{"id":3609,"date":"2019-12-19T11:57:11","date_gmt":"2019-12-19T10:57:11","guid":{"rendered":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/les-entretiens-videos-et-lia-risquent-ils-daugmenter-les-discriminations-physiques\/"},"modified":"2023-07-18T10:08:23","modified_gmt":"2023-07-18T08:08:23","slug":"les-entretiens-videos-et-lia-risquent-ils-daugmenter-les-discriminations-physiques","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/les-entretiens-videos-et-lia-risquent-ils-daugmenter-les-discriminations-physiques\/","title":{"rendered":"Les entretiens vid\u00e9os et l\u2019IA risquent-ils d\u2019augmenter les discriminations ?"},"content":{"rendered":"
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Des start-ups, aux USA comme en France, proposent actuellement d\u2019utiliser de l\u2019intelligence artificielle aux diff\u00e9rents stades de recrutement, du sourcing au matching, jusqu\u2019aux entretiens vid\u00e9os. Une tendance pr\u00e9occupante se d\u00e9veloppe dans ce dernier cas : l\u2019utilisation d\u2019algorithmes, qui analysent le contenu verbal des entretiens vid\u00e9os, mais aussi la voix, les gestes et les visages des candidats.<\/p>
En raison d\u2019un flou entretenu, il est difficile de conna\u00eetre pr\u00e9cis\u00e9ment les variables trait\u00e9es par les logiciels. Les crit\u00e8res examin\u00e9s par l\u2019IA varient d\u2019une start-up \u00e0 l\u2019autre, mais la plupart du temps, ils traitent la prosodie (tonalit\u00e9s, accents, modulations), les regards, les mouvements, les expressions faciales et parfois m\u00eame la forme des visages. Ils entendent d\u00e9tecter les candidats \u201ccomp\u00e9tents\u201d<\/em>, et s\u00e9lectionner les \u201cmeilleurs profils\u201d<\/em> pour les recruteurs.<\/p> \u00a0<\/p> J\u2019\u00e9tudie la question de l\u2019impact de l\u2019apparence sur le recrutement depuis des ann\u00e9es. La prise en compte des aspects non-verbaux pour s\u00e9lectionner un candidat ne date pas d\u2019hier : l\u2019apparition des photos sur les CV allait d\u00e9j\u00e0 en ce sens. Mais aujourd\u2019hui, il y a une vraie acc\u00e9l\u00e9ration du ph\u00e9nom\u00e8ne avec ces syst\u00e8mes d\u2019IA. Ils sont de plus en plus utilis\u00e9s par des entreprises qui, bien souvent, n\u2019ont pas conscience des enjeux, et ne voient que la promesse de gagner du temps<\/a>.<\/p> Les risques de d\u00e9rives sont pourtant grands. Le droit fran\u00e7ais est limpide en ce qui concerne les discriminations directes : s\u00e9lectionner un candidat selon son apparence physique (corporelle, vestimentaire) est prohib\u00e9 depuis la loi du 16 novembre 2001. L\u2019analyse par des algorithmes du visage des candidats ne peut donc, l\u00e9galement, pas \u00eatre utilis\u00e9e en France.<\/p> Mais le vrai probl\u00e8me, que je soul\u00e8ve dans mon \u00e9tude<\/a>, ce sont les discriminations indirectes. Sans s\u2019en rendre compte, sans que ce soit l\u2019objectif du logiciel, on va d\u00e9favoriser certains candidats, en particulier ceux qui ont des handicaps psychiques ou des probl\u00e8mes de sant\u00e9 qui influent sur leur fa\u00e7on de parler, leurs gestes ou les expressions du visage. Et les \u00e9tudes montrent que les analyses automatiques ne peuvent pas pour le moment interpr\u00e9ter ces diff\u00e9rences<\/a>.\u00a0En France, m\u00eame\u00a0si la start-up Easyrecrue<\/a> n\u2019exploite pas la gestuelle du candidat,\u00a0elle analyse sa voix. Or, celle-ci varie en fonction de l\u2019\u00e9tat de sant\u00e9 d\u2019une personne.<\/p> Au del\u00e0 du handicap et des maladies, quelqu\u2019un de timide ou de stress\u00e9 est aussi susceptible d\u2019\u00eatre discrimin\u00e9 par de tels syst\u00e8mes.\u00a0Des recruteurs vous diront que la r\u00e9sistance \u00e0 la pression est une soft skill essentielle. Mais si pour certains postes (communication, marketing, commerce), il est possible d\u2019admettre ce raisonnement, il ne s\u2019agit pas d\u2019une v\u00e9rit\u00e9 absolue. Des \u00e9tudes d\u00e9montrent que les recruteurs \u00e9cartent fr\u00e9quemment les candidats timides ou anxieux, et que les algorithmes risquent de reproduire cela. Les m\u00eames \u00e9tudes montrent que l\u2019anxi\u00e9t\u00e9 et la timidit\u00e9 sont sans lien avec la performance, et qu\u2019il est possible de faire tr\u00e8s bien son travail malgr\u00e9 cela. Nous savons aussi que la communication non verbale et l\u2019expression orale varient selon les origines sociales ou les cultures. Avoir un accent \u00e9tranger ou des expressions r\u00e9gionales peut \u00eatre mal per\u00e7u par les recruteurs \u2013 un\u00a0crit\u00e8re de discrimination reconnu par le D\u00e9fenseur des droits<\/a> depuis 2017.<\/p> Mais ce n\u2019est pas l\u2019IA en elle-m\u00eame qui interroge, ni le fait d\u2019automatiser les recrutements. Un ordinateur ne se fatigue pas et peut se r\u00e9v\u00e9ler moins subjectif et discriminant. Mais pour cela, il faut remplir quelques conditions qui, si elles ne sont pas r\u00e9unies, conduisent \u00e0 une catastrophe.<\/p> \u00a0<\/p>Pourquoi ces syst\u00e8mes sont-ils dangereux, selon vous ?<\/h3>
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L\u2019IA appliqu\u00e9e aux entretiens vid\u00e9o ne risque-t-elle pas aussi de conduire \u00e0 une certaine uniformisation ?<\/h3>