e9ric Mugnier et Nicolas Rohr, ses cr\u00e9ateurs,<\/p>\n","protected":false},"author":7,"featured_media":359,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_seopress_robots_primary_cat":"","_seopress_titles_title":"","_seopress_titles_desc":"","_seopress_robots_index":"","footnotes":""},"categories":[10,7],"tags":[],"class_list":["post-358","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-interviews-management","category-management"],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/358","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/7"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=358"}],"version-history":[{"count":4,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/358\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":15757,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/358\/revisions\/15757"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/359"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=358"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=358"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=358"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}