Param\u00e9trer mes cookies<\/a><\/div><\/template><\/p>Comment vous qualifiez-vous en tant que manager\u00a0?<\/h3>
Je n\u2019ai jamais r\u00e9fl\u00e9chi \u00e0 un mot ou un adjectif qui me caract\u00e9riserait. Je dirais que ce n\u2019est pas une colonie de vacances sur le plateau, je ne montre pas un c\u00f4t\u00e9 rigolo sur le tournage. Pour autant, je sais que je ne convoque pas de perversit\u00e9. Je ne concentre pas mon inqui\u00e9tude sur un souffre-douleur.<\/p>
Je dis les choses assez frontalement aux gens, avec parfois enthousiasme et m\u00eame \u00e9motion. Ce qui m\u2019autorise \u00e0 dire, \u00e0 certains moments, que \u00e7a ne va pas, par exemple quand il y a une dispersion de l\u2019\u00e9nergie ou quand les \u00e9quipes ne sont pas attentives les unes aux autres. J\u2019essaie d\u2019\u00eatre dans cette honn\u00eatet\u00e9-l\u00e0. Pour pouvoir m\u2019autoriser \u00e0 dire les choses qui dysfonctionnent, je dois aussi dire quand \u00e7a marche bien<\/strong>. C\u2019est tr\u00e8s important.<\/p>Le milieu du cin\u00e9ma est connu pour concentrer de nombreux \u00e9gos. Comment faites-vous pour les g\u00e9rer\u00a0?<\/h3>
Je ne pense pas qu\u2019il y ait plus d\u2019\u00e9gos incroyables \u00e0 g\u00e9rer sur les plateaux de cin\u00e9ma que dans les grandes entreprises avec des cadres occupant des postes tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9s, des grands patrons. Ou m\u00eame dans le cas des sportifs de haut niveau. On entend souvent des coaches de football parler des \u00e9gos des joueurs qu\u2019ils doivent g\u00e9rer comme des artistes, avec toute la fragilit\u00e9 que cela comprend.<\/p>
Je n\u2019ai pas particuli\u00e8rement de probl\u00e8me avec la gestion des \u00e9gos car je pense que tout le monde a un \u00e9go et la grande force des artistes et des acteurs c\u2019est d\u2019assumer qu\u2019ils ont de l\u2019\u00e9go. Le probl\u00e8me n\u2019est pas d\u2019avoir de l\u2019\u00e9go, il faut juste qu\u2019il soit plac\u00e9 au bon endroit.<\/strong><\/p>Comment travaillez-vous en amont de vos films, sur la partie documentation pour rendre les personnages et les situations aussi r\u00e9alistes\u00a0?<\/h3>
Il est tr\u00e8s important pour moi de rendre compte le plus justement possible de toutes les histoires. Pour les histoires personnelles, les relations hommes-femmes je vais convoquer ma propre exp\u00e9rience. Mais quand je vais mettre en sc\u00e8ne des cadres d\u2019entreprise, il va falloir que je rende compte le plus pr\u00e9cis\u00e9ment de ce qu\u2019il se passe. Je ne veux pas fonctionner avec des a priori, m\u00eame si nous en avons tous.<\/strong><\/p>Je rencontre des gens ayant v\u00e9cu des choses qui ont \u00e0 voir avec ce que je veux raconter, en tout cas l\u2019endroit du monde sur lequel je veux m\u2019attarder. \u00c0 ce moment-l\u00e0, il n\u2019y a pas encore d\u2019histoire.<\/p>
Pour mon dernier long m\u00e9trage, Un autre monde<\/em>, j\u2019ai vite remarqu\u00e9 qu\u2019il n\u2019\u00e9tait pas toujours syst\u00e9matiquement ais\u00e9 pour les cadres de porter certaines injonctions de l\u2019entreprise.<\/p>Pour fabriquer mes films, je vais au-del\u00e0 de l\u2019a priori de ce qui me semble lisse et je m\u2019arrange alors pour rencontrer des gens qui vont me raconter leur exp\u00e9rience personnelle.<\/p>
Et ce qui est int\u00e9ressant, c\u2019est qu\u2019au bout d\u2019un moment, il y a une vraie coh\u00e9rence du r\u00e9cit. Nous avons le sentiment, avec mon cosc\u00e9nariste, que les m\u00e9canismes \u00e0 l\u2019\u0153uvre sont toujours les m\u00eames, quels que soient les types d\u2019entreprises. C\u2019est \u00e0 partir de cette mati\u00e8re que nous commen\u00e7ons \u00e0 construire la fiction.<\/p>
