Faire du business, tout en ayant un impact social ou environnemental, sans qu\u2019il s\u2019agisse de philanthropie\u00a0? C\u2019est la philosophie du Social Business, un mod\u00e8le entrepreneurial dont la finalit\u00e9 est de r\u00e9soudre des probl\u00e8mes sociaux, via une activit\u00e9 rentable, mais sans dividendes. Depuis 5 ou 6 ans, en France, une quinzaine de grandes entreprises du CAC 40, ainsi que des ETI, d\u00e9veloppent, en plus de leur activit\u00e9 de base, des structures qui n\u2019ont pas vocation \u00e0 enrichir les actionnaires, mais \u00e0 servir l\u2019int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral. Ainsi cr\u00e9ent-elles des \u201cjoint venture sociales\u201d <\/em>(JVS), main dans la main avec des structures de l\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire (ESS). \u201cIl s\u2019agit de co-entreprises \u00e0 vocation sociale, qui s\u2019appuient sur les expertises compl\u00e9mentaires de leurs co-actionnaires pour favoriser l\u2019inclusion par le travail. L\u2019entreprise \u2018priv\u00e9e\u2019 apporte sa connaissance sectorielle et des m\u00e9tiers, l\u2019entreprise de l\u2019ESS son approche sociale\u201d<\/em>, explique Claudine Leclerc, directrice de SocialCOBizz, qui accompagne le d\u00e9veloppement de JVS. \u201cIl y a un double mouvement : d\u2019un c\u00f4t\u00e9, les structures de l\u2019ESS qui cherchent \u00e0 p\u00e9renniser leur mod\u00e8le malgr\u00e9 des subventions en chute libre ; et de l\u2019autre, des entreprises qui d\u00e9sirent \u00eatre plus responsables\u201d<\/em>, analyse Antoine Rieu, chercheur en socio-\u00e9conomie et gestion. Dans le cadre de ses recherches, il a travaill\u00e9 aupr\u00e8s de SocialCOBizz et d\u2019Ares (Association pour la r\u00e9insertion \u00e9conomique et sociale), qui affiche d\u00e9j\u00e0 5 joint-ventures au compteur.<\/p> Si Ares s\u2019est lanc\u00e9e dans les JVS il y a 5 ans, c\u2019est pour \u201cd\u00e9velopper de nouveaux programmes plus impactants, plus vite et plus efficacement\u201d.<\/em> En 2018, l\u2019association a nou\u00e9 un partenariat avec Vinci Construction pour cr\u00e9er LIVA. Cette co-entreprise, qui fournit des prestations de logistique aux chantiers de b\u00e2timent, et dont les salari\u00e9s sont tous en voie d\u2019insertion, r\u00e9unit ses co-actionnaires sous la forme d\u2019une SAS. Vinci poss\u00e8de 49 % des parts, et Ares, 51% : \u201cc\u2019est le partenaire social qui a la majorit\u00e9, afin que le projet social reste la priorit\u00e9\u201d,<\/em> indique Anne Rodet, directrice de LIVA. Depuis 2018, Ares a cr\u00e9\u00e9 4 autres JVS, avec Accenture, le Groupe SEB et XPO Logistics. De son c\u00f4t\u00e9, Vinci en a lanc\u00e9 5, via Vinci Constructions, Vinci Autoroutes et Eurovia. D\u2019autres grands groupes, comme Danone, Adecco et la Macif, se sont aussi engag\u00e9s dans cette voie. Pour ces entreprises, les objectifs sont multiples. \u201cLe premier, c\u2019est d\u2019avoir un impact positif, en allant plus loin que la simple RSE. Le second, c\u2019est r\u00e9pondre \u00e0 des besoins de recrutement en cr\u00e9ant des \u2018passerelles vers l\u2019emploi\u2019 entre leurs JVS et elles\u201d,<\/em> explique Claudine Leclerc. Il s\u2019agit aussi d\u2019un outil de marque employeur : \u201cles collaborateurs sont fiers de l\u2019engagement de leur entreprise\u201d.<\/em> Les JVS peuvent enfin devenir des laboratoires d\u2019innovation : \u201celles sont l\u2019occasion de d\u00e9velopper et de tester de nouvelles activit\u00e9s porteuses, tout en innovant sur le terrain social et environnemental\u201d.<\/em><\/p> Pas \u00e9vident, toutefois, de convaincre les investisseurs que les rendements seront limit\u00e9s. \u00c0 la Fondation Vinci, Jean-Yves Cojean, d\u00e9l\u00e9gu\u00e9 g\u00e9n\u00e9ral, remarque que lors du d\u00e9veloppement de Liva, les obstacles rencontr\u00e9s \u00e9taient internes\u00a0: \u201cun vrai travail de sensibilisation et d\u2019acculturation au mod\u00e8le du social business a \u00e9t\u00e9 men\u00e9 chez Vinci. Nous avons d\u00fb faire comprendre aux dirigeants et aux managers de l\u2019entreprise pourquoi elle ne serait pas majoritaire au niveau de l\u2019actionnariat, mais surtout pourquoi il n\u2019y aurait pas, sinon tr\u00e8s peu, de profits\u201d<\/em>. Mais les JVS ne sont pas non plus synonymes de philanthropie. \u201cIl s\u2019agit d\u2019un vrai mod\u00e8le \u00e9conomique, qui doit \u00eatre rentable pour assurer aux actionnaires qu\u2019ils n\u2019auront pas de co\u00fbts a minima, et qu\u2019ils pourront m\u00eame gagner \u00e0 terme un peu d\u2019argent\u201d, <\/em>indique Ang\u00e9lina Lamy, d\u00e9l\u00e9gu\u00e9e g\u00e9n\u00e9rale \u00e0 la Fondation Accenture. Le retour sur investissement est surtout indirect : \u201cIl ne se mesure pas en dividendes, mais selon son impact sur l\u2019image, les recrutements ou la cr\u00e9ation de nouveaux march\u00e9s\u201d,<\/em> note Antoine Rieu.<\/p> Le social business deviendra-t-il un jour un mod\u00e8le \u00e0 atteindre pour toutes les entreprises\u00a0? \u201cCe n\u2019est que le d\u00e9but, mais le potentiel est immense, car ce syst\u00e8me est bien plus simple que de se transformer en entreprise \u00e0 mission\u201d, <\/em>remarque Claudine Leclerc, chez SocialCOBizz. Elle voit dans la JVS une sorte de cheval de Troie : \u201cen permettant de partager des pratiques de l\u2019ESS, elles est un vecteur de transformation interne. M\u00eame s\u2019il reste du chemin \u00e0 parcourir, elle peut aider \u00e0 changer beaucoup de choses chez l\u2019entreprise impliqu\u00e9e\u201d.<\/em><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Un business peut-il \u00eatre rentable, tout en ayant un impact social, et en ne cherchant pas \u00e0 gagner de l\u2019argent ? Au-del\u00e0 de la RSE et de la philanthropie, un nombre croissant d\u2019entreprises se lancent dans le \u201cSocial Business\u201d, main dans la main avec des structures de l\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire.Faire du business, tout en<\/p>\n","protected":false},"author":26,"featured_media":5160,"comment_status":"open","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_seopress_robots_primary_cat":"","_seopress_titles_title":"","_seopress_titles_desc":"","_seopress_robots_index":"","footnotes":""},"categories":[2,6],"tags":[],"class_list":["post-5159","post","type-post","status-publish","format-standard","has-post-thumbnail","hentry","category-actualites","category-tendance"],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/5159","targetHints":{"allow":["GET"]}}],"collection":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/users\/26"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=5159"}],"version-history":[{"count":4,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/5159\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":17832,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/5159\/revisions\/17832"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media\/5160"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=5159"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=5159"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/courriercadres.cosavostra.com\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=5159"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}A lire aussi :\u00a0\u00a0L\u2019\u00e9conomie sociale et solidaire \u00e0 la recherche de cadres<\/a><\/h5>
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