Le syndrome de l\u2019imposteur est tr\u00e8s pr\u00e9sent dans le film Un autre monde<\/em>. Comment s\u2019est-il fait une place aussi centrale\u00a0?<\/h3>Certes, il est tr\u00e8s pr\u00e9sent mais je pense que c\u2019est la chose la plus partag\u00e9e au monde. Et quand vous avez la chance d\u2019\u00e9changer avec des personnes \u00e0 des niveaux de responsabilit\u00e9s, de visibilit\u00e9 ou de starification hallucinants, dans l\u2019intimit\u00e9, elles vous disent\u00a0: \u00ab\u00a0Si les gens savaient \u00e0 quel point je vis au quotidien avec un sentiment d\u2019imposture et d\u2019ill\u00e9gitimit\u00e9\u00a0\u00bb.<\/em><\/p>Je ne l\u2019aurais pas cru quand j\u2019\u00e9tais jeune. Comme je venais d\u2019un milieu modeste, je trimballais \u00e7a en bandouli\u00e8re et je pensais que c\u2019\u00e9tait juste mon histoire \u00e0 moi. Le temps passant, ce qui est tr\u00e8s rassurant, c\u2019est de voir que le syndrome de l\u2019imposteur est un sentiment tr\u00e8s courant et partag\u00e9.<\/strong><\/p>Dans le cas du film Un autre monde,<\/em>\u00a0je suis cet homme qui ram\u00e8ne ses doutes \u00e0 la maison, qui envahit son espace personnel avec son espace professionnel. Ce sont des probl\u00e9matiques qui se d\u00e9roulent sur des ann\u00e9es et des ann\u00e9es. Je ne suis pas moins, pas plus que cet homme-l\u00e0, je me trouve compl\u00e8tement dans cette probl\u00e9matique.<\/p>Vous travaillez beaucoup avec les m\u00eames personnes, que ce soit votre cosc\u00e9nariste, Oliver Gorce, ou Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain.\u00a0Est-ce un mode de fonctionnement qui vous rassure\u00a0?<\/h3>
J\u2019ai fait cinq films avec Vincent Lindon. Ce que je trouve int\u00e9ressant, c\u2019est de pouvoir \u00e9voluer ensemble. De ne pas reproduire la m\u00eame chose syst\u00e9matiquement. En tout cas, j\u2019ai la faiblesse de penser que nous progressons conjointement \u00e0 chacune de nos collaborations.<\/p>
La cr\u00e9ation du film Un autre monde<\/em>\u00a0n\u2019a \u00e9t\u00e9 possible que parce que nous avons fait l\u2019exp\u00e9rience Du pr\u00e9c\u00e9dent, En guerre<\/em>. Lequel n\u2019existe que parce qu\u2019il y a eu La Loi du march\u00e9\u00a0<\/em>avant, etc.<\/p>L\u2019essentiel est de mettre l\u2019affect au bon endroit. Nous nous disons avec Vincent que nous ne nous devons rien, sauf la politesse, la franchise et un minimum d\u2019\u00e9l\u00e9gance. Si nous travaillons ensemble, c\u2019est parce que nous en avons envie. Cela fait sens pour chacun de nous deux, mais je ne lui impose pas d\u2019accepter ce que je lui propose.<\/p>
Pour mon long m\u00e9trage Une vie<\/em>, adaptation du roman de Guy de Maupassant, Vincent Lindon \u00e9tait int\u00e9ress\u00e9 par le r\u00f4le du p\u00e8re. Il est all\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 me demander de passer des essais\u2026 Mais je pensais que ce n\u2019\u00e9tait pas un r\u00f4le pour lui et cela ne nous rendait pas mutuellement service de collaborer dans ce cas-l\u00e0. Je me pose toujours la question de savoir quelle est la meilleure personne au meilleur endroit et au meilleur moment.<\/strong> C\u2019est tr\u00e8s pragmatique. \u00c7a fonctionne parce que chacun est \u00e0 la bonne place, qu\u2019il y a une interaction juste entre acteurs professionnels et non professionnels et que je g\u00e8re tout le monde de la m\u00eame mani\u00e8re<\/strong>, dans la fa\u00e7on de m\u2019adresser \u00e0 eux, par exemple. Il y a une coh\u00e9rence. S\u2019il y avait une diff\u00e9renciation sociale sur le plateau, j\u2019en serais g\u00ean\u00e9.<\/p>Retrouvez l\u2019int\u00e9gralit\u00e9 de l\u2019entretien sur notre podcast :<\/p>